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À votre bon jugement…
Ce qui suit n’est pas une tentative de généralisation. Au contraire, nous voulons séparer les bons grains majoritaires de l’ivraie minoritaire. Car, des fois, il est quasi-impossible de défendre l’indéfendable… Jugez-en par vous-mêmes.
Une avocate-parlementaire qui donne une véritable conférence à 37 prisonniers simultanément, on aurait pu croire que c’est du social. D’autres, qui reçoivent des appels de la prison sans savoir à qui ils parlent durant de longues minutes, c’est sûrement davantage de l’insouciance qu’un prétexte bidon. Un avocat qui prend ses instructions d’un clerc de son bureau, cela doit être un avocat qui n’a que la toge. Un autre qui reçoit de l’argent régulièrement d’un caïd, apparemment, sans qu’il en soit au courant, c’est peut-être parce qu’il ne s’intéresse pas au fric, ni à son compte en banque. Une autre qui se venge, messages coquins à l’appui, sur son ancien mentor, c’est une histoire privée qui a sans doute mal fini. Plusieurs autres qui vont récupérer un sac d’argent, en pleine campagne électorale, chez une proche du parrain Peroomal Veeren, c’est une levée de fonds disons un peu privée. Et le Bar Council qui reste silencieux, ce n’est pas par reflexe corporatiste, c’est l’éthique (figée dans un code ?) qui les empêche de commenter une affaire en cour – sub judice, nous expliquent-ils, avec sérieux et conviction…
Vraiment ?!
Les récits émanant de la commission Lam Shang Leen sont invraisemblables.
Certes, c’est une commission d’enquête, pas un tribunal. Certes, le rapport n’est pas prêt et l’enquête suit toujours son cours. Certes, tous les avocats de Peroomal Veeren ne sont pas des truands. Certes, la majorité des avocats sont des hommes et des femmes respectables et droits, passionnés par leur métier, adeptes du in forma pauperis et allergiques à l’argent facile ou sale. Certes, personne n’a encore été reconnu coupable et il faut se garder de tirer des conclusions trop hâtives…
Mais à les entendre, ces avocats, tantôt larmoyants, tantôt sous le choc, face au juge Lam Shang Leen, je me fais vraiment du souci. Si ces avocats donnent l’impression qu’ils ne peuvent pas se défendre eux-mêmes, comment peuvent-ils prétendre défendre les accusés ? Et tous ces autres avocats «clean», s’ils ne dénoncent pas les brebis galeuses de leur profession – il y en a dans toutes les professions, y compris dans la presse – ils vont laisser se propager cette dangereuse gangrène, qui ne fait pas honneur au pays. Ce ne sont pas les méthodes de Lam Shang Leen dont il nous faut débattre. Il s’agit plutôt de discuter de ces méthodes indignes qui nous prouvent au moins une chose : il est temps de revoir le code d’éthique des hommes de loi de ce pays.
Autre mythe qu’on entend et qu’il nous faut casser. Ce n’est pas parce que Mes Raouf Gulbul, Roubina Jadoo-Jaunbocus et Sanjeev Teeluckdharry sont au banc des accusés (pas coupables) que la commission Lam Shang Leen serait anti-MSM. On a posé la question au Deputy Speaker (lire en page 8). Celui qui a essayé, en vain, de freiner l’élan de la commission, en faisant appel à la Cour suprême, répond ceci : «Je laisse le soin au public de tirer sa propre conclusion.» Donc, au lieu de défendre le bien-fondé de cette commission, mise sur pied par nul autre que le MSM, Me Teeluckdharry laisse planer un doute malsain.
Pourtant, ce combat contre la drogue aurait dû être l’affaire de tous les patriotes, surtout si on a choisi le droit. C’est une occasion inespérée de passer un coup de balai. Dans ce combat crucial, il ne faut pas que Paul Lam Shang Leen, ses assesseurs et son équipe se sentent isolés. Au contraire, on devrait les soutenir. Car la lutte contre la mafia passe par l’éducation et, pour l’instant, les défilés d’avocats devant la commission sont instructifs, pour dire le moins…
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