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Stigmates
Premier trimestre 2009. La croissance économique bascule. De 9,5 % pendant les trois premiers mois de 2008, elle dégringole à 0 % l’année suivante. Un tournant majeur. Car depuis, le pays lutte en vain pour atteindre la barre psychologique de 4 %.
Bientôt, une décennie s’écoulera mais tel un mirage, cet objectif s’éloigne à chaque fois qu’on croit s’en approcher. Une situation que Statistics Mauritius vit aux premières loges. Les derniers comptes nationaux sont là pour en témoigner.
Alors que dans son bulletin de décembre, l’institut annonçait à qui veut l’entendre que Maurice renouera cette année avec une croissance de 4 %, les chiffres de mars brossent un tout autre tableau. Que disent-ils ? Ni plus ni moins que le produit intérieur brut ne progressera que de 3,9 %. Pour remuer le couteau dans la plaie, les estimations de 2017 sont également revues à la baisse. Elles passent à 3,8 %. La mesure de la valeur ajoutée brute est encore plus déprimante. Elle s’est établie à 3,5 % l’an passé.
Force est de constater que Maurice ne s’est jamais remis de la crise qui a frappé les économies de la planète. Rien qu’en parcourant les bilans trimestriels nationaux, l’on peut percevoir les stigmates de la crise globale.
Pas plus tard que le mois dernier, les analystes du bureau des statistiques ont été contraints pour la énième fois de rectifier le tir. Calculée à 4,2 % en décembre dernier, la croissance au troisième trimestre de 2017 n’a été finalement que de 3,4 %. En cause, une croissance inférieure dans le secteur manufacturier, dans la construction et dans les activités liées à l’électricité, au gaz et à l’air conditionné, entre autres.
Cette volatilité ne date pas d’hier. Statistics Mauritius l’observe depuis plusieurs années. L’agence le rappelle dans sa dernière livraison : “The quarterly growth rates show a slowdown of the economy in 2014, from 2.9% in the first quarter to 2.3% in the last quarter. Improvement was observed during the first quarter of 2015, when a growth rate of 3.2% was observed but it dipped once more to 2.3% in the second quarter. Growth rates then increased to 3.0% and 3.9% during the third and fourth quarters respectively. A slightly lower growth was then registered in the first quarter of 2016 with 3.8%, followed by a much lower rate of 2.7% in the second quarter. Improvement was then noted with rates of 3.7% and 4.2% respectively during the third and fourth quarters respectively”.
Ces commentaires ne laissent nullement insensible. Au contraire, ils soulèvent pas mal de questions. La plus urgente devrait-être : agissons-nous sur les bons leviers pour recréer la dynamique nécessaire à faire repartir durablement l’économie ? L’on ne peut s’empêcher de douter, surtout lorsque la croissance au dernier trimestre de 2017 est en repli par rapport au trimestre précédent. Un fait assez rare pour être souligné car les trois derniers mois de l’année sont réputés pour être porteurs du point de vue économique.
Dans la même veine, il est également difficile de concilier nos faiblesses avec l’embellie sur le plan global. D’autres diront que les vagues de la reprise prennent du temps avant de nous atteindre. Soit ! Mais en même temps, il faut se rendre à l’évidence qu’on ne réglera pas les problèmes d’ordre structurel par des incantations économiques. Une décade à s’y acharner sans succès. C’en est trop !
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