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Something is rotten...

20 septembre 2017, 10:50

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Something is rotten...

En annonçant la date de la partielle au n°18 (Belle-Rose–Quatre-Bornes) fixée au 17 décembre prochain, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a fait qu’actionner la gâchette qui risque de plonger le pays dans une longue période d’instabilité économique et politique. Certes, il ne pouvait laisser durer indéfiniment l’incertitude de la population, des partis politiques prêts à affronter une nouvelle bataille électorale mais plus particulièrement des 42 052 électeurs de cette circonscription.

Sans doute, Jugnauth fils mesure bien la portée politique de ce scrutin. D’abord pour lui-même, lui qui cherche toujours une légitimité à son poste premier ministériel, et ensuite pour ce qui reste de son gouvernement de l’alliance Lepep à mi-mandat. Si, selon toute probabilité, son parti n’alignera pas de candidat, il n’en reste pas moins que ses principaux lieutenants et ses «spin doctors» seront sur le terrain, de loin ou de près, pour défendre son bilan.

Or, c’est là où le bât blesse. Hormis les scandales qui émaillent le parcours du gouvernement Lepep, le seul projet apparemment solide de Pravind Jugnauth sera lancé à la fin de ce mois et ne sera opérationnel qu’en septembre 2019, si le calendrier des travaux est respecté. Il s’agit d u Metro Express sur lequel il peut espérer s’appuyer pour réclamer un vote de confiance pour un second mandat politique.

Entre-temps, il offre l’image d’un Premier ministre dépassé par les événements, incapable d’instaurer la discipline au sein de son gouvernement et contraint de naviguer à vue face à une succession d’affaires et d’agissements douteux de certains de ses ministres (Lutchmeenaraidoo, Soodhun, Yerrigadoo, etc.).

Aujourd’hui, il y a des signes qui ne trompent pas.

Quand des ministres sont obligés de fuir Barkly face à la colère de ses habitants ; quand une jeune femme, Nirmala Marathamuthu, ose dire ses quatre vérités au n°3 du gouvernement, devenant en quelque sorte le symbole d’une population désillusionnée et révoltée face aux promesses mirobolantes de l’Alliance Lepep pour des lendemains meilleurs en 2014, c’est que quelque part dans le bâtiment du Trésor, «something is rotten».

Jugnauth a, certes, le droit de multiplier ses sorties dans sa circonscription de Moka–Quartier- Militaire ou d’assurer une présence à certaines fêtes religieuses, faut-il pour autant rappeler qu’il détient également le portefeuille de ministre des Finances et qu’à ce titre il doit s’impliquer totalement dans la gestion économique du pays et répondre aux attentes des opérateurs. On ne finira pas de répéter que le poste de grand argentier est un job à plein temps et que soit on y est, soit on n’y est pas. Or, depuis le dernier exercice budgétaire, les opérateurs s’interrogent sur les priorités économiques de ce gouvernement. Et se demandent s’il y a une réflexion stratégique sur les grands enjeux économiques et sociaux du pays. Il ne suffit pas d’annoncer des mégaprojets et de nouvelles structures comme l’Economic Development Board quand on se retrouve avec les mêmes têtes depuis 30 ans, qui agissent en véritables potentats à des postes économiquement influents au sein des gouvernements qui se sont succédé depuis plus d’un quart de siècle à la tête de ce pays.

En même temps, l’incohérence de la politique économique peut rendre perplexes certains opérateurs alors que d’autres peuvent trouver des raisons pour se réjouir. La récente décision du Monetary Policy Committee (MPC) de baisser drastiquement le taux Repo par 50 points de base reste largement contestable et incomprise par les spécialistes financiers. Elle signifie ni plus ni moins qu’un mauvais signal lancé à la santé économique du pays.

Face à un gouvernement fissuré, fragilisé par des crises intestines de tout ordre, la tentation qu’il cède facilement aux lobbies et autres moyens de pression est visiblement forte. Le soulèvement populaire à Barkly et à La Butte, couplé aux revendications corporatistes de Business Mauritius et de la MEXA, en est une parfaite illustration.

Une situation qui risque malheureusement de perdurer face à l’impopularité grandissante d’un régime qui sera appelé à colmater les brèches en fin de mandat.