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20 décembre 2017, 11:36

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L'écrasante victoire d’Arvin Boolell à la partielle de Belle-Rose / Quatre-Bornes est révélatrice à plus d’un titre. D’abord, elle témoigne de l’attachement de l’électorat aux partis traditionnels. Car, en dépit des débats sur la nécessité d’un renouvellement de la classe politique, 8 000 électeurs ont opté pour la vieille garde en ouvrant les portes de l’Assemblée nationale au candidat du Parti Travailliste. Cette démarche pourrait traduire une certaine peur notamment celle du changement, voire de l’inconnu. Dans ce cas précis, l’inconnu n’est autre que les offres politiques alternatives qui ont été portées à l’attention de l’électorat.

Le choix souverain de l’électeur du numéro 18 ne sera pas non plus sans incidence. Des bouleversements sont à prévoir dans le paysage politique à l’issue de ce scrutin. Comme en décembre 2014, certains auront à se remettre devant leur drawing board, car les mathématiques électorales ont une nouvelle fois échoué.

Certes, nous sommes à deux ans des prochaines consultations populaires, à en croire les locataires de l’Hôtel du gouvernement, mais déjà, on voit se dessiner une bipolarisation sur la scène politique. Ce scénario, qui implique une lutte acharnée pour le pouvoir entre le Parti Travailliste requinqué de Navin Ramgoolam et le MSM du Premier ministre, Pravind Jugnauth, est toutefois tributaire de la décision de la justice.  

C’est, en effet, le judiciaire qui dictera la configuration politique dans le cadre de la prochaine joute électorale. Pour cause, Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth ont tous deux rendez-vous devant les tribunaux. L’un dans une affaire de blanchiment d’argent et l’autre dans le cadre du rachat de la clinique Medpoint. Ce qui fait qu’un jugement défavorable dans les deux cas provoquera sans aucun doute une redistribution des cartes sur l’échiquier politique.

D’où probablement le fait que nous ne sommes pas prêts d’assister à une empoignade publique entre Arvin Boolell et Navin Ramgoolam pour occuper le leadership du Parti Travailliste. Après avoir bénéficié du verdict des urnes, le vainqueur de la partielle du numéro 18 va certainement attendre le verdict de la cour au lieu de foncer tête baissée dans une stratégie suicidaire.

En dépit de ce que soutient Pravind Jugnauth, les résultats de ce scrutin ne le laissent pas insensibles. Bien au contraire, il est plus que conscient de la dynamique qu’ils peuvent engendrer. Dans lequel cas, il faudra s’attendre à ce que le Parti Travailliste vienne frapper aux portes de l’Hôtel du gouvernement.  Cette éven-
tualité commence certainement à hanter les esprits dans les rangs de la majorité. Ceux qui contrôlent les leviers administratifs au sein de la fonction publique ont dû également se poser des questions après la victoire sans appel d’Arvin Boolell. Il serait intéressant de suivre leur comportement pour ne pas dire leur positionnement dans les mois à venir car ils aideront, dans une certaine mesure, à déterminer la direction du vent.   

Tout n’est, cependant, pas perdu pour Pravind Jugnauth. Il lui reste encore deux ans pour faire mentir ses détracteurs. La plus grande vigilance est attendue de lui durant cette période qui sera, bien évidemment, sous haute tension et où le moindre faux pas risque de se payer cher.

Heureusement, que l’économie semble reprendre des couleurs. Mais, là encore, il est nécessaire de faire la distinction entre statistiques et perception. Cette croissance dont très souvent les politiciens se vantent ne va pas, à elle seule, permettre de remporter les élections si celui qui vote ne l’a pas ressentie. La preuve ayant été faite aux élections de 1995 qui avait vu l’éviction de sir Anerood Jugnauth malgré une croissance économique de 5,3 %.   

En sus de condamner le gouvernement à bien faire, la victoire du Parti Travailliste réécrit certaines équations dans le cadre d’éventuels jeux d’alliances. L’énième déroute du MMM et la débandade du PMSD devront certainement les inciter à reconsidérer leurs ambitions sur l’échiquier politique.