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Réformer l’ONU

8 septembre 2018, 07:39

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Quelle semaine ! Un vent de patriotisme a soufflé non seulement sur Maurice, mais aussi sur l’ensemble du continent africain. La cause chagossienne a également permis de démontrer la solidarité des autres pays du Sud (hormis l’Australie) face à l’élite du Nord. Et d’une seule voix, ils ont dit non au colonialisme, ou au néocolonialisme.

Un demi-siècle après notre Indépendance, il nous faut nous rendre à l’évidence : dans l’affaire des Chagos, les Britanniques et les Américains n’ont jamais joué cartes sur table. En fait, ils n’ont rien à faire des larmes de Liseby Élysé. Seuls leurs intérêts stratégiques importent. Et ils savent que ceux-ci seront sauvegardés tant que le Conseil de sécurité de l’ONU et le droit de veto des cinq membres permanents (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine et Russie) n’évoluent pas.

Face aux «dirty tricks» des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, on aurait voulu voir, au sein de la délégation mauricienne, outre les Jugnauth, les anciens PM, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, et aussi des juristes mauriciens, comme Dhiren Dabee ou sir Hamid Moollan, tous unis pour une même cause nationale ; celle de récupérer une partie de notre territoire, excisée de manière illégale, en pleine guerre froide. Mais la realpolitik mauricienne et les ego des leaders constituent notre talon d’Achille. C’est la faille numéro un.

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Comment, en 2018, rationaliser l’incongru qui fait que la Grande-Bretagne revendique des îlots qui sont si éloignés de l’Europe et si rapprochés de nous ?

Face à l’envergure internationale des condamnations, le Mauricien lambda a compris que les enjeux de ce conflit mauriciano-britannique dépassaient, jusqu’ici, son entendement. Les discours de La Haye lui ont rappelé le combat de David contre Goliath. Dans ce combat mythique entre forces inégales, c’est le plus faible qui gagne alors que le plus fort finit, le plus souvent, par mordre la poussière. Mais restons lucides : la victoire risque d’être morale uniquement.

La cruelle vérité, faille numéro deux, c’est que l’ONU n’a pas de grand pouvoir dans la vraie vie ! On y va chaque année, dans un cadre feutré, faire un discours qui ne change pas grand-chose à la marche du monde. L’ONU est en fait paralysée par les puissants qui détiennent les cordons de la bourse – Donald Trump est venu asphyxier davantage l’ONU.

Nous vivons – et nous mourrons – dans un monde où la justice internationale se plie, comme du papier cadeau, face aux puissants. De Javier Pérez de Cuéllar ou Boutros Boutros-Ghali à Antonio Guterres, en passant par Kofi Annan et Ban Ki-moon, les SG de l’ONU ne peuvent que regretter les insuffisances des Nations (dés)unies. Depuis 1945, le monde a changé – le mur de Berlin est tombé, Fidel est mort. De temps en temps, dans les forums internationaux, on exprime des regrets sincères face aux morts qui se ramassent à la pelle, par exemple en Syrie ou en Libye. On aura beau discourir, mais au fond cela ne servira pas à grand-chose si on ne réforme pas l’ONU. Tout restera facultatif, voire académique. Mais pour un pays, comme le nôtre, qui n’a pas d’armée, c’est déjà pas mal, n’est-ce pas ?