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Top 100: Plaidoyer pour la libre entreprise

17 juillet 2018, 12:31

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Mesdames, messieurs --

Je vous remercie pour votre présence à cette tout première réunion des partenaires de Top 100. Le prétexte était tout trouvé : le 50 eme anniversaire de l'indépendance du pays. Et Le 26eme du Top 100, puisque les fondateurs de ce classement n'ont pas choisi de débuter.....un an plus tard.

Le but plus précis était de réunir les entreprises et les annonceurs qui depuis 26 ans, donc, participent à l'aventure de Top 100 , lui permettant de grandir, de se sophistiquer et de mieux répondre a vos aspirations et à vos besoins d'information et de vous remercier chaleureusement pour votre confiance.

Nous célébrons, en fait, ce soir, l'entreprise ! Ces entreprises libres qui constituent l'essentiel de notre économie : 72% de l'emploi, un peu plus de 77% du PIB ! A Business Magazine, à l'Express et à la Sentinelle en général, nous croyons, avec conviction, depuis toujours, à la libre entreprise et au pouvoir du libéralisme économique de galvaniser les forces créatrices nécessaires pour faire avancer le pays et sa population.  Il n'y a d'ailleurs plus grand choix sur la question. La Chine, partant de l'extrémité  socialiste de l'équation, s'y est mise depuis presque 30 ans maintenant. Manmohan Singh en Inde, ainsi que ses successeurs, a obtenu juste un peu moins de résultats en libérant l'économie indienne d'une partie de ce que la BBC appelait la pire bureaucratie d'Asie. Résultat de cette poussée de néo-libéralisme mondialement ? La chute de la «pauvreté absolue» de 42% en 1981 à 9.1% en 2016, ce qui est absolument extraordinaire, même si complètement occulté par les Trump et les Farage de ce monde, ainsi que leurs partisans, puisqu'ils y perdent, au change, quelques points, tout relatifs d'ailleurs.

Le secteur public doit , on s'entend,  idéalement s'occuper d'infrastructure,  soutenir les plus faibles à travers le welfare state et  réguler le secteur privé, mais il n'a jamais été particulièrement connu, même s'il y a des exceptions, pour produire ou pour gérer l'outil économique de manière crédible et profitable. Dans son rôle de régulateur, il y a de toute manière un équilibre à trouver entre le «trop» qui étrangle plus d'initiatives que nécessaire et le «pas assez»  qui permet aux entreprises privées, ou du  moins à celles d'entre elles qui sont moins auto-disciplinées ; de déraper, d'abuser  ou de devenir anarchiques. Alors, les médias, inévitablement, parlent plutôt des dérapages, ce qui plombe en consequence l'image du secteur privé néolibéral, même si, en même temps, cette couverture mediatique agit, plus positivement, comme un rappel à ce que doit être la bonne conduite des affaires.

Dans une économie mixte, le «sweet spot» se cherche constamment évidemment et à Maurice, il faut clairement reconnaitre que nous n'avons pas trop mal réussi, puisque sinon nous serions encore dans la catégorie des pays relativement ratés, avec un PIB/ tète de moins que nos 9,800 $ actuels. Par contre, nous avons aussi loupé de nombreuses occasions de faire mieux encore, depuis l'indépendance. De fait, nous ne pratiquons toujours pas assez la méritocratie, péchons par manque de gouvernance, sommes plutôt mal vus sur les échelles de corruption   étant 54eme mondial. Nous avons toujours un pays qui doit composer avec  son challenge démographique en améliorant grandement  son accueil aux étrangers, un pays qui a peur des réformes profondes nécessaires a la pension nationale et  a son welfare state, qui devraient être ciblés, pour pouvoir être améliorés. Nous chérissons  tous un pays qui se doit  tout autant d'améliorer sa productivité ambiante que son éthique du travail dans de nombreux secteurs, ainsi que sa bureaucratie souvent dysfonctionnelle, si nous voulons encore progresser. Nous avons un port un peu paresseux. Nous sommes au moins négligeant avec notre écologie. Nous avons un environnement scolaire moins que stimulant pour tous. L'interventionnisme gouvernemental gagne du terrain d'un gouvernement a un  autre / et mine ainsi l'indépendance d'action d'institutions pourtant vitales pour le pays  Tout cela coûte. Tout cela pèse. Tout cela handicape. Tout cela compromet notre avenir....

