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Parlons peu, parlons bien !

8 juillet 2018, 09:10

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Parlons peu, parlons bien !

 

Cette semaine, l’étalage de ce que la presse appelle «une grande première» à l’université de Maurice : trois syndicats s’unissent pour prendre position contre celui qui prend des décisions, c.-à-d. le vice-chancelier. Reproche ? Que ce dernier fasse un «one-man-show» et prenne des décisions unilatérales, sans consulter les différents syndicats ! Qu’à cela ne tienne, le reproche principal semble être, pourtant, que : «Nos opinions sont, la plupart des fois, ignorées», dit Mme Preethee Gonpot, présidente de l’University of Mauritius Academic Staff Union, qui semble négliger le fait qu’on ne peut ignorer l’opinion des syndicats que s'ils ont été d’abord… consultés ! M. Iqbal Sookhoo n’en dit pas moins en se plaignant que les décisions prises au conseil «ne représentent pas l’opinion des syndicats»…

Dans toute organisation qui se respecte, les décisionnaires ont intérêt à entendre l’opinion de ceux qu’une question concerne. Cependant, ce serait une abdication de responsabilités si le décisionnaire, ayant entendu, s’il y a lieu, les points de vue, ne prenait pas, «in his own deliberate judgement» et pour le bien général de l’entreprise qu’il dirige, une décision indépendante. Il est payé pour, d’ailleurs ! Les syndicats représentent leurs intérêts étroits, à eux. Suivre tout ce qu’ils prescrivent, c’est ignorer le bien commun de l’université. Je ne connais pas les raisons pour lesquelles des examens ont été tenus dans le gymnase ou celles ayant mené à la remise des diplômes sur un terrain de football, mais cela mérite-t-il vraiment une dénonciation par conférence de presse ou est-ce tout simplement le symptôme que les responsables de trois syndicats, dont le tour de taille est peut-être révélateur, par ailleurs, sont gênés quand le statu quo est bousculé et qu’il ne l’est pas par eux ?

Ces trois syndicats ne semblent pas bien comprendre leur rôle et veulent usurper celui des décisionnaires, menaçant même des «actions collectives». Est-ce ainsi que vivent les syndicats du secteur public ? Ça promet pour les réformateurs !

 

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 Les femmes ont été, une fois encore, à la une cette semaine, mais ce n’était pas parce qu’elles étaient tabassées, mais parce qu’elles ont été exclues d’un dîner officiel. Il s’agissait, notamment, d’un repas en l’honneur du ministre de l’intérieur de l’Arabie saoudite, pourtant porteur de 5,3 milliards de roupies pour divers projets mauriciens. L’occasion aurait dû être celle d’un triomphe pour l’homme à la base de cette visite, mais au contraire, son excès de zèle lui a valu d’embarrasser son gouvernement et le pays. Soodhun imposait ainsi une exclusion, ici, qui ne cadre même plus avec la tendance plus libérale de l’Arabie en faveur des femmes.

Entendons-nous ! Les hommes sont libres de se rencontrer entre hommes, pour un match de foot, par exemple. Les femmes sortent souvent «entre femmes». Pensez hen parties. Mais ne pas inviter des collègues ministres, PARCE QUE femmes ou renvoyer des journalistes féminins pour tenter de plaire aux Saoudiens ? Mince alors !

 

En parlant de quoi, je ne comprends pas que l’on puisse supposer un «acharnement continuel» de l’express contre l’islam depuis le ramadan 2018. Car ce n’est tout simplement pas vrai et cette perception, ce sentiment de «victimisation», ne se ressent que si l’on néglige totalement le fait que les événements eux-mêmes auront dicté que des musulmans ont été plusieurs fois dans l’actualité, non pas nécessairement parce qu’ils étaient musulmans, mais parce qu’ils étaient devenus d’intérêt public à titre de citoyens situés dans l’événement. C’est ainsi que le citoyen Meetoo s’insurgeait contre les citoyens LGBT, qu’une citoyenne de 13 ans mourrait mariée et enceinte, que le hawala se retrouvait au centre de l’actualité après une arrestation et qu’un dîner officiel «tout mâle» pour un prince saoudien était à mettre au compte d’un excès de zèle de l’ancien ministre Soodhun à qui on demandait pourquoi, passait d’ailleurs la balle (bien) plus haut, en déclarant «al dimann bondié» ! Le fait journalistique d’intérêt n’est donc pas la religion musulmane, mais respectivement la liberté des citoyens dans leur vie privée, le mariage et/ou les relations sexuelles de mineures au vu des lois du pays, les grosses sommes d’argent qui pourraient heurter les dispositions de la FIAMLA ou encore la mauvaise inspiration de Soodhun d’ostraciser les dames par excès de zèle.

À un ami musulman qui me soulignait le contraste du cas de Ruwaidah avec celui de la petite Aurélie, enceinte à 12 ans et qui générait non l’opprobre mais à l’opposé, selon lui, la compassion, il est important de souligner que la victime méritant commisération dans les deux cas, c’est la mineure, et que la tempête, par contre, doit être pour ceux qui auraient approuvé, toléré ou commis l’acte sexuel avec mineur, ce qui est proscrit par les lois nationales.

Cependant, notre nouvelle sur la cérémonie de la Doha Academy sur lexpress.mu pour la seule raison que cette cérémonie séparait hommes et femmes tiendrait moins la route, puisqu’il s’agit là de la vie privée de tiers, de normes culturelles différentes auxquelles les invités peuvent librement accepter ou refuser de se soumettre. Demander au ministre de l’Éducation de parler à travers un écran plutôt que directement, parce que femme, ne me paraît ni malin, ni bien motivé, mais comme le disait un bloggeur, réclamer le «live and let live» pour les LGBT n’engage-t-il pas le «live and let live» pour les autres, tant que la loi du pays et les symbolismes et les engagements de l’État laïque sont respectés ? La question est complexe, comme pour toutes les religions d’ailleurs, mais rassurons qu’il n’y a pas de volonté de persécution dans nos motivations. Le débat raisonnable reste donc ouvert.

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 À chaque fois qu’il y a une initiative, il y a forcément des individus pour s’élever contre *. Et invariablement, ce sont eux qui se font entendre, pas ceux qui sont pour. Ou plus nuancés. Ou indifférents. Je déclare, donc, être pour Krouink, la mascotte des Jeux des îles. Bon pedigree local, un brin puéril, foldingue à souhait. Imaginez seulement les gradins scandant bientôt «Krouink», sur une partition islandaise !

*Relire aussi «Je suis contre !» de KCRanzé, 11/12/2016