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Au pays des merveilles

27 août 2017, 07:24

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«Emmenez-moi

Au bout de la terre

Emmenez-moi

Au pays des merveilles

Il me semble que la misère

Serait moins pénible au soleil…»

Cet extrait d’un texte de Charles Aznavour pourrait quelque peu résumer la quête de tout un chacun, tout au long d’une vie. À la poursuite du bonheur, loin de la misère. Mais sous le soleil qui brille, chacun ne trouve pas forcément son bonheur et la charge quotidienne demeure pénible. Certains restent exclus dans l’ombre. Il y a alors des marchands de rêves qui descendent dans les circonscriptions et vous font croire aux miracles de changement, de come-back. Ils contribuent durablement à détruire les principes de la République, à nous «décérébrer» avec la MBC et le Government Information Service, sous prétexte de nous protéger d’une presse malveillante, déloyale. Hélas, beaucoup (même s’ils sont de moins en moins, grâce à l’ouverture sur le monde) cèdent aux sirènes et suivent aveuglément, sans exercer un esprit civique et critique. Ils pensent qu’on les emmène au pays des merveilles et qu’eux aussi vont finir par réussir comme Rakesh Gooljaury dans les affaires. 

C’est en travaillant d’arrache-pied, avec la rage au ventre et du talent à en revendre, qu’Aznavour a décroché, cette semaine à l’âge de 93 ans, son étoile sur le clinquant Walk of Fame de Hollywood Boulevard. Celui qui se sent californien, français et arménien a connu le génocide – ses parents ont été massacrés, en raison de leur origine arménienne. Connu sur la base de données biométriques comme Shahnourh Varinag Aznavourian, Aznavour est parmi les chanteurs (de variété) les plus importants du XXe siècle : quelque 180 millions de disques au compteur, il est aussi l’auteur de 1 300 chansons dans de multiples langues.

Pour parapher Aznavour, il semblerait que «le bonheur colle à la peau» des Mauriciens. Du moins c’est ce que disent des touristes qui reviennent nous voir dans notre pays. Ont-ils le regard trop superficiel ? Ou estce plutôt en raison de leur période si courte au pays, souvent dans des cocons dorés ou presque ? Chacun sa perspective. Quant à nous, nous avons surtout ce mauvais feeling qu’on est constamment sur un sentier de guerre face à un gouvernement qui zigzague, qui ne comprend pas le rôle de la presse libre, et qui aujourd’hui, dans un sursaut de bon sens, semble vouloir tendre la main...

Devrions-nous la saisir ? Pas si sûr.

Un pouvoir et un contre-pouvoir qui se toisent. C’est normal. C’est sain. C’est démocratique. Cela est potentiellement productif si tant que ceux qui sont payés par les sous des contribuables daignent bien écouter. Nous l’avons dit à plusieurs reprises : il y a énormément de convergences possibles entre le pouvoir et un contre-pouvoir, surtout à l’approche des 50 ans de l’Indépendance, si tant qu’on veuille bien faire une introspection clinique : débats sur le besoin d’un toilettage de la Constitution pour éliminer le communalisme, qui y a été savamment distillé pour soi-disant nous garder stables à l’époque coloniale, mais qui aujourd’hui nous étouffe et nous empêche de grandir, de sortir des couches, souvent sales…

Ensemble comme pays, il nous faut plus de transparence et vaincre cette culture du secret et du tabou – pour cela, il faut une réforme électorale afin que les dés ne soient plus pipés, une Freedom of Information Act, une culture de vraie communication, une libéralisation complète des ondes (en finir avec cette MBC moribonde), une loi moderne sur le financement politique, une sensibilisation tous azimuts sur le besoin de faire progresser la productivité nationale (au port comme partout ailleurs). Il faut regarder du côté de l’Angola et faire tout le contraire ou presque…

***

Au pays d’Alvaro Sobrinho, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) demeure solidement au pouvoir depuis l’Indépendance en 1975. Même s’il ne se représente pas, le président José Eduardo dos Santos conserve la tête du MPLA. Il a décidé de céder la place à son ministre de la Défense, Joao Lourenço. Mais tout le monde sait que dos Santos va tirer les ficelles. Tous les secteurs stratégiques du pays sont sous son emprise : hydrocarbures, haute finance, agriculture, médias…