Publicité

Nature et environnement: La chauve-souris, cette nuisance

24 décembre 2018, 12:32

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Mauriciens, Mauriciennes, prenez conscience que vous êtes à subir un lavage de cerveau par la Mauritius Wildlife Foundation (MWF) et l’International Union for Conservation of Nature (IUCN), concernant la chauve-souris (la roussette), depuis quelques années. Je vais vous le prouver. La MWF et l’IUCN se sont déclarées experts en la matière, mais de quel droit ? Car il n’y a environ qu’une dizaine d’années qu’ils ont commencé à s’en occuper. Cependant, moi, j’ai suivi l’évolution de la chauve-souris depuis plus de 65 ans et je ne me suis pas encore attribué aucun titre.

Maintenant, je voudrais vous donner des informations sur la chauvesouris car il me semble que vous ne savez pas grand-chose sur elle. Ceci, afin que vous puissiez mieux la connaître et faire un jugement sur ce qui se dit.

La chauve-souris, la roussette, est originaire de Maurice. Elle est donc là depuis la nuit des temps. Ces nuisances vivent en colonie, c’est-à-dire qu’elles se groupent par centaines ou par milliers sur plusieurs grands arbres. À l’époque, elles vivaient en colonie dans les montagnes. Aujourd’hui, vous voyez ces colonies un peu partout à travers l’île, ce qui confirme leur multiplication.

Elle est frugivore, elle se nourrit de fruits, du cœur des d’arbres, de graines et de fleurs (pas d’insectes). Une chauve-souris mange environ deux tiers de son poids journellement. Un mâle pèse environ 500 g et une femelle 450 g. Elle mange en moyenne 316 grammes par jour. Si c’est un letchi, cela fait environ 79 letchis par jour car elle mange une bouchée, puis le letchi tombe et elle prend un autre.

La période des amours est en avril/ mai et la chauve-souris donne naissance en septembre/octobre à un petit. Lors des naissances, en moyenne, il y aura 50 % de femelles et 50 % de mâles. Les nouveau-nés (femelles) seront aptes à être fécondées après 18 mois. Le taux de fertilité pour les femelles est de 80 %.

Le nombre de chauve-souris a augmenté d’une façon démesurée ces 24 dernières années en l’absence de cyclones et ceci est un fait indéniable. Car, après un fort cyclone, tous les fruits ainsi que les fleurs tapissent le sol et le cœur des arbres se trouvent décimés. Les chauves-souris n’ont donc plus rien à manger et un grand nombre d’entre elles meurent des suites des conditions cycloniques et de faim. Car cela prend environ trois semaines pour que les arbres recommencent à bourgeonner et que ces mammifères puissent recommencer à avoir de la nourriture.

En 1977, il devait y avoir 13 000 chauves-souris à Maurice et elles n’étaient pas en voie de disparition. Elles n’étaient pas une nuisance et c’est positivement le nombre dont nous avons besoin pour assurer sa survie. Et cette question a été posée à plusieurs reprises à l’IUCN par le ministre de l’Agro-industrie, mais le ministre n’a jamais reçu de réponse, car ces organisations ne connaissent pas suffisamment la chauve-souris pour pouvoir répondre à cette interrogation. À cette époque, ce n’était que les planteurs et les chasseurs qui s’intéressaient à la chauve-souris.

En avril 2015, d’après mes calculs, elles étaient à 579 000 et ceci en modifiant légèrement à la baisse les informations données sur elles plus haut. J’ai pris en considération le chiffre de 77 % de femelles adultes, au lieu de 80 % ; qu’il y a 8 % de mortalité annuellement ; qu’après les cyclones Claudette, en 1979, et Hollanda, en 1994, j’ai pris en considération qu’il y avait 60 % de mâles et de femelles adultes qui sont morts, 70 % de mâles et de femelles âgés de 2 ans mourraient elles aussi et 98 % de celles qui étaient nées en septembre/octobre ne pouvaient pas vivre.

Comment est-elle devenue une nuisance ? Sa progression actuelle est de 17 % annuellement, soit en 2015, de 86 000. Elle est donc devenue une nuisance en mangeant tous nos fruits. En 2015, selon l’IUCN, il y avait 50 000 chauves-souris chez nous et cette autorité disait que ce nombre est le seuil maximal que l’habitat peut supporter. On mentionne aussi que des cyclones sont capables d’occasionner une baisse de la population dépassant les 95 %.

D’autre part, dans l’express du 15 novembre 2015, la MWF, par l’intermédiaire du Dr Vikash Tatayah, vient dire cette fois qu’après un grand cyclone, 60 à 80 % de la population de chauves-souris périssent. Donc, qui allez-vous croire ?

