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Monkey business
Les singes mauriciens comptent beaucoup de fans à l’étranger.
Plusieurs organisations basées en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, porte-drapeaux des Anglo-Saxons qui vouent d’un amour extrême aux animaux, militent depuis des années pour que Maurice cesse d’exporter ses singes.
Ces organisations poussent leur agressivité jusqu’à recommander le boycott même de Maurice comme destination touristique et des compagnies aériennes assurant l’exportation des singes. Qu’importe si l’industrie touristique mauricienne est compromise et que des milliers de Mauriciens perdent leur emploi, l’essentiel c’est que les singes ne soient pas importunés dans leur bien-être. Ces amoureux étrangers de nos singes invitent aussi les gens à harceler les diplomates mauriciens basés à l’étranger.
On reproche à Maurice au moins trois niveaux de cruauté envers les singes. Depuis quelques jours, on a ajouté le troisième palier de cruauté : des singes sont tenus en captivité. Auparavant, c’était l’acte de les mettre en cage dans la soute cargo des avions et ensuite les livrer à des laboratoires qui leur feraient subir bien des sévices. Le traitement qu’accorde Maurice à ses singes est-il si répréhensible qu’on jette l’opprobre sur toute une nation en menaçant même son économie et en mettant en péril l’emploi des Mauriciens ? Pourtant, dans le monde anglo-saxon même, dans un pays phare comme le Canada, on se livre régulièrement au matraquage brutal et mortel des bébés phoques dans le but de contrôler la population de cette espèce.
Le Canada n’a pourtant fait l’objet d’aucun appel au boycott économique. Pour sa part, le Japon défie allégrement toutes les conventions sur l’interdiction de la chasse aux baleines. A-t-on entendu un mouvement réclamer le boycott des produits japonais comme mesures de représailles conte le massacre des baleines ?
Les organisations qui militent pour la cause des singes mauriciens ont réussi à amener Maneka Gandhi, ministre dans le gouvernement Modi, à prendre position sur la question. Si on peut soupçonner des lobbies étrangers voulant nuire à l’industrie touristique mauricienne, on n’a aucune raison de douter de la sincérité de Maneka Gandhi. Après tout, les Indiens sont très sensibles au sort des animaux, bien que dans ce pays aussi une surpopulation de singes pose tellement de problèmes que des fermiers s’arment de fusils pour les abattre.
En fait, la surpopulation des singes en Inde a pris des proportions catastrophiques, tant dans les villes que dans les champs des fermiers. Un bloggeur titrait : “India Is Being Overtaken by Armies of Defiant Monkeys” et écrivait ceci : “From getting shitfaced on stolen whiskey to attacking politicians and stealing files from government headquarters, India's monkeys have gone bananas.”
A Maurice, si la population des singes (estimée à 40 000 - 55 000) n’est pas contrôlée par une exportation annuelle de quelque 10 000 têtes, on assistera à une croissance exponentielle qui verra se développer chez nous aussi le phénomène d’invasion par des armies of defiant monkeys. Déjà, dans les faubourgs de Port-Louis, à La Tour Koenig, à Albion, sur les plantations, des singes constituent une source de nuisance publique, s’attaquant même à des gens. En cas de croissance sans contrôle, les Mauriciens seront littéralement harcelés par des singes envahissants. Comme si les chiens errants ne donnaient pas assez de soucis aux habitants.
Pourtant, les organisations qui se soucient du sort des singes mauriciens auraient pu aider le pays en dénichant à l’étranger des forêts où on aurait pu placer nos primates, ces derniers contribuant de ce fait à l’enrichissement de la biodiversité. Ainsi, on aurait pu faire voyager nos singes dans des conditions de grand confort dans les avions spécialement affrétés. Pour qu’ils puissent vivre librement et se reproduire à l’étranger et non pas finir leurs jours dans des laboratoires. Après tout, nous sommes une nation d’immigrants. Avant l’exportation des singes, Gaëtan Duval n’avait trouvé d’autre solution que de faire partir nos jeunes chômeurs à l’étranger. Le salut de nos singes aussi se trouve ailleurs. Pas d’autre solution. Si le gouvernement n’arrive pas à débarrasser le pays des chauves-souris dévastatrices, on voit mal les tireurs de la SMF participant à une élimination de singes. Pour l’instant, la seule solution réaliste, c’est l’exportation vers des laboratoires étrangers. Sinon, c’est la catastrophe.
Les Mauriciens et touristes qui visitent Grand-Bassin ne manquent pas d’assister avec étonnement aux manœuvres auxquelles les singes se livrent pour s’approprier à une vitesse éclair les offrandes de fruits que les dévots viennent à peine de placer sur l’autel. Imaginez les frasques d’une armée de singes sans complexe sévissant aux centres commerciaux de Phoenix, St Pierre, Bagatelle et Riche Terre ou encore au Marché central. Heureusement qu’aucun mouvement n’ait jusqu’ici lancé le slogan «pas tous nou zaco».
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