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Notre chemin de faire...

5 août 2017, 07:40

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Mono-rail, métro léger, Metro Express, tram, ou tramway – peu importe au fond. Ce qui compte selon nous : c’est enfin signé, après des décennies à tourner en rond, entre les coûteux et nombreux rapports de consultants, souvent étrangers aux lobbies des autobus et des taxis !

Gardons-nous de hurler avec les loups qui font de l’opposition systématique à tout projet de développement. N’oublions pas qu’hier, certains Mauriciens réactionnaires étaient contre notre autoroute M1, contre notre université de Réduit, contre notre cybercité sur les terres d’Illovo…

Essayons, donc, de dépolitiser ce projet de transport alternatif, le plus gros jamais réalisé en termes financiers à Maurice, un projet qui peut potentiellement changer la face de notre pays – s’il est bien mené !

À notre avis, s’il est un projet qui mérite d’être au-dessus des sensibilités politiques, c’est bien celui autour d’un mode alternatif de transport. Il est essentiel d’insister sur le rôle du «faire», sur notre capacité à organiser, voire ordonner notre pays, alors que le monde se modernise. Même si nous ne sommes souvent pas fiers des politiciens qui nous gouvernent – en raison de leur fâcheuse tendance à tout accaparer pour eux et pour leurs proches, il ne faut pas non plus tomber dans le fatalisme ou l’attentisme. Sans céder ni au pessimisme ni à l’alarmisme, il revient à chacun de prendre en main notre présent et notre avenir, bref, notre destin commun. En exerçant notre vigilance de citoyens critiques.

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Cela fait des décennies que l’on parle d’un mode alternatif de transport. Nos archives nous révèlent que lors du discours du Trône du 23 mars 1976, l’ex-gouverneur général sir Abdool Raman Mahomed Osman avait évoqué le «potential return of the railway industry in Mauritius». Pour rappel, notre chemin de fer a été démantelé – et vendu apparemment en Israël – à la fin de la période coloniale pour cause de… non-rentabilité.

Depuis, tous les gouvernements successifs (de sir Seewoosagur Ramgoolam à Pravind Jugnauth, en passant par Paul Bérenger) se sont penchés sur le dossier du transport alternatif.

Indépendamment du gouvernement en place, l’express, qui va aux élections générales tous les jours, et dont le mandat avec ses lecteurs a commencé en 1963, s’est toujours prononcé en faveur d’un mode alternatif de transport. Nous avons toujours souligné le besoin de placer cette réflexion au-dessus de la mêlée politicienne et au-delà du simple mandat de cinq ans de chaque régime.

En 1995-1996, alors que les Mauriciens étaient échaudés par les troublantes révélations autour des Rs 63 millions de la turbine à gaz du Central Electricity Board, on refusait de cautionner l’inaction pour autant. On insistait pour aller de l’avant avec un nouveau transport en commun. On appelait alors à la circonspection citoyenne pour veiller sur les Rs 4 milliards alors requises. Il nous fallait prendre cette décision majeure,écrivions-nous, d’autant que «la poursuite de notre développement nécessite une série d’investissements tout aussi vitaux, que ce soit dans les infrastructures routières, la productiond’énergie,l’équipement du port et l’aéroport».

On a toujours milité pour un retour – dans la transparence – du chemin de fer, ayant été exposé à l’aménagement urbain bien pensé dans d’autres pays, qui ont compris l’importance de contrôler la pollution. Si l’on peut regretter le parallèle du gouvernement avec le projet des trams d’Édimbourg, livré très en retard, et dont le prix au final a presque doublé, l’on peut tout aussi citer des dizaines d’autres pays qui ont su générer des activités économiques, saines et innovantes, autour de chaque station, devenue un véritable carrefour pour tous. 

Imaginons, par exemple, qu’on donne à la station de Port-Louis un cachet historique et/ou portuaire, qu’on aménage un «culture trail» autour des stations des villes-soeurs, qu’on plante des fleurs partout autour de la station de Quatre-Bornes, qu’on célèbre les différents types de lumière à Curepipe. On pourrait, grâce au retour du chemin de fer, redonner leur identité à nos villes… Le développement durable est une opportunité en ce sens, et il peut nous permettre de repenser ces valeurs qui doivent nécessairement accompagner le progrès.

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Mais les craintes sont bien réelles. La démagogie de Lepep aux dernières élections, en promettant de ranger le projet de métro, est déconcertante. En termes de coût, on a l’impression qu’on nous a balancé un chiffre sans prendre en compte les autres dépensesliées aux aménagements requis. Comme ce projet va impacter sur le porte-monnaie de nos enfants, il est de notre devoir, à tous, de veiller à ce qu’il ne déraille pas. Et de dénoncer toute tentative de népotisme comme on l’a vu pour les biscuits Hanoomanjee à l’aéroport, les frais légaux d’un cousin ou d’une épouse, ou le choix des chefs de station parmi les privilégiés de la circonscription du Premier ministre. Le projet est d’ordre national – et ne doit pas être une vache à lait pour Lepep. 

Gare à vous, messieurs et mesdames. Car ce projet pourrait bien être votre dernière gare...