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Moto, chaîne en or, portable

22 juillet 2017, 09:25

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Étudiante, hôtesse de l’air, employée de bureau, ouvrière, simple passante, femmes seniors… Personne n’échappe aux Mad Max version mauricienne, ces lâches voleurs exploitant la faiblesse des femmes contrairement à leurs semblables Australiens, ces fous furieux sévissant sur le goudron.

Partout à Maurice, les attaques se suivent et se ressemblent, la plupart des incidents s’articulant sur trois éléments-clés : moto, chaîne en or et portable. Les victimes se classent en plusieurs catégories. Si c’est une jeune femme «bien», le butin est conséquent car le sac contiendra un smartphone, une bonne petite somme d’argent et d’autres articles.

Si c’est une senior qui s’attache fermement aux traditions et croule littéralement sous des colliers en or, c’est le jackpot. Une senior plus modeste portera quand même un collier en or bien que le sac ne produira qu’une toute petite somme d’argent, une carte d’identité et un bus pass pour le transport gratuit.

D’après ce que rapportent les médias, les assaillants ont presque 100 % de réussite. La raison ? On n’a pas encore répertorié le moindre cas où une jeune fille ou même une nani n’ait utilisé son sac à main pour infliger un rude coup au visage du conducteur de la moto car ils ne portent pas tous un masque intégral.

Les victimes ne sont pas toutes du sexe féminin. Un fonctionnaire mâle qui regagne sa voiture stationnée dans une ruelle risque toujours de se voir subtiliser son portable s’il est en pleine conversation téléphonique. Un petit employé de firme privée qui part à la gare du Nord ou à la place Victoria s’expose à une attaque semblable venant de deux hommes qui descendent d’une moto armés de cutter et qui repartent avec portable, porte-monnaie, montre, sac de travail même.

Maurice a hérité de cet attrait marquant de la culture française qu’on appelle joie de vivre mais les pauvres victimes, y compris les nanis qui ont connu une autre île Maurice où on pouvait fièrement exhiber ses colliers sertis de «souverains» («girnis») à l’effigie des royaux britanniques, sortent traumatisées de cette expérience. Et maudissent sûrement ceux qui utilisent le slogan «Maurice, c’est un plaisir».

Pourtant, les solutions à ces problèmes existent bel et bien. Il suffit tout simplement d’utiliser savamment les technologies de l’information et de la communication (TIC). Il y a à peine 20 ans, tout visiteur à Central Park, à New York, s’exposait au même danger que la nani de Triolet. Au Central Park, on risquait d’être mugged en pleine journée. Aujourd’hui, le Central Park est devenu un lieu sûr, même le soir. La police américaine utilise les TIC et ses applications, surtout la reconnaissance faciale, pour mettre hors d’état de nuire les malfrats.

Pour mettre fin aux activités illégales menées à partir des motos, les autorités doivent nécessairement rehausser le système des sanctions légales et surtout utiliser, comme à Dubaï, l’arme ultime qu’est la confiscation du véhicule incriminé pendant toute une année. Pour les portables, la solution est encore plus facile. Chaque portable est unique, muni d’une International Mobile Station Equipment Identity (IMEI).

À Maurice, après un vol, il suffit d’acheter une nouvelle carte SIM ou, dans d’autres cas, faire déverrouiller (unlock) la PUK (personal unlocking key) pour que l’appareil redevienne utilisable. Grace à l’IMEI, il est possible de repérer le voleur. On sait bien que lors des opérations politiques, certaines agences parviennent à localiser un portable par le biais de son IMEI.

L’unique identité d’un téléphone portable – IMEI – ne peut être modifiée que par un opérateur qui procède à ce qu’on appelle un IMEI rebirthing process. Il n’est un secret pour personne que dans un business hautement compétitif, les opérateurs sont intéressés à augmenter le nombre d’abonnés. Toutefois, il est difficile d’imaginer qu’un opérateur mauricien prendrait le risque de mettre en péril sa réputation en recyclant l’IMEI d’un portable volé pour le simple plaisir d’un bandit. Ce dernier pourrait quand même s’acheter une nouvelle carte SIM. Il faudrait que le gouvernement et les opérateurs se mettent d’accord pour désactiver tout appareil volé, son IMEI étant déjà répertoriée.

D’après les spécialistes, sur les 1,8 million de portables en utilisation à Maurice, 1,6 million se trouvent sur une white list et 100 000 à 125 000 sur une liste «grise». La liste noire héberge quelque 50 000 portables. Chaque jour, de nouveaux appareils viennent alimenter les listes noire et grise.

Quant aux chaînes en or, sont-elles recyclées dans nos bijouteries au vu et au su de la police ou exportées à l’étranger par ceux qui importent de la drogue ? Sinon, comment expliquer l’incapacité du gouvernement à mettre fin au recyclage de l’or ? Il existe sûrement un réseau doré aussi bien rodé que celui engagé dans le business de la drogue.