Le chiffre de plus de 95 % a été cité et maintenant, il est question de 60 à 80 %, sans aucune explication. Avec la longue expérience que j’ai, je peux affirmer que ces chiffres ne sont pas le reflet de la réalité. Sinon, après les cyclones Alix et Carol en 1960, puis Jenny en 1962, il n’y aurait dû n’avoir plus de chauve-souris à Maurice.

J’ai 72 ans et dès l’âge de 7 ans, j’accompagnais mon père à la chasse à la chauve-souris avant de devenir moi-même chasseur. Tous les ans, durant les mois de septembre à décembre, nous la chassions en vol, quand elles sortaient des montagnes pour aller se nourrir sur les plants d’eucalyptus et d’aloès (principalement), qui étaient en fleurs à cette période de l’année.

Nous la mangions en civet ou en pané. Malgré les cyclones Alix et Carol (1960), Jenny (1962), Gervaise (1975), Claudette (1979) et Hollanda (1994), il y en avait toujours mais un peu moins naturellement, après une année cyclonique. Dépendant de ces conditions, les chasseurs tuaient entre 1 500 à 2 000 chauves-souris annuellement. À cette époque, la chauve-souris venait très rarement s’attaquer aux fruits dans les cours.

Mais savez-vous que dans l’express du 15 novembre 2015, une soi-disant experte déclare «que la chauve-souris, la roussette, est insectivore, qu’elle peut manger jusqu’à deux fois son poids quotidiennement et en les éliminant, il faudrait mettre plus de pesticides». Cette déclaration est erronée et a été faite dans le même article que le Dr Tatayah (MWF) et le Dr Kingston (IUCN). Cela montre encore une fois leur méconnaissance de la chauve-souris. (Pour rigoler un peu, essayez d’imaginer que deux fois le poids d’une chauve-souris équivaut à 950 grammes d’insectes par jour – combien d’insectes que ça fait ?)

Un plant de letchi rapporte en moyenne entre 6 000 à 10 000 letchis. S’il y a 50 chauves-souris qui viennent sur un plant, cela fait qu’en deux nuits, il ne restera plus rien. Là, dans mon calcul, je n’ai pas pris en compte le chiffre de deux fois le poids d’une chauve-souris, comme mentionné plus haut par cette soi-disant experte.

Je connais l’histoire de quelqu’un qui avait un arbre de letchi dans sa cour et qui n’avait pu le protéger. Après le constat de la seconde nuit, furieux, il a coupé l’arbre. C’est dramatique.

Ces soi-disant experts sont venus en faisant un lavage de cerveau aux Mauriciens, sans oublier les jeunes par l’intermédiaire des medias, etc (voir l’express Junior du 20/9/2018) – article écrit par un journaliste (convaincu) - qui titre «Adieu roussette ?» et qui a eu pour effet que certains parents favorables à leur diminution ont été agressés verbalement par leurs enfants, alors qu’il y en a plus d’un demi-million de chauves-souris actuellement.

Ce qui est grave, c’est que la MWF et l’IUCN ont réussi à convaincre aussi le gouvernement de prendre des mesures pour protéger la chauve-souris et nous faire, en même temps, subir à tous depuis ces dernières années :

- (1) De ne plus pouvoir avoir suffisamment de fruits dans nos cours ou en acheter à un prix abordable (en 2017, Rs 12 le letchi) ; (2) Priver de fruits ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des filets protecteurs, qui, d’autre part, ne sont pas très efficaces dans nos conditions ; (3) D’avoir à subir le bruit causé par ces nuisances; (4) Le nettoyage de leurs excréments et des déchets, après leur passage ; (5) Priver les planteurs d’une grosse partie de leurs revenus; (6) Mettre et enlever les filets pour ceux qui en ont les moyens d’en acheter. Et en plus, en juillet dernier, l’IUCN tire un «red tape» sur la chauve-souris alors que sa population ne cesse d’augmenter au taux de 17 % annuellement, soit 86 000 individus.

Alors, allons-nous continuer à tolérer qu’une poignée de soi-disant experts de la chauve-souris nous fassent subir tous ces inconvénients ou simplement les ignorer ?

