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Le temps passe, mais rien ne change !
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Le temps passe, mais rien ne change !
Comme pays ou nation, nous faisons du surplace. C’est, peut-être, pour cela que cette année qui passe ne nous excite pas outre mesure. Regardez autour de vous. Il semblerait que nous avons intériorisé notre destin immuable. Les révolutionnaires du no 18, assommés par leur score pathétique, se sont tus. Mais la vie, elle, continue. Comme d’habitude.
Si on accepte le postulat que la politique dicte tout à Maurice, alors nous sommes, fin 2017 et début 2018, toujours suspendus aux mêmes. L’intelligence collective n’existe plus au sein de nos principaux partis politiques. Le temps passe, mais rien ne change, c’est toujours le règne des Strong Men.
Au Parti travailliste, qui a de nouveau le vent en poupe, il n’y a pas photo : c’est Navin Ramgoolam, malgré ses déboires, qui demeure le seul leader en poste, et non pas Arvin Boolell, encore moins Shakeel Mohamed, malgré leurs ambitions légitimes.
Au MSM, le dernier qui a osé contester le passage de témoin entre SAJ et son fils s’appelle Roshi Bhadain, et aujourd’hui, politiquement, ce dernier est réduit à pratiquement néant. Les Jugnauth, propriétaires du Sun Trust, règnent en maîtres et ils se complimentent à tour de rôle, et tout le monde autour d’eux, au sein de leur parti, applaudit, afin d’être bien vu par eux.
Au MMM, malgré la série de défaites électorales, personne n’ose remettre en question le poste de leadership de Paul Bérenger – celui-ci reste le seul à en parler et personne ne daigne le suivre sur ce terrain miné. On verra bien si, au début de 2018, ces mauves qui ruent dans les brancards, pourraient avoir le courage d’affronter leur mythique leader.
Point commun entre ces leaders inamovibles : ils tiennent solidement les cordons de la bourse. Si jusqu’ici seuls les coffres de Ramgoolam ont été exposés à nos regards stupéfaits, gageons que les autres ont aussi leurs réserves en millions, dissimulées dans des comptes offshore, ou érigées en gratteciel...Car le financement occulte perdure, malgré les discours sur la bonne gouvernance.
Il n’y a qu’à voir le consensus parmi notre élite politique autour de la victoire d’Arvin Boolell - qualifiée aujourd’hui de naturelle - pour réaliser que tous les politiciens de carrière, indépendamment de leur parti, se serrent en fait les coudes, sachant fort bien que demain ils pourront (re)travailler ensemble, à la faveur d’une énieme alliance électorale. En l’absence d’idéologie, c’est le pragmatisme qui règne...
***
En 2014, l’acceptation quasi générale du Constitution (Declaration of Community) (Temporary Provisions) Bill s’inscrivait dans la continuité d’une lutte en faveur de la décolonisation et de la décommunalisation. C’était un pas, petit ou grand, en avant, dans notre «nation building». Tout comme celui que le MMM, en 1982, avait accompli en mettant fin à la pratique de recensement communal, dont l’objectif était d’enfermer les Mauriciens dans quatre cases communautaires. Or, ces quatre cases existent toujours, malgré le métissage grandissant de notre population.
Après la chute du regime de SSR, boostés par un retentissant 60-0, nombre de jeunes poussaient pour l’élimination pure et simple du Best Loser System (BLS). Mais, pragmatique, et ayant lui-même trouvé refuge derrière le paravent d’Anerood Jugnauth en 1982, Paul Bérenger a dû freiner cet élan populaire en expliquant aux militants que le MMM n’avait pas le mandat pour amender la Constitution afin de nous débarrasser du BLS.
Il y a eu, en 2005, une lueur d’espoir, quand Rezistans ek Alternativ, un groupe de citoyens – en dehors du mainstream politique mais connecté aux réalités changeantes de notre nation – a commencé son combat juridique pour décommunaliser le jeu électoral local. La justice mauricienne a été saisie. Le Privy Council aussi. Mais il a fallu un ruling des Nations unies, en juillet 2012, pour que le gouvernement réagisse, pour qu’on fasse, enfin, ce toilettage obligé de notre Constitution, comme un compromis face à un destin forcé. Tous ces efforts dépensés pour déboucher sur une solution temporaire, provisoire, interlocutoire, transitoire ? Qui a été utilisée en 2014... mais, depuis, rien !
À quand donc cette fameuse «full–fledged» réforme électorale, qui elle-même dépend des leaders des trois principaux partis pour se matérialiser ?
En 2014, Ramgoolam avait souri quand Bérenger avait ressorti son slogan «un pays phare, un modèle de démocratie...»
Trois ans après, le discours reste le même, sauf que c’est les Jugnauth qui nous le disent. Alors que le PTr et le MMM contredisent. C’est un cycle. Il n’y a au fond que les années qui changent.
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