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Entre Sundanum et Sobrinho…

14 octobre 2017, 07:43

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Hier, dans les rues de Port-Louis, je tombe sur des manifestants qui cachent leur visage derrière des pancartes. Parmi eux, deux vieilles dames, au sourire sympathique, qui manifestement ne comprennent pas pourquoi elles manifestent contre les groupes La Sentinelle et Le Mauricien. Après les avoir saluées, je leur pose la question : «Pourquoi ?»

«Bann-la inn dir nou vinn trap sa bann pankart-la. Nou pa tro konpran kifer. Nou pa lir zournal pou dir ou fransman.»

Je leur explique alors que je suis journaliste pour le groupe La Sentinelle et que je ne suis ni raciste ni communaliste, que j’aime mon pays comme elles, sans doute, et que je pense qu’elles ont été utilisées par des politiciens qui ont des intérêts cachés et qui, pour jouer aux victimes, se créent des ennemis…

Et la presse, pourtant un bloc qui est loin d’être monolithique (loin s’en faut !), a toujours été un commode bouc émissaire pour tous les politiciens, surtout ceux, comme l’aboyeur Rutnah, qui ont mauvaise presse. Je commence aussi à leur raconter que Showkutally Soodhun était, lui, venu fracasser les vitres des locaux de La Sentinelle…

…Alors que je leur parle, s’amène l’infatigable Georges Ah Yan, qui savoure sa victoire dans le procès écologique contre Le Saint Géran. Il me fait l’accolade devant les dames aux pancartes et me dit tout de go, devant les manifestants : «Pa kas latet ar zot (…) Zot pa konpran linportans travay zournalis pé fer.» Je suis gêné par sa franchise spontanée et brutale, surtout pour les petites dames, perdues derrière leurs pancartes…

Sur ce, Georges Ah Yan nous fait une déclaration devant les manifestants, qui restent pantois. Georges est une vieille connaissance des journalistes de terrain. Il est une source intarissable de combats citoyens à mener ; il ne gagne pas à tous les coups mais, au moins, c’est un citoyen qui se bat pour les autres et son pays, en saisissant la justice, au lieu de verser dans le communalisme, l’arme politicienne…

***

Justement, la justice mauricienne, parlons-en. C’est sans doute, avec la presse libre et indépendante, le seul rempart que nous ayons encore contre les dérives totalitaires du gouvernement Lepep. Alors que le ministre Étienne Sinatambou avait affirmé, avec sa sublime suffisance, par rapport aux travaux de rénovation du Saint Géran, que «tout se passe dans le respect de l’environnement », la Cour suprême a donné raison à Georges Ah Yan et ses amis écologistes. Une vraie victoire de «David contre Goliath».

Pareillement, alors que la police de Mario Nobin voulait expulser manu militari le pilote Patrick Hofman, la cour lui a restitué sa dignité, protégeant du coup notre réputation sur le plan international.

Est-ce trop s’avancer si l’on affirme que sans le judiciaire et la presse libre, l’on ne serait plus un État de droit, mais un véritable État policier digne d’une république bananière ?

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Nous publions aujourd’hui des preuves quasi irréfutables de la connexion quasi permanente entre Ravi Yerrigadoo et son voisin et ami Sylvio Sundanum. Alors que la police souhaite accéder à nos portables (afin de connaître l’identité de nos sources), ne voilà-t-il pas que c’est le portable de Sundanum qui nous révèle ses secrets… Au moins, la firme Dry Cleaning, contrairement à la police et au gouvernement mauricien, a compris, face aux faits rendus publics, qu’il ne faut pas transiger avec ceux qui pervertissent le cours de la justice. Même si Sundanum, qui a ses entrées avec les politiciens de plusieurs partis, a beau essayer de nous intimider par des personnes interposées. Il aurait fait comprendre que ce sera, nous, journalistes qui serons inquiétés, alors que lui et son voisin resteront libres, en raison, précisément, de leurs… connexions ! À mesure que progressera notre enquête sur le Yerrigadoogate, l’on verra si les Casernes centrales vont, enfin, s’intéresser à Abdool Rahim, Sundanum et Yerrigadoo, sans oublier le clan Kwan Tat-Lee Shim…

Un autre qu’on oublie : l’Angolais Álvaro Sobrinho, qui se fait tout petit depuis que la presse s’intéresse à lui, ses berlines et ses investissements. Apparemment, ses contacts sont toujours forts et font tout pour qu’il reste à Maurice avec tous les permis et ce, malgré tout ce que l’on sait sur lui. Sobrinho, par l’intermédiaire de ses puissants avocats, nous a envoyé un papier timbré pour essayer de nous intimider, comme Yerrigadoo l’a fait… Ce sont des manoeuvres pour gagner du temps et pour entraver la liberté de la presse. Ce n’est pas parce qu’ils viennent perquisitionner nos maisons à quatre heures du matin que l’on va se taire !