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Ne détruisez pas le présent
C’est en juin prochain que les directives de la Gambling Regulatory Authority (GRA) relatives aux critères de participation aux grandes courses entreront en vigueur. Un premier micro-trottoir réalisé auprès des entraîneurs par L’Express-Turf récemment montre que la majorité d’entre eux n’épousent pas la dernière ingérence de la GRA dans des dossiers qui découlent de la responsabilité du MTC.
Le MTC n’a, donc, que peu de temps pour exiger que sa liberté d’action dans un registre où il a évolué avec aisance – exception faite du récent faux-pas avec l’entrée d’un trio d’entraîneurs au sein du fixtures committee –, qui a fait durer le spectacle pendant plus de deux siècles au Champ de Mars, lui soit restituée.
Certes, il y a eu des imperfections – après tout, «L’Homme n’aura jamais la perfection du cheval» (Baruch Spinoza, philosophe hollandais décédé à l’âge de 44 ans en 1677), – et toutes ses décisions n’ont pas toujours fait l’unanimité. Surtout lorsque les enjeux sont importants pour les têtes de série.
Si on peut comprendre le rationnel derrière l’idée de privilégier la méritocratie pour permettre au niveau de la compétition dans les grandes courses de franchir un palier – d’où l’idée de la GRA d’abolir le principe de «one horse per stable» dans les courses classiques –, en revanche, les spécificités des courses à Maurice sont telles que rien ne peut être entrepris au détriment des petites écuries d’autant qu’elles sont plus nombreuses que les grosses pointures.
«Lançons plutôt un débat éclairé sur toute la question et préparons l’avenir au lieu de détruire le présent. Tuer
les petites écuries, ce serait inviter la mort des courses elles-mêmes.»
Après tout, Maurice ne dispose que d’une poignée d’entraîneurs et la pérennité des courses repose sur une dynastie bien ancrée. Les exemples sont légion et cette réalité dure depuis la création de l’écurie Gujadhur. Il y a eu par la suite de nombreuses autres familles qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à ce que le sport hippique perdure. Il ne faut pas se voiler la face. Les courses à Maurice – et on ne parle pas ici du public parieur – ne concernent qu’une poignée de familles. Mais on ne peut leur en tenir rigueur. Elles ont ce sport dans le sang (l’histoire en témoigne) et c’est tout à fait légitime de leur part de faire perdurer la tradition familiale.
Il n’y a que quelques années que le MTC a tenté une vraie/fausse démocratisation. Mais faute d’une vraie culture hippique, de soutien familial ou de ressources financières, ceux qui viennent d’être admis dans ce cercle sélect sans aucune tradition familiale liée au sport hippique, éprouvent, à des exceptions près, des difficultés à s’affirmer, vivre, voire survivre. Ce n’est guère une coïncidence : la «transfusion sanguine» dans ce monde-là ne marche pas. Même la force de l’argent ne suffit parfois pas à briser cette «chasse gardée».
Il y a aussi la perception que cette «chasse gardée» soit voulue et entretenue. Ce qui expliquerait la mise en retrait de ceux qui ont osé s’y introduire. Bonne ou mauvaise, cette perception-là aussi existe.
Mais, au bout du compte, les courses au Champ de Mars, bien qu’elles doivent être soumises, comme toutes autres activités qui engagent le public, à un contrôle des autorités du pays (malheureusement la GRA n’a pas encore l’étoffe d’une vraie autorité hippique), ont des spécificités propres à elles. Il faut impérativement en tenir compte pour que ne disparaisse pas ce qui est devenu historiquement un patrimoine.
Il ne faut pas – pour le moment du moins – que tout soit centré autour de l’élite, même si elle est la vitrine de nos courses. Lançons plutôt un débat éclairé sur toute la question et préparons l’avenir au lieu de détruire le présent. Tuer les petites écuries, ce serait inviter la mort des courses elles-mêmes.
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