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Poussée inflationniste
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Poussée inflationniste
Alors qu’on croyait le pays à l’abri des risques inflationnistes à moyen et long termes, Statistics Mauritius est venu nous rappeler un fait brutal : les chiffres témoignent que le danger est bien réel.
En trois mois, soit de mai à juin 2017, l’inflation en glissement annuel a littéralement explosé à plus de 120 % passant de 2,9 % à 6,4 % respectivement. Entre mai et juin, cet indicateur a grimpé de 0,5 point. Les spécialistes ont vite fait le lien entre cette poussée inflationniste et les augmentations des droits d’accises sur le tabac (10 %) et l’alcool (5 %) intervenues lors du récent exercice budgétaire du mois dernier, deux items qui pèsent lourd dans la corbeille ménagère.
Sans doute, ils n’ont pas totalement tort, car les statistiques officielles montrent qu’effectivement l’indice des prix à la consommation sur ces deux produits a pris l’ascenseur durant cette période, (+5,7 %). Faut-il, pour autant, se limiter à cette hausse ponctuelle ou élargir la réflexion pour rappeler que la tendance haussière de l’inflation ne date pas d’hier ?
D’ores et déjà, les effets de cette hausse étaient perceptibles. À l’issue de la dernière réunion du comité sur la politique monétaire (MPC), la Banque de Maurice avait tiré la sonnette d’alarme : « l’inflation dans les économies développées sera appelée à grimper, culminant à 2 % en 2017, contre 0,8 % l’année dernière, en raison de l’augmentation des prix des produits énergétiques et d’une baisse de production. Dans les pays émergents, elle atteindra 4,7 % en 2017 contre 4,4 % en 2016 ». À Maurice, en revanche, la Banque centrale considérait, à l’époque, les pressions inflationnistes comme étant apaisées… Est-ce une mauvaise appréciation d’un phénomène qui gagne aujourd’hui du terrain? La Banque centrale se chargera de répondre à cette question lors de la prochaine réunion du comité le 6 septembre prochain. Entre-temps, les projecteurs seront braqués sur la BOM Tower avec les économistes et autres observateurs cherchant à décrypter la démarche des membres du MPC.
Face aux risques inflationnistes, la tendance sera forte de serrer la vis pour rendre le loyer de l’argent plus cher et restreindre les dépenses à la consommation, alors même que le gouvernement a pris récemment un certain nombre de mesures budgétaires, notamment l’introduction d’une taxe négative, pour relancer la croissance à travers la consommation.
Or, tous les spécialistes s’accordent à dire, le patron de la Banque centrale en premier lieu, que le recours au taux directeur pour relancer la croissance ou pour combattre l’inflation n’est pas une option économique qui tient la route. Dans bien des cas, la politique monétaire a montré ses limites.
Sans doute, ces deux objectifs sont difficilement conciliables et répondent aux intérêts divergents des différents partenaires sociaux. D’ailleurs, on n’est pas prêt d’oublier dans un passé récent la confrontation quasi permanente croissance/inflation entre la Banque de Maurice sous Rundheersing Bheenick et le ministère des Finances sous Xavier-Luc Duval. Ils regardaient dans des directions opposées, polémiquant à longueur de semaine et soucieux de défendre les intérêts de leurs institutions. Au final, c’est l’économie qui avait été fortement fragilisée. Entre-temps, les locataires ont changé. Mais le spectre de l’inflation est de retour.
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