Publicité

Quelques réflexions sur...les séparatismes en tous genres

5 novembre 2017, 13:55

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.
User-uploaded image: 1.jpg
Manifestation pro-unité à Barcelone le 29 octobre 2017 (AFP), Francisco Franco Bahamondes (à dr.), militaire et homme d'État espagnol 1892-1975, (Wikipedia).

La Catalogne fait partie de l’Espagne unifiée depuis le mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon en 1469, la Catalogne étant jusqu’alors une province subalterne du royaume d’Aragon. Sa langue, très proche de l’occitan, ainsi que ses coutumes sont respectées et gardées vivantes depuis ce temps-là .La Catalogne est une province faiblement développée jusqu’à la fin du 18eme siècle quand les Bourbons mettent fin au monopole commercial détenu, jusque-là, par la Castille sur les colonies espagnoles d’Amérique du Sud. Elle profite donc, à partir de ce moment, et surtout à partir de 1959, du développement accéléré de l’Espagne et de l’Europe. 1975 voit la mort du dictateur Franco et 3 ans plus tard la Catalogne vote largement en faveur de la nouvelle constitution qui lui offre tant l’autonomie ainsi que le respect de sa langue. 

Ce court tour d’horizon historique est nécessaire puisque la motivation principale du mouvement d’indépendance de la Catalogne, à part le fait qu’ils se jugent « différents «, est qu’ils disent générer plus de richesses par tête que le reste de l’Espagne et qu’ils souhaitent donc désormais conserver cette richesse plutôt que de la partager avec les autres provinces. ….Un argument que l’on n’a pas entendu, je suppose, quand la Catalogne était relativement plus pauvre et profitait de ce qu’elle faisait partie d’une plus grande union, qui s’appelait Espagne d’abord, puis Union Européenne ensuite ! Notez un autre problème : si le raisonnement de la Catalogne est logique, son « indépendance « créera inévitablement, a son départ, une nouvelle région en Espagne qui sera, des lors, la plus riche et qui voudra donc, un jour cesser de « payer pour les autres » ? Et ainsi de suite, jusqu’au grand retour au Moyen Age ?

Les manifestants pro-européens protestant contre le Brexit à l’extérieur des chambres du Parlement, à Londres, le 7 septembre 2017. (Photo du milieu) Le Taj Mahal. Les réfugiés Rohingya musulmans qui ont été bloqués après avoir quitté le Myanmar se dirigeant vers le camp des réfugiés de Balukhali après avoir traversé la frontière dans le district d'Ukhia, au Bangladesh le 2 novembre.

L’ironie est que le mouvement indépendantiste ayant tenté de se soustraire de l’Espagne parce que la Catalogne était plus riche que les autres régions et ne voulait plus partager, souhaite pourtant adhérer a l’Union Européenne pour en …. « profiter » ! L’argumentaire me parait plutôt intenable, puisque incohérent et indubitablement égoïste. Le courant indépendantiste Ecossais n’est pas diffèrent. Il trouvait son inspiration pour quitter le Royaume Uni dans les prix mirobolants de « leur » pétrole de la mer du Nord, mais souhaitait cependant ne pas quitter la matrice européenne ! Au cas où ? Ironie suprême : Le Royaume Uni, lui-même, sous les coups de boutoirs séparatistes de ses propres sorciers fous, se disait être trop différente pour blairer Bruxelles et souhaitait arrêter sa contribution nette aux caisses européennes, peu importe les conséquences sur la « city » et l’accès au marché commun ! Du moins le disait-on en pleine campagne pour le Brexit. Depuis, on a vu la montée de courants séparatistes en Vénétie et en Lombardie qui voudraient bien ne plus subventionner le sud plus pauvre de l’Italie et ceux du Kurdistan – du moins tant que la perspective de contrôler le pétrole de Kirkuk paraissait possible …. Les courants séparatistes ne sont pas seulement issus des minorités : pensez aux Bouddhistes qui ne souhaitent pas partager avec les Rohingyas au Myanmar ou aux courants nationalistes hindous (style Hindutva) qui ne veulent pas partager – même pas le Taj Mahal - avec les musulmans ! Ou encore les chiites ou les sunnites qui, alternativement dominants dans l’un ou l’autre des pays où ils se trouvent, ne respectent pas les droits ou les aspirations des autres … Ou, enfin, les anglais désirant « reprendre leur pays en main « grâce au Brexit.

Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général soviétique, s'adressant à l'Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1988 (source Wikipedia). (En bas à g) Genghis Kahn, fondateur de l'Empire mongol, le plus vaste empire connu de tous les temps, estimé lors de son extension maximale à 33,2 millions de km2. François Ler, né François d'Orléans le 12 septembre 1494 à Cognac et est mort le 31 mars 1547 à Rambouillet.

Dans le grand courant de l’histoire , il est pourtant assez clair que les plus grandes avancées de l’humanité se sont toujours construites non pas sur le séparatisme, la parcellisation et la division , mais bien au contraire, sur la fédération d’intérêts diverses et variés sous une autorité plus large et plus forte, construite sur des principes et des lois favorisant le bien commun , l’égalité des chances , la loi pour tous . L’empire romain n’aurait jamais pu rayonner s’il n’y avait que la cité de Rome. L’empire Mongol de Genghis Khan aurait été impossible sans la fédération des tribus nomades du nord d’est de l’Asie. Les Etats Unis sont une fédération de 50 états et même la Californie ne serait pas la même si elle demandait, un jour, sérieusement son indépendance de l’Amérique de Trump. Avant Francois 1er, la France avait été, une permanence de petits états plutôt insignifiants, déchirés ou recomposés. . En Italie, il fut un temps ou le royaume de Naples toisait le duché de Milan sans compter que le royaume de Sicile appartenait alors à l’Aragon ! Il y a bien une raison pour ces grands courants centralisateurs de l’histoire : la mise en commun donne du tonus aux initiatives marchandes ou aux échanges d’idées ou de technologie, évite les guerres intestines et permets ainsi des progrès plus rapides, pour tous ! Il est aussi vrai que ces nations, rendues plus fortes, se sont entre-déchirées dans deux grandes guerres ! Ainsi l’émergence de la prochaine (l’ultime ?) vague de mise en commun, des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’OMC, de l’OMS….. 

Tout ce qui pousse à souligner les intérêts communs de l’humanité aide à faire avancer celle-ci. Si les organisations supranationales ne sont pas toujours aussi efficaces que souhaitées, essayez seulement d’imaginer le monde de l’après-guerre sans …. Dans le temps, le progrès d’un pays – ou d’un empire- s’assurait invariablement aux dépens des autres. Personne ne dira que l’exploitation n’existe plus ou que la polarisation des richesses est souhaitable, mais plus récemment, la globalisation a clairement fait avancer la promesse que le progrès pouvait être au profit de sections plus larges des citoyens du monde. Tout est relatif. Ainsi, si 42% de la population mondiale vivait dans la pauvreté absolue en …1981, ce chiffre était réduit à 10.7% en 2013 et 9.1% en 2016 (The Economist, 30 Mars 2017). Ce n’est pas par miracle, mais bien la conséquence de la globalisation accélérée du commerce. Dans tous les pays, bien entendu, il y a eu des heureux, constitués essentiellement de ceux qui s’adaptaient et des amers, comprenant ceux qui souffraient de ne pouvoir le faire. Ces derniers ont malheureusement été nombreux et au lieu de faire l’effort de s’adapter et d’avancer, ils se sont recroquevillés dans le désir de retrouver un passé perdu et nostalgique. Ils ont ainsi voté pour le Brexit, Trump, Le Pen, Puigdemont ou Orban. Pour des réorientations aussi fondamentales, notons qu’ils ne représentent même pas une majorité de la population, mais seulement une pluralité relative*. Ils sont sur le mauvais train. Le train de l’avenir c’est celui de l’ouverture, du partage, des métissages, de la globalisation, des ponts et pas des murs … 

Dans notre beau petit pays, ce n’est point diffèrent. Les replis identitaires nous feront mal. Nous devons nous mobiliser autour du bien commun et cesser de diviser. Il nous faut favoriser les traits d’union qui nous unissent, pas les parenthèses qui nous séparent.

(A g.) Navin Chandra Ramgoolam et le Premier ministre Pravind Jugnauth.

Or chaque cinq ans depuis 50 ans, pas totalement, mais très largement, nos électeurs soutiennent la victoire « batté-rendé » qui divise, soit d’un Ramgoolam, soit d’un Jugnauth. 

C’est donc pour quand la victoire éventuelle…. du pays ?

(* Brexit 51.9%(72.2%)=37.5% ; Trump : 46.1%(54.7%)= 25.22% ; Catalogne indépendante : 92% (43%) = 40%. Conclusion ? Ceux qui ne votent pas, ne peuvent se plaindre !)