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BoM: les dividendes de l’incompétence

18 décembre 2018, 07:52

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Les chiffres sont officiels. On l’écrit depuis plusieurs mois : après une période d’embellie qui aura duré quatre ans, les comptes de la Banque centrale sont à nouveau dans le rouge. Nous avons désormais la confirmation : le dernier rapport annuel révèle des pertes de Rs 587 millions – contre des bénéfices de Rs 561 millions durant la même période en 2017. Bien évidemment, l’on va nous dire que la mission de la Banque centrale n’est pas de faire des profits, contrairement à une banque commerciale. Mais cet argument ne tient pas la route. Surtout quand on voit le mismanagement et le clientélisme politique qui consument, à petit feu, la Bank of Mauritius Tower. Et notre argent avec !

Expliquons-nous. Quand on est assis sur des réserves (Forex Reserves) d’environ USD 6 milliards – soit quelque Rs 200 milliards, qui représentent une somme phénoménale pour une petite économie comme la nôtre – on devrait mettre toutes les chances de notre côté. On ne gère pas une telle fortune comme si on roulait les Casinos de Maurice. Si on s’y investit sérieusement, avec des instruments modernes et un personnel motivé et capable, on devrait pouvoir réaliser des profits, ou au moins break even quand le contexte économique s’avère difficile. Cette année, la page 146 du rapport annuel n’indique, contrairement aux années précédentes, aucun sou de profit qui irait dans les caisses de l’État.

On ne peut pas passer sous silence que la Banque centrale produisait un bilan positif entre 2014 et 2018. Jugezen par vous-même : les revenus (interest income) des foreign assets étaient de Rs 0,69 milliard en 2014, ils ont augmenté jusqu’à Rs 1,03 milliard en 2015 avant d’atteindre Rs 1,59 milliard en 2016. En 2017, les revenus atteignent Rs 3,15 milliards. Après six mois d’un management Lepep, ou 100 % Lakwizinn, la courbe redescend à Rs 2,85 milliards…

Avec le trio Googoolye-Padayachy-Punchoo, la BoM Tower n’arrive manifestement pas à trouver ses repères, encore moins à bien gérer notre argent. Au contraire, les dépenses sont en hausse, dont une bonne partie est engloutie par des voyages, salaires, compensations MPC et per diem surdimensionnés. Les détails croustillants, surtout eu égard au Top Management (p. 172, note 23 par exemple), sont soigneusement dissimulés dans ce rapport annuel – une véritable opération cosmétique de haut vol. «The accounting has been made so complicated so that no one can understand (…) In the balance sheet several items are lumped into one (…) Returns and interest income are not the same. The Bank of Mauritius needs to be transparent on performance. It makes no sense that almost all the money generated on the reserves goes to pay cost of monetary policy and salaries of Governor and his deputies», observe un auditeur qui a passé en revue le rapport annuel.

On le répète : voilà ce qui se passe quand l’incompétence à la tête est couplée à l’interventionnisme politique d’un numéro deux qui doit, par ailleurs, trouver du temps pour assurer la présidence de la Financial Services Commission (avec les risques de conflit d’intérêts). Il ne faut plus se voiler la face : le Top Management de la Banque centrale ne comprend pas des virtuoses de la finance. Le gouverneur et ses deux Deputies ne possèdent pas l’expérience nécessaire relative au foreign reserves management ou pour surfer sur les complexités du forex market. Donc, ils sont incapables de faire fructifier nos actifs.

Comment remédier à la situation ? Il faut commencer par rendre les comptes de la Banque centrale bien plus transparents qu’ils ne le sont et, pourquoi pas, comme cela se fait aux States ou ailleurs, les présenter au Parlement afin de garantir la transparence. Il faudrait aussi qu’il y ait un audit d’une institution internationale, disons de la Banque mondiale, sur l’état de nos réserves et de leur avenir. Afin de dépolitiser et dépassionner le sujet.

Ce qui se passe chez nous est suivi par le monde de la finance internationale. Avec des porte-drapeaux comme Googoolye, Padayachy (et Sesungkur par ailleurs), l’avenir de notre centre financier n’est guère reluisant. Et dire qu’avec de meilleurs gestionnaires de l’argent public, l’on n’aurait pas besoin d’aller quémander en Inde, Chine ou Arabie saoudite des grants qui, au final, sont engloutis, en bonne partie, par une bande de pigeons voyageurs qui profitent de notre porte-monnaie.