Chevauchant des cycles immuables et peut être prévisibles, de grands courants se sont dessinés au cours de ces dernières années contre le libéralisme et contre la globalisation, au motif que tous ne profitent pas à la même cadence, même si, /et c'est limpide, / tout le monde ou presque en profite évidemment. Ces courants ont engendré des réactions violentes contre les experts, l'establishment, les immigrés, les grands traités commerciaux, l'intelligentzia. Ces courants ont parfois engendré des monstres d'un autre type : Le Pen, Farage, Trump, Orban, Salvini. Les extrêmes de richesse et les inégalités criantes ne sont, pour plusieurs raisons, évidemment pas souhaitables dans aucune économie. La nôtre, avec le salaire minimum, la taxe négative, et bientôt la taxe à 10% jusqu'à Rs 650,000 de revenus, a déjà aidé à renverser le coefficient de GINI et c'est tant mieux. Le reste du chemin viendra de productivité accrue et de meilleure formation scolaire ou technique.

Il est clair que la difficulté principale du leadership politique reste constamment de trouver le bon équilibre entre la récompense consentie à l'initiative privée et le soutien à la communauté qui en profite moins directement. Garrottez l'initiative privée et vous cessez d'irriguer votre économie avec ce qu'elle a de plus vivifiant. Basculez vers trop de soutien social inconditionnel et vous ramollissez votre peuple et finissez comme le Venezuela. L'important, c'est forcement la dose et jusqu'ici notre économie mixte a plutôt bien fonctionné. Et notons, svp comme le disait Macron récemment, qu'il est mensonger de dire que l'on peut aider les salariés, si les entreprises, elles, ne vont pas bien ....

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Il y a 26 ans, en avril 1992, le numéro inaugural de Business Magazine arrivait sur le marché, à l'initiative de Lindsay Rivière, soutenu par Bernard Mayer,  Jean Paul de Chazal et le regretté Robert Bigaignon. Ce premier numéro incluait le premier Top 100.  Le défi était conséquent ! Les compagnies mauriciennes étaient alors, encore largement frileuses a l'idée de révéler leurs chiffres. C'était l'époque ou il fallait déculpabiliser la notion de profit et faire éclater les vieux réflexes de méfiance et de suspicion maladive. Le groupe Lagesse, aujourd'hui métamorphosé en groupe IBL était le grand absent de cette première consolidation qui voyait Rogers en tète suivi de Air Mauritius, Ireland Blyth, Currimjee Jeewanjee (qui ne révélait pas, c'était déjà le cas, sa profitabilité) et Shell (Mauritius). Les photographies de 1992 d'un jeune Hector Espitalier Noël, d'un jeune Rama Sithanen alors ministre des Finances , d'un jeune Paul Jones, d'un jeune Arnaud Dalais, ou d'un jeune René Seeyave nous rappellent le temps écoulé et le besoin constant de rajeunir et de renouveler et de remplacer – ce que les politiciens du pays font bien mal et que nos compagnies privées ne font pas assez bien...

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Je terminerais, avant de passer la parole à Madame le vice-Premier ministre qui nous a fait l'honneur d'être avec nous ce soir, avec ce que l'on peut appeler une litanie légèrement philosophique qui, dans le contexte économique actuel, nous rappelle bien les options que l'humanité a essayé au cours des âges, avec divers degrés de réussite. Cette litanie, que vous connaissez peut être, démontre qu'à la Sentinelle, nous ne sommes pas neutres sur la question. Elle s'égrène comme suit :-

L'ANARCHIE c'est quand vous avez deux vaches, et ou vos voisins vous tuent et prennent vos vaches si vous ne vendez pas le lait a un prix qu'ILS jugent raisonnable

En DEMOCRATIE DIRECTE, vous avez deux vaches et ce sont les voisins qui décident QUI va recevoir le lait

Dans un système SOCIALISTE, l'état prend une des vaches et la donne à tiers

Dans un système COMMUNISTE, par contre, l'état prend les deux vaches et vous donne du lait ...

Si vous êtes dans une économie avec une BUREAUCRATIE ETATIQUE DOMINANTE, et que vous avez deux vaches, l'état les récupère toutes les deux, en tue une par accident et renverse tout le lait dans le caniveau....

Par contre, si vous vous retrouvez avec deux vaches en système de CAPITALISME LIBERAL,  vous en vendez une et vous achetez un taureau, que vous prenez aussitôt par les cornes pour assurer une.......... prochaine génération de vaches laitières !

Voilà tendrement illustré, notre credo pour l'entreprise libre !

Je vous souhaite de passer une bien agréable soirée en notre compagnie, en vous rappelant a tout moment pourquoi et avec qui (pas contre qui ... mais AVEC qui) il faut se battre pour préserver notre économie mixte et libérale !

Madame le vice-Premier ministre ......si vous le voulez bien .....

(Discours prononcé par Philippe A. Forget, Chairman du groupe La Sentinelle, le lundi 16 juillet lors du dévoilement du classement annuel des Top 100 Companies à Ebène)