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La bombe démographique
Alors qu’on se croyait à l’abri de cette bombe, qui a déjà explosé dans des pays européens, anéantissant leur croissance, voilà qu’on apprend cette semaine qu’elle est à notre porte. Certes, on savait la population vieillissante. Mais de là à affirmer que, dans 33 ans, la population active serait réduite de 150 000 paires de bras et qu’en 2100, elle baisserait de moitié à 300 000 personnes, il y a lieu de s’inquiéter. Et nos dirigeants avec…
À un moment où les affaires se succèdent, où un scandale en chasse l’autre, allant du «Biscuitgate» à «l’euro loan saga», en passant par le «Sobrihnogate» ou par la controverse entourant la vente de Britam, les dirigeants de la Chambre de commerce et d’industrie (MCCI) sont venus secouer le cocotier. Et rappeler à nos décideurs économiques et politiques des vérités qui font mal à entendre.
Le constat est, pour le moins, saisissant. Face à un faible taux de natalité (1,3 enfant par couple contre 2,3 enfants nécessaires au maintien de la population à son niveau actuel), la population décroîtra à partir de 2030 pour chuter à 800 000 d’ici 2100 si des mesures correctives ne sont pas prises.
Celles-ci se situent à deux niveaux : premièrement, inciter les couples à faire plus d’enfants, donc plus de bras pour soutenir la croissance économique à long terme et, deuxièmement, ouvrir la porte à l’immigration professionnelle.
La première option comporte des considérations financières pour les familles : plus de 100,000 foyers perçoivent un revenu mensuel inférieur à Rs 25,000. Pour ces familles, plus d’enfants entraînerait des dépenses additionnelles qu’elles ne sont pas, hélas, prêtes à encourir.
Dès lors, c’est l’ouverture du pays à une immigration sélective que privilégie la MCCI. La posture de celle-ci est éminemment simple. Elle consiste à ouvrir l’économie aux compétences étrangères dans des créneaux économiques pointus, susceptibles de positionner le pays dans des créneaux correspondants à son nouveau palier de développement.
Face à la problématique démographique, l’immigration professionnelle n’est, certes, pas une solution miracle. Elle est à double tranchant car les implications sociétales peuvent être désastreuses si l’immigration n’est pas bien maîtrisée.
Sir Anerood Jugnauth, lui-même, alors qu’il était à la tête de ce pays pendant 14 ans, s’était montré inflexible sur cette question. Il avait notamment combattu l’idée d’accorder des concessions fiscales aux Mauriciens qui auraient souhaité revenir au pays après avoir fait fortune en Australie, au Canada et en Europe, suivant la vague d’émigration des années 70. Il craignait que l’arrivée en masse de la diaspora mauricienne ne restreigne l’espace économique de la population en faisant grimper le prix des terrains ou en fermant la porte des entreprises privées aux jeunes diplômés dont les parents auraient, pour leur part, fait le pari de rester au pays.
On ne sait pas si son point de vue sur la question a évolué. En revanche, son gouvernement s’est montré plus progressiste en faisant sauter des verrous. Même si la grande vague migratoire de la diaspora mauricienne n’a pas eu lieu, y a eu néanmoins 112 familles se sont prévalu de ces avantages.
Entre-temps, des pays comme Dubaï et Singapour ont adopté ce modèle économique pour contourner leurs faiblesses structurelles. À Singapour, les étrangers représentent 38% de la population, alors qu’à Dubaï, ils sont en majorité, les citoyens ne comptant que 10% de la population.
La bombe démographique s’imposera-t-elle comme une évidence aux dirigeants les contraignant à changer d’orientation économique ? Réponse en 2030…
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