Publicité

Monnaies virtuelles, défis réels

4 avril 2018, 08:51

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Comme les montagnes russes, les cryptomonnaies donnent le tournis à ceux qui se projettent dans la cryptosphère. La directrice générale du Fonds monétaire international n’en disconviendra pas.
  
Cinq mois après avoir avancé les aiguilles de Big Ben à 2040 pour essayer d’imaginer à quoi ressemblerait le monde des banquiers et des décideurs politiques, Christine Lagarde est redescendue de sa capsule temporelle, le 13 mars dernier. La patronne du FMI est désormais convaincue qu’il faut «combattre le côté obscur de la cryptosphère».
  
Cette posture de Christine Lagarde tranche avec son discours à la conférence de la Banque d’Angleterre, en septembre dernier. Ce jour-là, elle avait invité l’assistance à prendre au sérieux les monnaies virtuelles car rien ne pourra empêcher un pays aux institutions fragiles et à la monnaie nationale instable de succomber à la tentation de recourir à des monnaies virtuelles au lieu d’adopter une devise étrangère.
  
Pour soutenir sa thèse, la directrice de l’institution de Bretton Woods est allée jusqu’à trouver les raisons qui motiveraient le choix éventuel des cryptomonnaies par les citoyens. L’accessibilité surtout en régions isolées ou encore une certaine «stabilité» par rapport aux monnaies fiduciaires plaiderait en faveur des monnaies virtuelles. D’autant plus qu’elles ont «le potentiel de devenir aussi pratiques que l’argent liquide, pour un coût identique, mais sans risque de règlement, sans délai d’autorisation…»
  
De sa capsule, Christine Lagarde avait même prédit que des populations «pourraient demander aux banques centrales de proposer des monnaies numériques ayant cours légal». De quoi faire frémir le monde de la finance traditionnelle. Car bien qu’elles soient virtuelles, les cryptomonnaies imposent des défis bien réels aux opérateurs économiques et autres autorités régulatrices.
  
Le G20 n’a pas mis très longtemps à le comprendre. La récente réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux à Buenos Aires a vu se dégager un consensus : les cryptomonnaies est un «hot topic» et les gouvernements sont loin de maîtriser les problématiques y relatives.
  
Entre-temps, Christine Lagarde avait déjà changé son fusil d’épaule. Elle est remontée au créneau le mois dernier pour appeler à agir contre les dangers des crypto-avoirs. La menace : une croissance rapide, une extrême volatilité des prix et un lien mal défini avec le monde financier traditionnel qui pourraient donner lieu à de nouvelles sources de vulnérabilités.
  
Avis partagé par les ministres des Finances du G20 qui considèrent également que les crypto-actifs «soulèvent des problèmes en ce qui concerne la protection des consommateurs et des investisseurs, l’intégrité du marché, l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme». Mais il y a un hic ! Les grands argentiers disent également reconnaître «que l’innovation technologique, y compris les crypto-actifs sous-jacents, a le potentiel d’améliorer l’efficacité et l’inclusivité du système financier et de l’économie en général».
  
Comment alors s’étonner que le Conseil de stabilité financière se refuse à réguler les cryptomonnaies sous prétexte que le secteur est toujours minuscule, soit à moins de 1 % du produit intérieur brut mondial ?
  
S’il y a une chose à retenir dans toute cette agitation, c’est que les monnaies virtuelles fascinent autant qu’elles font peur. Ce rapport trouble avait même poussé l’ancien Gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, à interpeller le monde de la finance locale : «Accepterez-vous des crypto-monnaies comme garanties ?»