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La dette privée sous surveillance
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La dette privée sous surveillance
Souvent annonciateur de crise future, l’excédent de crédit aux ménages et aux entreprises est désormais placé sous stricte surveillance par les régulateurs. À Maurice également, la situation est suivie de près par la Banque centrale. D’ailleurs, dans son dernier rapport annuel, l’instance régulatrice y dépeint l’environnement du crédit. Un exercice qui nous éclaire sur les dernières tendances.
Ce qui frappe d’entrée, c’est le mouvement du credit-to-GDP gap ou si vous préférez le terme français, le «gap bâlois». Cet indicateur, qui montre l’écart du ratio crédit sur le produit intérieur brut (Pib) à sa tendance de long terme, est entré pour la première fois depuis le premier trimestre de 2016 en territoire positif. Ce revirement a été enregistré au deuxième trimestre de 2018 sur l’endettement des ménages.
La Banque de Maurice dit surveiller, comme il se doit, les changements sur le plan du credit-to-GDP gap afin d’y détecter la formation d’éventuelles vulnérabilités. La hausse du gap bâlois est à mettre au compte de l’expansion du crédit aux ménages par rapport au Pib nominal.
Avec le gap bâlois passant de -0,3% au deuxième trimestre de 2017 à environ 0,1% lors de la période correspondante, l’année dernière, doit-on commencer à s’inquiéter? La Banque centrale n’y voit aucune raison de se ronger les sangs.
Voici son raisonnement : le ratio de l’endettement des ménages par rapport au Pib est contenu autour de 20 % alors que le coût du service de la dette par rapport au revenu disponible a reculé suivant la baisse des taux d’intérêt. Ce qui pousse le régulateur à conclure que l’endettement des ménages ne représente pas un risque à la stabilité financière. Du moins pour le moment !
Pour apaiser les doutes qui pourraient subsister, la BoM rappelle que la part élevée des prêts-logement, soit deux tiers du crédit aux ménages, offre tout de même un certain “confort” dans la mesure où l’exposition des banques aux ménages est généralement bien couverte. Il ressort, en effet, que le crédit bancaire destiné aux besoins de logement a crû de 9 % d’une année sur l’autre entre juin 2017 et juin 2018. Au total, le crédit bancaire aux ménages s’élevait à Rs 96,96 milliards à fin juin 2018, représentant une hausse de 7,9 % sur la période correspondante.
C’est pratiquement le même schéma qui se reproduit dans le milieu des affaires. Avec plus de crédit bancaire et une hausse dans les émissions d’obligations privées, les entreprises ont accumulé plus de dettes. Entre juin 2017 et juin 2018, la dette des entreprises a progressé de 6,8 %. Quant aux obligations émises durant l’année (juin 2017-juin 2018), elles totalisaient Rs 14 milliards, contre Rs 9 milliards durant l’année fiscale 2016-17.
Là encore, cette augmentation du crédit bancaire à divers secteurs économiques a contribué au gonflement du gap bâlois. Comme dans le cas des ménages, il est passé, pour la première fois, de -0,9 % au T2 2017 à 1 % au T2 2018.
La stabilité financière de la juridiction mauricienne étant de nature fragile et vu que la moindre étincelle peut embraser tout le secteur, il est primordial de ne pas perdre de vue le gap bâlois. Encore plus maintenant que des recherches ont démontré que son utilisation aurait permis d’éviter plusieurs crises financières, dont celle de 2008.
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