Il semblerait que la Mauritius Wildlife Foundation (MWF), sur la crécerelle, a fait du bon travail, mais sur la chauve-souris, la roussette, en bons termes mauriciens, on peut dire «zot pé fané». Je vais vous citer quelques exemples de ces déclarations écrites et vous pourrez vous-même en juger. Ce qu’on pouvait lire sur le site de la MWF cette année : «The Mauritian fruit bat population has decreased considerably due to habitat loss, cyclones and illegal sport hunting.» Je vais donc commenter ces trois raisons mentionnées :

Perte d’habitats

Donc, s’il n’y a plus suffisamment d’habitats pour ces nuisances, c’est qu’il y en a trop et comment vont-elles se nourrir si ce n’est pas en bouffant nos fruits, c’est logique non ! Mais la MWF préconise de mettre des filets, elles vont donc mourir de faim ? Et que dit le Dr V. Venkayah dans Le Dimanche du 25 au 31 octobre 2015 ? Qu’il a découvert des centaines de chauves-souris mortes de faim. Donc vous serez d’accord avec moi qu’il y en a trop et que la MWF ne veut pas le dire et préfère que ces malheureuses bêtes qu’ils aiment tellement, agonisent par manque de nourriture que d’être tuées d’un coup de fusil par un chasseur, réalisez-vous cela, c’est du sadisme ! (...) Pourtant, les membres de la MWF disaient aimer cette chauvesouris et paraissaient même prêts probablement à mourir pour elle. Et ils ont même réussi à le faire croire à un grand nombre. Mais, maintenant en la faisant souffrir jusqu’à la mort, ce dont ils sont capables n’est pas croyable !

D’autre part, si vous voulez en connaître un peu plus sur les organisations de protection des espèces animales, lisez sur internet un rapport émis par le Daily Maverick (https:// www.dailymaverick.co.za/ opinionista/2018-11-12-wwfaims-to-deceive-with-latest-report/), qui parle du fait que certaines organisations dramatisent les faits afin d’obtenir la compassion des humains et obtenir des subventions. Donc, Mauriciens «ouver in pé zot lespri!»

Concernant les filets, malheureusement, tous les Mauriciens n’ont pas les moyens de s’en procurer et surtout de les mettre puis de les enlever. De plus, ceux-ci ne sont pas adaptés à nos conditions et ces soi-disant experts ont oublié les malheureux qui ne pourront le faire – alors là, oui, adieu «chutney» et «koutia» !

Cyclones

Concernant les gros cyclones, il n’y en a pas eu depuis 24 ans. De quels cyclones parlent-ils alors ?

Sport de chasse

Le sport de chasse est insignifiant, car à l’époque où cela était permis, les chasseurs tuaient 1 500 à 2 000 chauves-souris annuellement. Son taux de progression est, lui, de 17 % annuellement, soit il y en avait 86 000 en 2015.

Dans l’express du 12 octobre 2015, le ministère de l’Agro-industrie cite le chiffre de 100 000 comme étant la population de chauves-souris. Or, dans le même article, le représentant de la MWF parle de 50 000 bêtes. Ce n’est pas tout : la MWF publie une carte de Maurice avec le nombre et les lieux où se trouvent les habitats de ces bêtes et le nombre d’individus par habitat.

Je me suis amusé à analyser ce que la MWF a dit et publié. À un moment, le Dr Vikash Tatayah mentionne que la scientifique Sophie Roben a effectué une étude et a compté 36 habitats à travers l’île, mais qu’il faudrait en compter environ une cinquantaine. Cependant quand vous regardez la carte de Maurice que la MWF a publiée dans le même article, vous pourrez voir que seuls 21 habitats sont identifiés. Où sont donc les autres ? Car, si vous tenez compte de ce que les membres de la fondation disent et ont mentionné comme chiffre, vous arriverez à environ 13 000 individus. Comme vous pouvez le constater, ils veulent que vous arriviez à un chiffre très bas, afin de prouver que la chauve-souris est en voie de disparition (...).

Aujourd’hui, il devrait y avoir au moins 500 habitats à Maurice, car il y en a dans toute l’île. Le Week-End du 18 octobre 2015 fait mention d’une «position statement» de l’International Union for Conservation of Nature (IUCN) qui conteste les chiffres avancés par le Food and Agriculture Research and Extension Institute concernant les dégâts causés par la chauve-souris sur les fruits (73 % sur les letchis et 42 % sur les mangues).

Comment une organisation, qui n’est pas basée à Maurice, peut-elle contester ces faits, si ce n’est qu’elle a été mal informée et par qui ? Si ce n’est la MWF, avec ses soi-disant experts qui, eux, ont trouvé que les dégâts étaient de 11 % sur les grands manguiers, 3 % sur les petits manguiers et 11 % sur les letchis, et accusent les condés et martins. Savent-ils que ces oiseaux ne mangent pas ces fruits quand ils sont encore verts ? La MWF a oublié de parler du tapis laissé par les chauves-souris quand elles viennent manger ces fruits lorsqu’ils sont encore verts.

Voyons plutôt la réalité au sujet des chauves-souris. Cette nuisance est sortie du nombre de 13 000, en 1977, pour arriver à plus de 578 000, en 2015. Je peux vous assurer que ces chiffres sont réels et je peux le prouver. Les planteurs avaient estimé, eux, la population à 1 000 000.

