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Quand Trump hypothèque notre avenir

3 juin 2017, 07:26

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Quand Trump hypothèque notre avenir

Alors que les résultats, État par État, tombaient en ce sombre soir de novembre 2016 sur ces écrans géants d’un pub irlandais, aux abords du Capitol Hill, on redoutait déjà le pire. Chacun d’entre nous pour différentes raisons. Pour moi, ayant été, quelque peu, impliqué (dans une vie antérieure) dans la recherche scientifique autour de la complexe question du changement climatique (certainement l’une des plus importantes questions de notre civilisation en ce 21e siècle) – et de son impact sur le développement des petits États insulaires, comme Maurice et les îles voisines du sud-ouest de l’océan Indien, je voyais surtout en Donald Trump un climato-sceptique ou un écolophobe dangereux.

Dangereux car c’est un homme qui rejetait la science et des faits mis en avant par des chercheurs du monde entier. Dangereux aussi car cet homme grossier et inculte pouvait influer sur notre destin mauricien, comme un genre d’effet papillon (concept inventé par le météorologue Edward Lorenz). Un tweet de Washington, DC, peut agiter les eaux et submerger les côtes de l’océan Indien…

Aujourd’hui, avec le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris (COP 21) sur le climat, le battement d’ailes de l’administration Trump provoque un véritable tsunami sur la scène internationale. De l’Europe à la Chine, en passant par l’Inde et le Canada, la condamnation est généralisée. Sur son propre sol, quelque 70 % des Américains désavouent Trump. Plus d’une soixantaine de grosses sociétés, à l’instar d’Unilever, Nike, DuPont, Schneider Electric, Intel Corporation, eBay, L’Oréal, Virgin, ainsi que des petites et moyennes entreprises venant de 35 États ont décidé de ne pas rester les bras croisés. Ils sensibilisent leurs clients et partenaires sur le danger que ferait courir à «la prospérité américaine» le fait de renoncer à «mettre en place une économie bas carbone» : «nous nous engageons à faire notre part, pour remplir l’objectif de Paris d’une économie mondiale limitant le réchauffement bien en deçà de 2 °C»

À vrai dire, dans ce monde interconnecté, personne ne comprend comment les États-Unis peuvent faire cavalier seul et s’en foutre des conséquences, alors que le pays de l’oncle Sam est la deuxième puissance la plus pollueuse du monde. La Chine, premier pollueur, devient ainsi le nouveau leader du monde moderne !

Trump, pour sa part, confirme qu’il n’écoute que son ego (même plus sa fille!). Il va, cette fois-ci, plus loin dans sa politique isolationniste en affirmant privilégier ses électeurs de Pittsburg sur le reste de la planète. Avant de succéder à Barack Obama, Trump avait provoqué l’effroi en tweetant que le «concept de réchauffement climatique [avait] été créé par et pour les Chinois afin de rendre l’industrie américaine non compétitive» ! Ce qui avait profondément choqué la quasi-totalité de la communauté scientifique se penchant sur le climat.

Le 45e président des États-Unis vient ainsi modifier la donne climatique au grand désarroi d’une majorité d’Américains – qui ont saisi la portée de la politique prônée par Barack Obama, qui avait, par décret présidentiel, signé l’accord de Paris en 2015, et qui a encouragé la création d’emplois dans les énergies renouvelables.

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Plusieurs études initiées aux États-Unis, en Europe et en Asie confirment que le réchauffement climatique augmente les risques liés aux catastrophes naturelles. Depuis les années 1970, les premières études sur le climat évoquaient la fonte des glaciers, le réchauffement des océans et le rehaussement du niveau de la mer. La création du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), en 1988, est venue confirmer et élargir le champ des connaissances.

Dans un rapport datant de 2014, le GIEC souligne que le réchauffement climatique est «sans équivoque». Dès lors, la responsabilité de l’homme dans ces dérèglements, en raison des émissions de gaz à effet de serre, a été clairement établie. Récemment, l’Organisation météorologique mondiale a décrété que 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis les premiers relevés en 1880, avec une température moyenne supérieure de 1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle. «La température de la surface de la mer (…) a été la plus élevée constatée», commente l’OMM. Depuis le début du 20e siècle, le niveau de la mer s’est élevé de… 20 cm. Ce phénomène semble vouloir s’accélérer, alertant plusieurs États insulaires, dont les îles Fidji – qui assumeront prochainement la présidence de la Cop 23.

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Que se passera-t-il maintenant ? C’est clair que Trump seul ne pourra pas freiner les progrès réalisés et la volonté de ses compatriotes de continuer sur la route tracée par l’Accord de Paris. Mais le retrait des States signifie qu’il y a aura un gros problème de financement à régler. Mais il y a unanimité dans les milieux scientifiques qu’il faudrait redoubler d’efforts afin de combattre les formes d’obscurantisme et d’aveuglement, comme celles démontrées par l’administration Trump. Mais pour beaucoup, le plus grave, c’est la relance de l’industrie du charbon et des énergies fossiles. Avec 14 % des émissions de CO2, les États-Unis vont mettre à mal la stratégie globale pour rester en dessous des 2 degrés prévus dans l’Accord de Paris… Tout ça à cause d’un inculte qu’on a placé à la Maison Blanche et qui devient, lentement mais sûrement, la risée du monde entier…