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Inflation. Les légumes : uppercut aux importations moins chères ?

16 août 2017, 07:53

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Inflation. Les légumes : uppercut aux importations moins chères ?

L’inflation (Year on Year : YoY) pour le mois de juillet 2017 sera de 5,3 %, contre 2,3 % pour le même mois l’an dernier, selon le Fonds monétaire international. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette hausse n’est pas principalement le résultat des hausses de prix des produits pétroliers à la State Trading Corporation (STC) ou de ceux découlant du dernier Budget (cigarettes, alcool). D’autant plus que l’augmentation des prix de l’essence et du diesel à la pompe a été faite le 4 août, alors que l’augmentation des droits d’accises (+ 5,8 %) ne pèse pas assez lourd. Aucun de ces deux items ne peut donc être responsable des 5,3 % d’inflation de juillet 2017(ou de 6,4 % à juin). Même conjointement. Quelle est donc l’explication ? Lisez plutôt…

Ce taux de 5,3 % est d’autant plus surprenant que la partie non contrôlable de l’économie, notamment en ce qui concerne les faits extérieurs à l’île Maurice, a été plutôt rassurante depuis janvier. Certaines tendances avaient, en 2016, fait craindre le pire pour l’économie mauricienne. Par exemple, le dollar américain – principale devise utilisée par le pays pour ses importations – était resté à un niveau extrêmement élevé durant toute l’année calendaire 2016, frôlant et dépassant même Rs 37 à la vente.

À la rentrée, le 3 janvier 2017, le billet américain s’achetait même à Rs 37,159. Puis, lentement mais sûrement, (et contrairement aux marchés boursiers de Wall Street), le dollar cédait sur les marchés internationaux, au fur et à mesure que la planète perdait confiance en Trump. Au 15 août 2017, le dollar pouvait ainsi s’acheter à Rs 34,382, soit 7,5 % moins cher qu’en janvier ! Ce n’est pas une baisse négligeable et elle s’est accélérée depuis que la rhétorique entre Trump et Kim s’est réchauffée de quelques degrés et que l’euro va mieux. Normalement, cette baisse du dollar devrait, toutes choses étant égales, se traduire par une baisse des coûts à l’importation et donc éventuellement à une baisse des prix au détail.

Cela est d’autant plus vrai que l’autre indicateur clé du coût de nos importations, c’est-à-dire le prix des commodités, après un rehaussement général, mais plutôt faible durant 2016, se trouve globalement en chute depuis janvier. Deuxième coup de pot pour l’économie ! (voir Tableau I)

Voir Tableau I

Ainsi, des dix indices de commodités suivis par l’agence internationale Index Mundi, neuf sont en baisse (dans une fourchette de 3,3 % à 14,7 %) par rapport à janvier 2017, seul celui de «nourriture» montrant une hausse faible de 0,53 %. Ce n’est pas rien ! Et comme démontré par le Tableau I, qui se focalise sur des produits particuliers plutôt que des indices composés, les items parmi les plus présents dans le panier de la ménagère ou les plus utilisés à Maurice sont plutôt en baisse sur les marchés mondiaux.

Par ailleurs, au-delà de l’explication de la STC selon laquelle les augmentations de février 2017 – plafonnées, selon les règlements à 10 % – ne suffisaient pas pour éviter un déficit de Rs 216,5 millions entre février et août, il eut été intéressant de voir la situation, bateau par bateau, par rapport aux prix de février 2017. Car une baisse régulière et continuelle a vu le prix du baril (Brent) chuter de 55,49 $ à 46,89 $, ce qui suggère qu’une perte avec un baril à 55,49 $ est probablement maintenant devenue un profit à 46,89 $... ?

L’autre question qui taraude est celle-ci : si le dollar baisse et si les commodités coûtent moins cher depuis janvier, comment expliquer une remontée de l’inflation qui passe, selon Statistics Mauritius, d’un niveau de 110,2 en janvier à 114,6 en mai et (après Budget) à 115,3 en juin ? La Banque centrale ne dit pas différemment, présentant le «YoY CPI Inflation» à 6,4 % à juin et 5,3 % à juillet 2017 ! (voir Tableau II)

Voir Tableau II

L’explication ? C’est principalement dû à la hausse des prix des légumes qui pèsent relativement lourd (42/1000) dans le panier de la ménagère ! Les chiffres de Statistics Mauritius nous le confirment. Cette hausse des prix de légumes, massive, apparaît vers janvier de cette année (voir Tableau II), se maintient à juin et ne disparaît qu’en juillet, avec la première baisse de l’année, de 1,3 point. Entre janvier et juin, par contre, le Consumer Price Index (CPI) grimpe cumulativement de 5,1 points, dont 3,3 points – soit 2/3 – sont dus aux seuls légumes.

Quand on vous disait, depuis le temps, qu’il fallait mettre quelques légumes en terre ! Ce qui aurait, d’ailleurs, eu l’autre avantage de vous permettre de contrôler le taux de pesticides que vous trouveriez acceptable – en attendant une éventuelle prise en main (?) du ministère de l’agriculture !