Je me demande si, dans les années 70, quand le gouvernement d’alors a introduit la loi pour em- pêcher de tuer la roussette, il ne visait pas plutôt la «chauve-sou- ris banane» (Mormopterus acetabulosus) mais n’aurait pas su la différencier de la roussette ? Car, effectivement, la chauve-souris banane, que je voyais dans mon enfance tournoyant dans les airs avant la tombée de la nuit, pour manger les insectes, je ne la vois plus. Cela aurait été intéressant si le ministre de l’Agro-industrie allait consulter le rapport fait à l’époque, qui a mené à l’interdiction de la chasse à ce mammifère. Et s’il n’y a pas eu une confusion avec la chauve-souris banane.

Concernant la dissémination des plantes endémiques que la roussette fait, je ne la conteste pas. Qu’elle le fasse dans son habitat, c’est-à-dire dans les forêts. Car, si elle le fait dans les cours des Mauriciens, les plantes seront bien vite arrachées ou coupées avant même qu’elles ne soient identifiées parce qu’il n’y a pas de place dans nos cours pour les grands arbres. Concernant la pollinisation de nos arbres fruitiers, nous n’avons jamais manqué de fruits étant donné que ce n’est pas la chauvesouris qui le fait.

Savez-vous qu’il y a un grand nombre de maladies que peut transmettre la chauve-souris (la roussette) ? Je ne vais pas les mentionner ici car ce serait trop long et je vais mettre sur ma page Facebook publique une copie de ces extraits qui paraissent sur Internet et qui vont peut-être faire vos cheveux se dresser sur vos têtes.

Dans mon article paru dans l’express du 15 août 2018, j’avais mentionné qu’une personne avait été atteinte d’une maladie qui a probablement été causée par la roussette. Suite à mon article, le Dr Vikash Tatayah, de la Mauritius Wildlife Foundation (MWF), a fait la déclaration suivante parue dans l’express du 31 août 2018 : «Bien que dans d’autres pays d’Afrique, d’Asie et en Australie des chauves-souris frugivores puissent transmettre des maladies, aucune maladie communicable à l’homme par la chauve-souris de Maurice n’a été décelée à ce jour. D’ailleurs, une recherche épidémiologique sur la chauve-souris de Maurice (Gomard et al : Phatogeninvestigation of the two Mauritian bat species : Pteropus niger and Mormopterus acetabulosus) n’a pu déceler de maladies communicables à l’homme».

Cependant, cela aurait été intéressant de savoir quand cela a été fait, et sur combien de chauve-souris des échantillons ont été prises, car si la MWF et l’IUCN estimaient la population de la chauve-souris à 50 000, alors qu’il y en avait plus d’un demi-million à cette époque, le nombre d’échantillons devraient être beaucoup plus important. D’autre part, est-ce que tous les virus ont été testés sur ces nuisances ? Serait-il possible que le Dr Tatayah donne un peu plus de détails sur ces recherches et publie ce ou ces rapports, car ce sont tous les Mauriciens qui sont concernés.

Donc, de ce que j’avais avancé, le Dr Tatayah vient dire que ce n’est pas vrai, mais sait-il que la personne en question, en effectuant des recherches, a constaté que tous les symptômes qu’elle a eus étaient les mêmes que le virus Hendra, qui est transmis par la chauve-souris ? Elle pense avoir attrapé cette maladie après avoir mangé des cerises de son jardin où les chauves-souris venaient. Vous m’avouerez que c’est une drôle de coïncidence que cela n’en soit pas la cause.

D’autre part, en allant sur le net, vous pouvez voir qu’il est recommandé que la chauve-souris ne doive pas vivre à proximité des humains. Alors que maintenant, à Maurice, elles sont autour de nous. Par ailleurs, savez-vous combien de personnes meurent tous les ans à Maurice, sans connaître la cause de leur maladie et cela semble n’inquiéter personne.

Il y a eu un séminaire à Maurice les 9 et 10 mai 2018, sur la chauve-souris. Aucune discussion n’a eu lieu sur les maladies que peuvent transmettre ce mammifère à l’homme et qu’elles seraient les mesures à prendre dans un tel cas. Dans leurs recommandations pour leur prochain séminaire, en 2019, rien n’est mentionné sur les maladies que peut transmettre la chauve-souris aux humains. Je trouve cela très grave et même je dirai criminel.

Mauriciens, Mauriciennes, après avoir lu tout ce que je vous ai dit ces dernières semaines et vous avoir donné beaucoup d’informations, j’espère que vous preniez conscience que certaines organisations ont abusé de votre confiance, en «inventant» que la chauve-souris serait en voie de disparition. Personne, je pense, n’est pour sa disparition. Si je mets toute mon énergie à parler de la chauve-souris, c’est pour protéger la population.