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Démagogie politique et intempéries
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Démagogie politique et intempéries
Dans la matinée du jeudi 25 janvier, il a fallu de peu que le secteur privé n’emboîte le pas aux décideurs politiques pour s’engager sur la voie de la démagogie populiste. En effet, les représentants du privé ont résisté à leur façon aux conseils des politiques de se livrer à un lockout de leurs business en raison des grosses pluies. Quant à la fonction publique de cette nation qui cherche à s’échapper du middle income trap pour se faire admettre dans le club des grandes puissances économiques du monde, elle aura encore à vivre avec des décideurs cervelles de moineau qui se laissent prendre de panique ou qui veulent plaire à la galerie.
La météorologie étant loin d’être une science exacte, la gestion des intempéries reste largement problématique car la démagogie politique reste un facteur déterminant lors du processus de prise de décision. La démagogie dans la gestion des conditions climatiques trouve ses origines dans les inondations du 26 mars 2008 quand une femme de 59 ans, Vinoda Ragoo, et une jeune collégienne, Laura Paul, périrent noyées dans la région de Mont- Goût, Pamplemousses, dans la circonscription du Premier ministre d’alors, Navin Ramgoolam. Pour avoir fait une déclaration maladroite, le ministre de l’Éducation de l’époque, Dharam Gokhool, subit une véritable lapidation verbale. Puis, le 30 mars 2013, lors des flash floods à Port-Louis, pas moins de 11 personnes moururent noyées dans des circonstances traumatisantes.
Depuis, on est tombé dans l’autre extrême, c’est-à-dire la voie de la facilité. On choisit le chemin de la moindre résistance quand il s’agit de fermer les écoles ou les établissements publics. Ce qui a amené le chef de la fonction publique à prendre une bien singulière décision de demander aux civil servants de ne pas descendre au bureau et d’attendre une nouvelle communication à 11 heures avant qu’ils ne se mettent en mood de mauvais temps, c’est-à-dire de préparer du farata et du curry de poulet. Pour les 80 000 fonctionnaires, ce fut plutôt course rapide au bureau. Ce fut soit la décision la plus brillante jamais prise par un chef de la fonction publique, soit une décision burlesque et combien discriminatoire envers les 400 000 employés du secteur privé à mettre sur le compte de quelqu’un qui doit sa nomination en raison de sa proximité familiale avec les puissants du pays.
Maintenant, si le secteur privé avait lui aussi agi à la cervelle de moineau ? Peut-on imaginer le chaos sur les routes et les gares si fonctionnaires et employés des compagnies se précipitaient sur la voie publique juste après 11 heures pour se rendre sur leur lieu de travail ? Les responsables du secteur privé ont heureusement fait preuve de lucidité et de discernement ce jeudi 25 janvier 2018. Si la Suède, la Norvège, la Russie et le Canada étaient dirigés par des politiciens et fonctionnaires mauriciens, salariés et élèves de ces pays seraient restés chez eux pendant une bonne partie de l’année.
Démagogie dans la démagogie : on a noté dans les médias sociaux dans la matinée du 25 janvier de nombreuses attaques d’ordre idéologique contre le secteur privé, accusé d’avoir ignoré la sécurité des employés en ne visant que l’élément profit. D’autres se sont pris au gouvernement pour avoir pratiqué une politique de deux poids deux mesures, se souciant du bien-être des fonctionnaires mais livrant les employés du secteur privé au grave danger d’inondation ou de choc électrique.
Cette voie de la moindre résistance, qui cadre bien avec la culture d’indolence des Mauriciens, elle dicterait encore les prises de position officielles dans les années à venir car on ne voit aucun changement majeur dans le comportement des autorités. Par exemple, le cas d’une maison effondrée jeudi matin à Camp-Manna, à Port-Louis, reflète bien la déréliction, le manquement au devoir, des autorités, municipalité comme gouvernement central. On a vu qu’il s’agissait d’une maison précaire bâtie sans un soubassement pour la retenir. Comment cette construction dangereuse a-t-elle échappé à la vigilance des inspecteurs municipaux ? Pourquoi la police n’agit pas en cas de constructions non-autorisées et dangereuses sur des terres de l’État ? En raison de cette politique de manquement au devoir, les autorités se retrouvent plus tard dans l’obligation de gérer le problème dans des circonstances qui coûtent plus cher en termes de ressources, de drame humain et de retombées politiques négatives. On finit bien par prendre en charge les squatters dans des centres de refuge, les nourrir, leur remettre des allocations spéciales et les placer sur la liste de potentiels bénéficiaires de logements de la NHDC.
Pourquoi ne forme-t-on pas des fonctionnaires des ministères concernés dans des techniques d’ingénierie sociale, d’empowerment, pour prendre en charge des Mauriciens moins fortunés, à leur trouver emploi et logement décent et les exposer aux bienfaits de la famille planifiée et de l’éducation des enfants ? Comment se fait-il que le pays importe 50 000 travailleurs étrangers et que des Mauriciens eux-mêmes ne s’intéressent pas à ces emplois ? Malheureusement, à Maurice, la démagogie populiste pratiquée à outrance et l’ingénierie sociale visant à placer des marginaux dans le mainstream de la société sont deux concepts qui s’excluent mutuellement.
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