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Analyse: Les marchés s’écrasent
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Analyse: Les marchés s’écrasent
Les trois indices principaux du marché boursier américain (Dow, S&P, Nasdaq) sont à nouveau en chute libre depuis le début de novembre. Ce qui n’est pas sans embêter le président des États-Unis, Donald Trump, qui, dès son arrivée au pouvoir, mettait tout en oeuvre pour «Make America Great Again», pour ramener les emplois, pour réanimer les secteurs secoués par la compétition internationale (aluminium, acier, voitures) ou mis de côté par son prédécesseur au nom de la transition vers l’énergie renouvelable (hydrocarbures, charbon). Au prix de déficits encore plus importants et d’endettements additionnels, Trump décrétait, de plus, un énorme cadeau fiscal, principalement destiné aux entreprises et aux très riches, qui était supposé aider à atteindre le même but : favoriser l’investissement et la consommation pour doper la croissance et, but secondaire, mater la menace économique chinoise. Trump désavouait aussi les accords multilatéraux et se lançait dans une véritable guerre commerciale à violents coups de taxes douanières. Les premiers résultats furent très bons, presque euphoriques même. Quand la croissance atteignait 4,2 % pour le 2e trimestre de 2018 (Obama avait tout de même atteint 5,1 % et 4,9 % en deux trimestres consécutifs en 2014), ce fut du pain bénit alimentant le message principal des mid-terms.
Puis… Pffft !
Au point où tous les gains boursiers de 2018 étaient, à la fin de la semaine dernière, complètement effacés. Les autres marchés boursiers leur emboîtent le pas. Les rendements des portefeuilles divers vont souffrir, dont les plans de pension. En parallèle, bonne nouvelle pour les automobilistes et Air Mauritius, le prix du baril de pétrole chutant lourdement d’environ 25 % par rapport aux pointes atteintes récemment. Le Brent s’écrasait ainsi à 62,40 $ et le West Texas Intermediate (WTI) à 54 $ le baril. Les cryptomonnaies, déjà secouées, s’écroulent un peu plus, puisque les spéculateurs désertent.
Qu’est-ce qui se passe ?
Comme toujours, plusieurs facteurs sont à l’oeuvre en même temps ! Quelques perspectives financières plus tempérées, notamment chez les titres phares que sont Apple, Google, Tencent, Facebook, sur des marchés surchauffés n’ont pas aidé, mais soudain les boursicoteurs les plus importants semblent avoir pris peur des conséquences des guerres commerciales et retranchent des fonds spéculatifs, ce qui a entraîné des chutes de cours. Les plus cyniques avancent que les amis de Trump ont peut-être même aidé à doper les indices boursiers jusqu’au 6 novembre seulement…
Pour le pétrole, le prix du WTI en progression pour atteindre un sommet de 76 $ le baril vers mi-octobre, a beaucoup stimulé la production, notamment américaine, ce qui, ajouté aux sanctions moins sévères que prévues contre l’Iran (la Chine et l’Inde font partie d’une liste de pays bénéficiant d’exemptions temporaires du boycott américain) et la décision américaine de ne pas punir l’Arabie saoudite pour l’assassinat de Kashoggi, a largement rassuré les marchés quant à l’offre et donc fait chuter les prix. Trump a même alimenté cette chute de prix en annonçant la perspective de sur-stockages massifs.
Les initiatives de Trump bouleversent certes, mais on ne sait pas exactement quelles en seront les retombées, ne serait-ce que jusqu’en 2019. Une indication se fera peut-être valoir quand Trump rencontrera Xi, le président chinois, en Argentine, fin novembre, lors de la réunion du G20 ?
Deal or no deal ?
Si la guerre commerciale se poursuit (et n’oublions pas que la guerre d’espionnage industriel est nettement plus difficile à résoudre), la croissance mondiale va souffrir et les marchandises que nous importons avec un appétit grandissant vont alors peut-être coûter moins cher, comme le pétrole ?
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