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Metro Express: le coup de poker de Pravind

9 août 2017, 09:06

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Sans doute, les interrogations vont perdurer longtemps encore sur la rationalité d’introduire un mode de transport alternatif. Aujourd’hui – comme hier et ce depuis une trentaine d’années – que l’option d’un métro léger a été privilégiée, la question fait débat. Si certains cherchent par des mobiles inavoués à fustiger ce mode de transport, d’autres sont unanimes à voir dans le Metro Express une étape importante dans la transformation du système de transport et accessoirement du mode de vie des Mauriciens.

Reconnaissons d’abord la volonté du gouvernement issu des élections de 2014 de porter ce projet à l’étape finale de son exécution en s’y engageant totalement. D’abord auprès d’un pays ami, l’Inde, qui a accepté de débourser sous forme d’une donation Rs 9,9 milliards, et auprès de la population et des «stakeholders» du pays.

Que le projet soit financièrement viable dès la 7e année de son opération si l’on se fie à son «Business Plan», cela se saura le moment venu. Faut-il pour autant se limiter exclusivement à son aspect financier et refuser de voir dans ce projet historique le début d’une transformation physique du pays qui amènera forcément une rupture avec une culture du passé ? Et ce, indépendamment du régime en place ?

Car il existe des projets qui vont de pair avec l’ambition du pays de devenir une économie à revenus élevés, voire une puissance économique régionale. Le Metro Express s’inscrit parfaitement dans cette stratégie, n’en déplaise à certains passéistes qui veulent désespérément s’accrocher à un mode de transport qui a été incapable de se réinventer pour suivre le pas de la modernité.

A priori, personne ne veut la mort des autobus qui seront d’ailleurs utilisés comme des «feeder buses» sur ce couloir pour alimenter en passagers les 18 trains de Metro Express. En même temps, pourquoi priver les voyageurs mauriciens d’un système de transport confortable, qui a fait ses preuves en Europe et en Asie, avec en plus l’aménagement de zones commerciales et de stationnement dans certaines stations ? Sont-ils condamnés à voyager dans des autobus mal entretenus, souvent dans un état piteux, voire crasseux pour certaines lignes et jonchés d’ordures… Sans doute, ne faut-il pas généraliser…

L’histoire récente a démontré que ceux qui ont osé apporter de la nouveauté pour transformer la vie des Mauriciens ont dû batailler dur pour que ces changements soient enfin acceptés et appréciés à leur juste valeur. Ils étaient des visionnaires, en avance sur leur temps. Arrêtons-nous sur trois d’entre eux.

*Roland Maurel avait été traité de fou par des capitalistes réactionnaires de l’époque, quand il avait lancé l’hypermarché Continent, le tout premier hypermarché du pays à Phoenix. Baptisé aujourd’hui Jumbo, cette grande surface a fait figure de pionnier dans le secteur de la grande distribution et a véritablement révolutionné les habitudes des Mauriciens pour ouvrir la voie à des changements majeurs dans les années qui suivirent dans le paysage de la grande distribution.

*L’entrepreneur Ignace Lam avait pris le pari de lancer un supermarché en plein coeur d’Ébène, alors que la région n’était encore que très peu développée. Les premières années d’opération avaient été laborieuses, voire catastrophiques mais, aujourd’hui, Intermart d’Ébène est un des supermarchés les plus fréquentés des Plaines-Wilhems.

*Sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger avaient lancé la cybercité sous un gouvernement MSM-MMM, et avaient fait l’objet des critiques acerbes de l’opposition travailliste. Aujourd’hui, ce haut lieu technologique fait la fierté de Maurice. Le modèle est même exporté en Afrique.

Des exemples il y en a d’autres. Ils démontrent que la nouveauté peine toujours à se faire accepter. Il suffit d’avoir de la détermination, une vision et de se lancer.

Jugnauth fils doit prouver qu’il en a, de la vision. Pour le moment, il s’appuie sur le Metro Express pour marquer son «prime ministership». Comme son père l’avait fait avec la cybercité. C’est une recette politique qui semble marcher chez le MSM.

À bien y voir, le Premier ministre joue son vatout politique avec le Metro Express. S’il réussit la première phase en 2019, et si – cerise sur le gâteau – le projet est adopté par les usagers, il aura un bilan pour le moins positif et bien tangible à présenter aux électeurs et une certaine légitimité pour aller chercher une réélection pour le légitimer en tant que Premier ministre. S’il récolte l’adhésion populaire dans les villes avec ce projet éminemment urbain, l’opposition aura certainement du mouron à se faire.