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Destruction créatrice
Maurice avant tout ! Non, ce n’est pas un slogan politique; c’est un cri du cœur. Car les tristes événements qui ont secoué la République ces derniers jours vont marquer durablement l’opinion publique et laisseront sans aucun doute une trace indélébile dans la mémoire collective.
L’escalade entre la présidente, Ameenah Gurib-Fakim, et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et qui a failli déboucher sur une crise constitutionnelle, témoigne de la plus belle manière qui soit de l’état de délabrement de nos institutions. Ces mêmes institutions dont l’économiste Dani Rodrik jadis vantait la qualité et la solidité tout en rappelant leur contribution positive au développement du pays. Il est dommage que nous ne puissions en dire autant aujourd’hui.
Pour la simple et bonne raison que les valeurs collectives qui constituaient notre force ont fini par s’étioler sous les coups de boutoir des gouvernements successifs. Au pouvoir, il est effectivement plus facile de mettre sous éteignoir les institutions lorsqu’on est menacé politiquement que d’œuvrer à les renforcer.
Impuissante face à la dégradation organisée des institutions publiques sous différents régimes, la population, qui se dit très attachée à la notion de redevabilité, se détourne de plus en plus de la vie démocratique. Le taux d’abstention à la partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes n’est pas sans nous le rappeler.
N’ayons pas peur des mots : nous sommes confrontés à une crise de confiance. Une situation mise en exergue par le dernier sondage d’Afrobarometer. Celui-ci révèle que la cote de confiance de la présidence de la République a chuté de 52 % en 2014 à 31 % l’an dernier. La même tendance baissière est observée s’agissant de la confiance dans le judiciaire, la police, les collectivités locales, l’Assemblée nationale, le gouvernement et l’opposition, entre autres.
Une autre étude commanditée par Business Magazine auprès du cabinet VERDE va dans le même sens : le moral de la nation n’est pas au beau fixe. Bien que réalisée avant le bras de fer entre la State House et l’Hôtel du gouvernement, elle révèle que la confiance générale dans les partis politiques a enregistré un déclin de 31 % entre les baby-boomers et la génération Z.
La désaffection croissante, surtout des jeunes, pour la politique constitue une véritable source d’inquiétude pour un pays qui cherche à se projeter en avant. Avec les actualités qui ne plaident aucunement en faveur de la classe politique, il sera extrêmement difficile de renverser la vapeur. Autant donc baisser les bras ? Certainement pas !
Certes, la population ne changera pas son regard sur la classe politique du jour au lendemain, mais elle ne doit en aucun cas détourner les yeux de la vie démocratique. Ce serait considéré comme un blanc-seing par les présents et futurs gouvernants pour perpétuer des pratiques politiques d’un autre âge !
La crise constitutionnelle avortée offre au pays une opportunité exceptionnelle à saisir pour une destruction créatrice. Qui osera prendre le risque d’une remise à plat d’un modèle qui ne fait que produire des scandales ?
La mise en marche d’une dynamique de rupture sera bien évidemment lourde de conséquences avec des victimes collatérales jusque dans les rangs du gouvernement, mais c’est la seule voie à prendre vers un renouveau démocratique.
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