Publicité
Plus ça tarde…
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, veut que la présidente de la République, Ameenah-Gurib Fakim, parte. Cette dernière a montré qu’elle n’était nullement pressée pour évacuer le château du Réduit. La seule fois où un président a dû démissionner remonte à mars 2002, quand Cassam Uteem abandonna ses fonctions pour avoir refusé, en deux fois de suite, de donner son assentiment, sur une question de principe, au projet de loi sur le terrorisme.
Si la présidente part de son plein gré, elle touchera deux tiers de ses salaires actuels qui sont de Rs 367 000 ; aura droit au service de gardes du corps et de secrétaire ; et pourrait continuer d’utiliser des limousines de l’État. Si elle refuse de partir et fait l’objet d’une révocation (impeachment), elle peut tout perdre si jamais le gouvernement décide de l’humilier. Avec le traitement subi par Navin Ramgoolam dans les semaines suivant les élections générales de décembre 2014, il ne faut jamais douter de la détermination de la famille Jugnauth de régler des comptes avec des adversaires.
Ramgoolam était un homme abattu, mais la présidente, avant sa révocation finale, est bien alive and kicking et elle pourrait perturber le règne de Pravind Jugnauth jusqu’aux prochaines élections. C’est pour cette raison que le camp Jugnauth aurait intérêt à la faire partir le plus vite possible. Un départ à la Cassam Uteem serait moins risquant. Une procédure de destitution prend du temps et peut tourner à la catastrophe si les juges choisis pour faire partie du tribunal refusent de se laisser convaincre par les arguments du gouvernement et se disent satisfaits des explications données par la présidente.
Aussi longtemps que la présidente reste en fonction en attendant la destitution, elle peut potentiellement mettre le Premier ministre dans l’embarras, par exemple en refusant de donner son assentiment à des nominations. En effet, la signature de la présidente est indispensable dans les documents proposant la nomination des ambassadeurs, des présidents et des membres de certaines institutions de l’État. Dans le passé, un président avait refusé de donner son accord à la nomination d’un ambassadeur à l’étranger, en raison d’un problème familial non connu du public. Le Premier ministre d’alors avait choisi de ne pas chercher la confrontation avec le président. C’est une dizaine d’années plus tard, après le retour au pouvoir du Premier ministre battu dans de précédentes élections, que son nominé obtint sa lettre de nomination d’un autre président.
Publicité
Les plus récents