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Pas d’avenir commun dans une société inégalitaire

24 octobre 2018, 08:41

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49e place au niveau mondial et premier en Afrique. À quel point Maurice est-il compétitif ? Suffisamment pour offrir à ses citoyens des opportunités et des chances égales? Ces questions s’imposent après la publication, la semaine dernière, du rapport sur la compétitivité par le Forum économique mondial.

Pour prendre pleinement la mesure de ces interrogations, il est nécessaire de les inscrire dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale du refus de la misère. Ces deux événements ayant eu lieu le même jour, soit le 17 octobre, il est difficile de les dissocier. D’autant plus que le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a rappelé à cette occasion «que l’élimination de la pauvreté n’est pas un acte de charité, mais une question de justice». Des propos qui rejoignent ceux du fondateur du Forum économique mondial à l’adresse des dirigeants de la planète en début d’année.

Aux participants du forum de Davos, Klaus Schwab devait rappeler que 10 ans après la crise financière, le monde guette à nouveau l’avenir avec optimisme. Toutefois, ce retour de la croissance n’a pas empêché l’émergence d’une crise sociale mettant en exergue un monde fracturé.

Les faits de société à Maurice sont là également pour nous rappeler les effets pervers de la précarité et son impact potentiel sur le tissu social. Pour y remédier, la prescription du fondateur du Forum économique mondial est toujours d’actualité. Il relève que depuis 2008 des actions concertées et des programmes d’assouplissement quantitatifs ont aidé des économies moribondes à rebondir. Dès lors, il se demande pourquoi ne pas apporter un soutien similaire, mais cette foisci de Qualitative easing, aux sociétés qui luttent pour s’adapter aux réalités d’un monde en pleine mutation. En d’autres mots, sa proposition invite à concentrer équitablement les efforts sur la quantité, mais aussi sur la qualité de la croissance.

Un tel changement de paradigme implique des choix audacieux. Or, c’est ce qui nous manque pour aborder un nouveau tournant : du courage et de l’audace. Un rapport de la Banque mondiale intitulé Inclusiveness of Growth and Shared Prosperity mettant en lumière la hausse des inégalités dans les revenus des ménages devrait réveiller les consciences quant au risque majeur associé au statu quo. Selon ce document, l’incidence de la pauvreté absolue aurait chuté de moitié entre 2007 et 2012 si la croissance avait été mieux répartie et les inégalités contenues.

Certes, après s’être creusé de 16,4 % entre 2001 et 2015, le coefficient de Gini a pris depuis peu une direction opposée, mais le problème demeure notre modèle économique. Malheureusement, il n’est pas d’une grande efficacité pour sortir les plus vulnérables de la pauvreté ou encore pour assurer une meilleure redistribution de la richesse nationale.

La Banque mondiale estime d’ailleurs que l’écart entre les revenus des 10 % des ménages les plus pauvres et les plus riches s’est creusé pour atteindre 37 % de 2001 à 2015. Ce signal d’alerte appelle à une réflexion profonde sur notre devenir commun. À moins de ne pas l’entendre !