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L’actualité de l’éducation: les vraies questions !

30 mai 2017, 07:10

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Au milieu des discussions qui se tiennent ces jours-ci autour du paiement des frais d’examens du SC et du HSC sur le critère d’absentéisme à l’école, je crois nécessaire de m’élever au-dessus du tintouin moral ou légal et de reconnaître que Madame la ministre a bien raison.

La situation est plutôt claire. Sans remonter à ce qui se serait dit sur les caisses à savon, Lepep annonce la «réintroduction de 100 % de subventions sur les frais d’examens du SC et du HSC pour tous les élèves sans distinction» à la page 23 de son manifeste électoral de novembre 2014. Lepep est élu. Souhaitant régler le problème d’absentéisme à l’école, à la faveur de cette générosité consentie sur les frais d’examens, le gouvernement, dès mai 2015, spécifie les conditions (modifiées) de la mise en place de ce programme. À lire la ministre Dookhun-Luchoomun («l’express dimanche» du 28 mai), les parents signent même tous finalement un engagement de payer les frais d’examens s’il y a plus de 15 jours d’absence. Je suppose que des certificats médicaux authentiques pouvaient couvrir les cas de maladie réelle ? Comment est-ce qu’un parent qui signe cet engagement peut se défiler au moment où le critère de présence est rompu et exiger que le certificat (le produit de l’examen concerné) lui soit quand même dû ?

Que Lepep ait remplacé une offre sans condition par une offre conditionnelle (qui a du mérite !) demande peut- être, pour certains, sanction aux urnes, je le concède. Mais il faut quand même rappeler que les conditions acceptées et signées ont été respectées par 92 % des parents d’élèves et que céder à ce stade aux 8 % est une façon de cracher à la figure des 92 %, ce qui créerait un précédent pouvant mener à l’anarchie dans d’autres situations !

Qu’il y ait des familles sans les moyens, je comprends et Madame la ministre invite alors à voir la sécurité sociale. Mais, au nom de la discipline, elle a raison d’insister ! D’ailleurs, je vous pose le problème autrement : si ces 100 % de subventions aux frais d’examens n’avaient PAS été réintroduites, qu’aurait été la position des familles concernées, absentéisme de 15 jours ou pas ? Pas d’examens ?

Autre contentieux : la révision des critères d’admission en HSC. Résumons : en 2011, le ministre Bunwaree, avec l’objectif probable de maximiser la fourniture des clients aux universités qui se mettaient alors en place sous la cravache du ministre Jeetah, réduit les critères d’admission de cinq «credits» pour le SC à trois. Le débat alors était celui du choix entre la démocratisation de l’accès à l’éducation et la qualité de l’éducation qui en résulterait. Six ans plus tard, on renverse la décision et le débat est toujours le même, seulement inversé ! Comment faire un choix entre trois et cinq ? Pourquoi pas quatre «credits» ou… un seul.

Je reconnais qu’il y a des «late developers». Je suis de ceux qui, de toute façon, ne croient pas en l’ABSOLU critère des diplômes, même si c’est diablement utile, en général, surtout quand la crédibilité de l’institution allouant la certification est reconnue. Un MSc d’EIILM ne vaut certes pas un MSc de l’Imperial College de Londres, par exemple. Mais reconnaissons, par ailleurs, des citoyens sans diplôme qui sont infiniment plus créatifs ou efficaces ou qui ont même plus de connaissances pures que des gens bardés de diplômes ! D’autant que ces derniers se contentent seulement de leurs diplômes encadrés, perdent leur curiosité intellectuelle, mettent leurs pouces sous leurs aisselles et croient que tout leur est désormais dû ! Ils sont plus nombreux qu’on ne le croit !

Il manque une statistique importante à ce débat de sourds : combien d’élèves avec trois ou quatre «credits» en SC ont, depuis 2011, réussi en HSC, puis passé un diplôme universitaire de bonne qualité, plutôt qu’un «dégré kraz-krazé», troisième classe, qui ne bonifie personne et les rend à peine employables ?

Ce chiffre a-t-il été consulté par Madame la ministre avant sa prise de décision ?