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Du calme ! Du calme !
Il est quand même incroyable ce Trump ! Il est capable de se mettre à dos ses meilleurs alliés du G7, de demander en parallèle que ses «partenaires» réintègrent la Russie dans le G8, sans sourciller, ni se soucier des raisons ayant mené à l’ostracisme de Poutine au départ, soit la Crimée et, puis, comme ça, dans une pirouette déroutante, de signer un accord des plus flous avec un des grands dictateurs du monde, lui donnant ainsi la respectabilité recherchée, tout en lui faisant des compliments presque obscènes et des concessions incompréhensibles.
Je vais être bon prince ! Je comprends que pour sortir de situations bloquées, il faut parfois la cabriole de l’inattendu, prendre des risques, dialoguer avec l’ennemi. Mais Trump peut-il comparer Kim à Gorbatchev au vu des risques qu’il a pris et que ses prédécesseurs ont déjà pris plus d’une fois (notamment Clinton) pour être finalement totalement désavoués ?
Pire ! Quelle est donc la logique de signer un document d’une page et quelques lignes de souhaits avec le dictateur de la Corée du Nord, puissance nucléaire réelle et d’en faire un «jour historique» qui «élimine tout risque nucléaire» selon lui alors, qu’en parallèle, on peut déchirer un accord circonstancié de 159 pages (plus annexes) qui mettait un terme, au moins jusqu’en 2031, à la POSSIBILITÉ de l’arme nucléaire en Iran. Il faudra qu’on m’explique cette logique !
Jusqu’à preuve du contraire, il se conduit comme si Poutine l’avait, au moins en partie, en laisse, semble préférer la compagnie de dictateurs à celle des démocraties libres, paraît surtout prendre plaisir à désavouer Obama et semble être motivé par le tape à-l’œil, le spectacle, le «happening» plutôt que le travail dur et méthodique. La rencontre de Singapour, si elle se concrétisait en une dénucléarisation «totale, vérifiable et irréversible», sera l’accomplissement du siècle ! Et que l’on soit bien clair ici. Même si improbable, ce n’est pas impossible !
Comme ce n’est toujours pas impossible que l’on règle éventuellement la paix au Moyen-Orient grâce aux bons offices de Jared Kushner, le gendre de Trump…
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Autant on doit garder l’esprit ouvert sur la péninsule coréenne, tout en jugeant improbable que la paix n’y éclate sans heurts et sans coûts, autant on doit juger improbable la décision d’installer 4 000 caméras dans le pays pour, nous le déclare-t-on, aider à surveiller le banditisme.
Au lieu d’investir dans ce réseau de caméras et leur maintien annuel, ce qui rapportera entre Rs 650 et Rs 820 millions par an à Mauritius Telecom (MT), on aurait pu, à la place, économiser l’investissement de départ, ainsi que ce que l’on va payer tous les ans à MT et investir ces sommes pour amoindrir les facteurs qui mènent finalement au banditisme. On aurait pu ainsi investir dans une meilleure éducation dans des quartiers défavorisés, mieux former nos jeunes a des métiers porteurs, voire pratiquer… la méritocratie. En parlant d’investissement de départ, le Hansard du 15 mai (page 60, réponse de SAJ à M. K. Ramano) nous rapporte qu’à la question : «Quel est le montant du ‘loan’ contracté par MT et sur quelle durée ?», SAJ répond «I mentioned the figure, Rs 416.7 M.» C’est ce chiffre de prêt de l’EXIM Bank of China, d’ailleurs garanti par le gouvernement, que beaucoup ont pris pour de l’argent comptant. Or, il est faux ! Car, c’est seulement le chiffre payé par la police à MT pour la seule première année de location. En effet, l'«operating lease», sur 20 ans, va coûter à la police (et rapporter à MT), $ 456 M, soit Rs 14,6 milliards ! On peut soupçonner des profits inavouables à MT, ou bien pire, mais il est impossible de rembourser Rs 14,6 milliards pour un réseau de surveillance qui coûte seulement… Rs 416,7 millions ! Tout de même !
SAJ got it wrong…
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Une sacrée levée de boucliers contre le projet de «vente» de passeports ! La réaction émotionnelle, enrobée de dignité est que nous serons ainsi un pays sans amour-propre, sans fierté, rabaissé par le désespoir, alimentant notre image de république bananière. Je ne suis pas entièrement d’accord !
D’abord, ce pays a besoin d’investissement et dépend essentiellement des étrangers pour, au cours des années à venir, doper le pouvoir d’achat local sur lequel quelques projets majeurs dépendent, alors que notre démographie recule. On peut ne pas être d’accord avec les choix économiques faits (dans lequel cas, il faut quand même aussi proposer les plans alternatifs qui assureront la croissance et les emplois au niveau souhaité par la population ! Où sont ces alternatives ?), mais Il n’y a aucune manière d’assurer ne serait-ce qu’une once de chance aux projets de Smart Cities et d'IRS en chantier, par exemple, si nous n’accueillons pas plus d’étrangers à bras ouverts !
Nous ne sommes, d’ailleurs, pas les premiers à «vendre» notre citoyenneté. L’Autriche accorde un passeport, réputé 4e meilleur au monde (171 pays rendus accessibles sans visa) contre un don non remboursable de $ 2 à 4 M ou un investissement privé de $ 10 M. Le programme EB5 des États-Unis offre la green card, qui mène au passeport, pour un investissement de $ 1 M (et dix emplois) ou même de $ 0,5 M dans une région «défavorisée». La Bulgarie demande $ 1,2 M, mais, comme Chypre, va jusqu’à rembourser l’investissement éventuellement… Le passeport de Malte se paie $ 1,85 M et comme le 8e plus valable au monde (166 pays sans visa) permet de vivre et de travailler n’importe où dans l’UE et même en Suisse. Fait intéressant, Malte impose un plafond de 1 800 passeports à son programme… faites le calcul. Plus, dans notre catégorie, citons, Ste Lucie, la République Dominicaine, Antigua, la Grenade… qui «vendent» aussi leur passeport.
Tous ces programmes demandent de satisfaire quelques critères minimums et, à l’ère du KYC, demandent à l’acheteur de passeport de faire certifier la légitimité de ses fonds d’origine.
Le programme proposé par Maurice n’en dit pas moins ! Aux paragraphes 107 et 108 du discours du Budget, on dit clairement que l’EDB va gérer deux «schemes», l’un pour obtenir la citoyenneté, l’autre pour obtenir un passeport et que l’étranger en question devra satisfaire «defined criteria and… due diligence».
La clé évidemment (et c’est ce qui nous fait peur…), c’est que nous fassions moins que diligence avec nos vérifications et que nous soyons aussi accommodants que dans le cas Sobrinho (sauf pour René Leclézio et Me Maxime Sauzier !). Notre problème c’est donc que nous n’avons plus confiance au vu des précédents établis !
Je ne connais pas le nombre de pays auxquels le passeport mauricien donne un droit d’entrée sans visa, mais l’offre actuelle de passeport ne sera définitivement pas la plus compétitive sur le marché mondial, mais devrait aider le pays, si bien géré. Tous les étrangers ne sont pas des clones de Sobrinho, c’est sûr ! La grande majorité de ceux qui s’installent au pays aime ici, travaille, ajoute de la valeur, crée de l’emploi, apporte de nouvelles idées. Nous avons besoin d’eux. Nous nous devons de les accueillir. Et s’il se trouvait, à l’occasion quelques bandits parmi eux, pourquoi s’exciter ?
Allons-nous prétendre que nous n’en avons jamais eu, nous, de bandits mauriciens ? Lisez le journal !
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