Publicité

1914-1918

11 novembre 2018, 09:33

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Tout part en vrille le 28 juin 1914 quand un terroriste serbe tue l’archiduc Ferdinand, héritier de la couronne austro-hongroise, et sa femme. L’étincelle de la Première Guerre mondiale, aussi appelée la Grande Guerre, survient à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, une possession de l’Autriche-Hongrie. Selon Heredote. net, «l’empereur autrichien François-Joseph 1er se dispose à donner une leçon à la Serbie. La Russie apporte son soutien à cette dernière, par solidarité slave. La France se sent obligée d’apporter sa garantie à la Russie. L’Allemagne, de son côté, se doit de soutenir l’Autriche… Et c’est ainsi que l’équilibre européen va être victime de ses systèmes d’alliance.»

L’épicentre est peut-être européen, mais par ricochet, le reste du monde est impacté, de manière irréversible. Pour l’historien Jean-Jacques Becker, cité dans Le Figaro, la Grande Guerre, les universitaires l’ont surtout développée sous l’angle de la stratégie, de l’histoire diplomatique et militaire, et aussi par rapport à la Seconde Guerre. «Pendant longtemps, on a concentré l’attention sur les ‘causes’ de la guerre dans le but de déterminer les responsabilités, et de fulminer l’anathème contre elles, vouer aux gémonies, accabler du mépris public les hommes ou les systèmes ainsi montrés du doigt.»

SOLDATS MOBILISÉS PAR MILLIONS 

Aujourd’hui, dans une Europe en crise identitaire, le message est rendu encore plus flou, voire incongru : les puissances hier opposées se trouvent entraînées, ensemble, dans la spirale d’un irréversible déclin, «la Grande Guerre a changé de nature : le kriegspiel planétaire dont l’attentat de Sarajevo avait donné le signal apparaît comme un inutile massacre, un suicide collectif, le naufrage de la civilisation européenne. Si la Première Guerre mondiale intéresse, c’est moins en tant qu’événement fondateur de l’Europe contemporaine que comme une épopée, qui avait porté à son paroxysme la douleur des hommes.»

***

En ces temps de rappel historique, il nous est difficile de faire l’impasse sur ce qui s’est passé il y a quelque 100 ans de cela en Europe avec des répercussions jusqu’au fin fond de l’océan Indien. Une guerre avant tout barbare : au moins 11 millions de morts sur les champs de bataille. Une guerre qui a déconstruit le vieux continent et qui a redécoupé bien des territoires et des circonscriptions. La France chapeaute les célébrations mémorielles.

Gonflé par le succès autoproclamé des élections de mi-mandat, Donald Trump est venu rejoindre nombre de ses homologues à Paris afin de commémorer ensemble le centenaire de la Première Guerre, et aussi et surtout afin de rappeler la solidarité des Américains vis-à-vis des Européens, lorsque ceux-ci sont en danger d’extermination, incapables d’assurer leur propre sécurité. Mais les affres de l’Histoire et de la guerre restent sensibles, et le président américain, sur sa mission de «Make America Great Again», n’a pas, alors pas du tout, apprécié les propos «très insultants» d’Emmanuel Macron qui a eu la maladresse d’évoquer la création d’une armée européenne, certes un vieux dossier, à pareil moment de commémoration «Le président Macron vient de suggérer que l’Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les États-Unis, la Chine et la Russie, mais peut-être que l’Europe devrait d’abord payer sa part à l’Otan que les ÉtatsUnis subventionnent largement !» a balancé Donald Trump.

Depuis, Macron, singulièrement agacé d’avoir été mal conseillé, tente de clarifier diplomatiquement son propos. Son entourage maintient qu’il ne parlait pas d’armée européenne mais de «cyberespace», cet espace pas encore délimité sur la Toile. Il y a 100 ans, les frontières physiques, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique ont été entièrement redessinées, des colonies ont été libérées faute de pouvoir continuer à alimenter – les Européens mouraient eux-mêmes de faim.

Cette commémoration est pour Macron l’occasion de revenir au cœur de l’Histoire mondiale à un moment où celle-ci a des résonances toutes particulières. «C’est à la fin de la Première Guerre que les nations se constituent et que se forgent les prémices de l’idée européenne. Mais si on a gagné la guerre, on a raté la paix…»

Et cette question qui taraude 100 ans après. L’Europe vit-elle une situation comparable à celle de l’entre-deux guerres avec la montée en puissance des leaders nationalistes ? Sont-ils, par nature, aussi belliqueux que les anciens dirigeants de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste ? Si les scores du FN en France donnent la chair de poule, la tentative de contrôler les troupes sur les réseaux sociaux vient rappeler que les frontières à conquérir ou à protéger sont aujourd’hui virtuelles. Et c’est aussi compliquer à gérer que les Tweets de Trump à deux heures du matin…

***

 Cyberespace, blogosphere, réseaux sociaux, cyberactivistes. La mémoire est reconstituée en permanence sur la Toile. Ces créations vont exister aussi longtemps qu’Internet existera. Le monde a ainsi changé. Dans ce fracas (pas fatras !) de données, il y a toutes sortes de travaux scientifiques ou artistiques, mais aussi des œuvres de propagandistes. Le réel côtoie l’irréel. Le vrai chemin à côté du factice. Parmi les rares archives filmées de la Première Guerre mondiale, les scènes s’avèrent, assez souvent, des reconstitutions, réalisées en marge des combats et de commémorations subséquentes. Par exemple, dans le fameux documentaire La Bataille de la Somme, tourné en 1916 par Geoffrey H. Malins et John B. McDowell, nous avons de vrais soldats dans de vrais uniformes qui font semblant de mourir. En fait, les caméras, les pellicules, les journalistes n’etaient pas encore adaptés à pareil environnement d’embrasement de violence. Et il avait aussi la censure gouvernementale pour que le public ne cède pas à la panique face aux envahisseurs nazis.

En parlant d’envahisseurs et de nazis, Macron gère une autre polémique qui a éclaté sur la Toile qu’il n’a pas pu contrôler. Le président a sorti aux Invalides, haut lieu des prouesses militaires, que le notoire Marechal Petain était, durant la Première Guerre mondiale, un «grand soldat». Cette déclaration ambiguë a soulevé la colère populaire de tous ceux qui pensent que Pétain devrait surtout être connu comme un traître de la République, eu égard à son rôle funeste durant la Seconde Guerre mondiale, où il a collaboré avec les nazis. Cette polémique nous rappelle le difficile rapport à l’histoire, surtout lorsque les données sont censurées, au nom des intérêts obscurs.

QUELQUES CHIFFRES…

<p>&nbsp;&bull; 6 millions de prisonniers.</p>

<p>&bull; 20 millions de civils sous un régime d&rsquo;occupation en 1915. Cette occupation, allemande, austrohongroise ou bulgare, concerne pour l&rsquo;essentiel la Belgique, la France, la Pologne et la Serbie. &bull; 10 millions de réfugiés dans toute l&rsquo;Europe, dont 1,5 million de Russes blancs fuyant le bolchevisme.</p>

<p>&nbsp;&bull; 3 millions de veuves et 6 millions d&rsquo;orphelins.</p>

<p>&nbsp;&bull; 1,3 milliard d&rsquo;obus tirés durant le conflit.</p>

<p>&bull; 10 milliards de lettres et colis entre les combattants du front ouest et leurs familles. Le coût de la guerre représente 3 à 4 fois le montant du PIB des pays européens, qui sortiront ruinés du conflit.</p>

<p>Source : Le Figaro</p>