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Ethnicité: Le pié banane et la réforme électorale

17 juin 2018, 18:01

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Les élections générales approchant à grands pas, et le délai imposé par la Cour suprême sur la demande de Rezistans ek Alternativ sur le besoin des candidats à décliner leur communauté aux élections générales, suivant le même chemin, revoilà l’accélération de la demande au gouvernement de passer à une réforme électorale. Si cela semble être un besoin plus que nécessaire dans la conjoncture actuelle, il est plus qu’important de se demander à quelle réforme aspire la population. Aussi si les politiciens ne ratent aucune occasion pour avancer leurs idées sur la question, l’électorat mauricien, quant à lui, nage-t-il dans la grande passivité qu’on lui connaît, sauf en privé, où il peut émettre des idées révolutionnaires sur la question, pour faire de la gestion des affaires de la nation une véritable réussite.

Les élections générales de 2014 nous donnent la preuve jusqu’où peuvent aller les politiciens pour assouvir leur rêve de pouvoir, sans tenir compte des intérêts de la nation. Malheureusement même si l’électorat avait à cette occasion montré qu’il ne se laisserait pas berner par ce subterfuge, cela nous a conduits à la situation que nous connaissons aujourd’hui, en grande partie en raison de notre système électoral existant. Ce système demande au votant de voter pour trois candidats qui seront élus députés selon la règle du First Past The Post. Depuis bien avant l’Indépendance, les politiciens ont bien su tirer avantage du fait qu’une forte partie de l’électorat ne savait pas voter, si ce n’est qu’en leur demandant de mettre une croix auprès du symbole du parti pour lequel il allait voter. Cette situation a-t-elle évolué depuis ?

Obligation

Évidemment avec l’éducation qui a bien évolué de nos jours, un bon nombre de ceux qui étaient incapables de faire preuve de rationalité à l’époque, peuvent maintenant raisonner à juste titre et faire preuve de justesse dans leurs réflexions. Mais il existe encore aujourd’hui certains électeurs qui sont toujours dans la même situation qu’autrefois. Pour eux, une élection est toujours courue d’avance. Ils se laissent facilement prendre par les discours, sous forme de lavage de cerveaux des premiers politiciens qui les accostent pour leur conter fleurette sur leur besoin, voire leur obligation, de voter pour le parti de ces politiciens, en leur promet- tant de défendre leur communauté ethnique ou leurs intérêts financiers contre un petit dessous-de-table (bribe). Et le tour est joué. Tout le reste de leur vie, ces malheureux ne sauront voter que pour le parti qui les aura convaincus au point où selon la croyance populaire «mem si met enn pié banan zot pou vot pou li».

Qui, parmi ceux qui demandent une réforme électorale, a pensé à, d’abord, enrayer cette situation où un bon nombre d’électeurs se font prisonniers ou esclaves d’un parti politique ? Cette affirmation peut être confirmée par le fait que même dans les partis politiques, il y a le leader et les autres. Ces derniers tout aussi intelligents qu’ils peuvent être, se font eux aussi esclaves de leur leader. Le moindrement qu’ils oseront contester le diktat du leader et de ses esclaves, ils finiront par être expulsés du parti. Si jamais par la suite, l’un ou l’autre décidait de rejoindre un parti adverse, il serait considéré comme un transfuge même si avant de se joindre au parti qui l’expulse, il avait été membre d’un autre parti, et il n’était alors pas un transfuge. Tout cela fait qu’avant même qu’il y ait un scrutin, le jeu est faussé.

Une réforme électorale est une obligation dans de telles conditions. Mais faut-il laisser cette réforme exclusivement entre les mains des politiciens ? Souvenons-nous de la tentative à la va-vite du tandem Ramgoolam-Bérenger en faveur d’une nouvelle République avec un président avec certains pouvoirs, dont celui de dissoudre le Parlement au nez et à la barbe du Premier ministre, comme dans une République présidentielle. Reste à se demander si cette fois encore l’électorat restera passif ou si pour une fois il devancera les manœuvres politiciennes et exigera d’être partie prenante de toute décision qui conduira à une réforme électorale. Une vraie réforme devrait permettre à chaque électeur de pouvoir dire ce qu’il pense des candidats qui lui seront proposés comme candidats au futur scrutin. Et chaque candidat devrait avoir l’appui certifié d’environ disons 300 électeurs de la circonscription où il espère briguer les suffrages, pour se qualifier comme candidat. Cela nous évitera la farce de la dernière partielle de Quatre-Bornes où pas moins de 40 candidats briguèrent l’unique siège vacant. Ne dit-on pas que trop de démocratie tue la démocratie !