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Faire saigner financièrement

13 janvier 2018, 09:24

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Après chaque mauvaise performance de Manchester United, ils sont des centaines de milliers (plus de 300 000 ?) ces Mauriciens qui dénoncent l’incompétence «criminelle» de José Mourinho, tout en exhibant, chacun à sa façon, de redoutables talents d’entraîneur, qui auraient sauvé l’équipe anglaise de l’humiliation.

Leçon de ce constat : les Mauriciens sont extrêmement intelligents et doués et on perd notre temps à les «éduquer», surtout en matière de civisme, de fléaux de la société moderne, dont la drogue, et surtout de bonne conduite automobile. Donc, les professionnels de la police et du ministère des Infrastructures publiques, le «génie» réunionnais découvert par le présent gouvernement et les ONG perdent leur temps (mais pas leurs salaires, allocations et subsides) en tentant de faire prendre conscience aux Mauriciens de la nécessité de bien se comporter sur la route.

La décision dangereusement démagogique de l’alliance Lepep d’annuler le système de permis à points n’a fait que réconforter le Mauricien, qui au volant de sa voiture ou en domptant sa moto, se voit dans le même état d’extase que Leonardo DiCaprio perché sur la proue du Titanic.

Puisque le gouvernement n’a aucunement l’intention de restreindre l’importation de véhicules neufs et de seconde main et de motos, et que la superficie de Maurice ne grandira pas miraculeusement, il coule de source que selon la loi de la probabilité, l’interaction explosive entre véhicules, infrastructures routières et humains produira davantage de victimes et de dégâts. D’ailleurs, les statistiques indiquent clairement que le taux de fatalité sur les routes mauriciennes a augmenté de 2015 à 2017.

Comment un nouveau gouvernement pourrait- il renverser cette tendance au taux grandissant de fatalités et de dommages matériels ? Tout d’abord, il serait recommandable de réintroduire le système de permis à points. Que nous a enseigné ce système ? Son effet éminemment et incontestablement dissuasif. Autant «mari» que soit le conducteur arrogant ou extasié, la crainte de se voir priver de son permis exerce un effet dissuasif considérable.

Ils sont nombreux les conducteurs qui ne deviennent vigilants et prudents qu’après avoir collectionné des amendes. Avec le permis à points, on s’exposait à la double sanction de charges financières et de risque de suspension du permis de conduire. Maintenant, il n’y a essentiellement que le préjudice financier qui pourrait bien inciter les riches à se dire, «mo p… é, mwa. Mo éna cash, mwa. Kapav payé.»

Sanctions financières, permis de conduire compromis et saisie des véhicules : c’est cette combinaison qu’on utilise dans les pays civilisés. En effet, en cas de récidive ou d’un incident particulièrement révoltant, on risque de se faire confisquer son véhicule ou s’exposer à une amende exceptionnellement sévère. En Grande Bretagne, une voiture est saisie si la police juge que le conducteur a fait preuve de «careless or inconsiderate driving» ou a harcelé d’autres usagers.

Une voiture mal garée est aussi conduite à la fourrière au coût, pour le propriétaire, de Rs 10 000 et de Rs 1 000 pour chaque jour de détention. C’est vrai qu’à Maurice aussi des véhicules mal garés sont enlevés mais cela ne se fait pas de façon systématique. De sorte que les Mauriciens n’ont pas intériorisé le risque de sanctions auxquelles ils s’exposent pour stationnement interdit.

Les sanctions ne sont pas assez sévères à Maurice. Le niveau des amendes reste largement abordable. Dans les pays civilisés, les amendes sont tellement sévères que même les riches finissent par en ressentir l’effet. Et encore que celui qui est en tort s’expose aussi à la saisie de son véhicule. Les policiers dans les pays avancés prennent d’ailleurs un grand plaisir à réduire à leurs justes proportions les riches et les célébrités qui se comportent de façon hautaine ou insolente sur les routes.

En introduisant un système de confiscation et de saisie définitive des véhicules pris dans une série de contraventions, on pourrait assainir la situation de façon draconienne à Maurice. Dans un cas extrême, par exemple, un véhicule roulant sans vignette de taxe routière et sans assurance, est saisi et son propriétaire sanctionné par une éventuelle vente à l’encan dudit véhicule.
 
Évidemment, si c’est un véhicule volé, une autre procédure serait appliquée. Mêmes sanctions pour un véhicule portant de fausses plaques d’immatriculation. Cela s’applique aussi pour les motos. Qui osera prendre des risques si les sanctions sont aussi sévères ?

Pour les motos, surtout si plusieurs délits d’excès de vitesse ou de modification de la boîte d’échappement ont été enregistrés par rapport au même véhicule, une saisie suivie d’une vente à l’encan ramènera plus d’un sur terre. L’homme riche blasé, qui se défoule et juge les amendes comme étant pipi de chat, changerait d’attitude si jamais après qu’il se soit acquitté des frais judiciaires prohibitifs, il voit son bolide saisi et vendu à l’encan.

Avant de mettre en vigueur un nouveau système de sanctions à Maurice, il faudrait légiférer pour autoriser les saisies des véhicules. Cela est permis actuellement dans des cas de délits de drogue. Toutefois, si les amendes sont conséquentes et qu’il y a aussi risque de saisie, les incitations pour lamoné dité vont accroître considérablement.

Pour affronter ce problème bien mauricien, les policiers de la route devraient être tous équipés de webcam, pour que chaque fait et geste soient enregistrés sur un serveur central. La conversation entre les policiers et le conducteur sera aussi saisie sur ordinateur. Alors, qui osera parler de thé de Bois Chéri ou de Black ou Chivas d’Écosse ?