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De gentils navigateurs dans nos eaux
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De gentils navigateurs dans nos eaux
D’intéressants événements se déroulent actuellement dans nos eaux territoriales, depuis ce premier acte de navigation historique à Rodrigues, en 1528. Les Indiens sont hyperactifs chez nous.
D’après le grand historien Antoine Chelin, les 3-4 février 1528, le navigateur portugais, Diogo Rodriguez, «découvrit» l’île que nous connaissons aujourd’hui comme Rodrigues (1). Ce fut un véritable exploit historique de la part des Portugais qui parvinrent à naviguer, sans cartes établies au préalable, pour atteindre l’île de Rodrigues. Ce Diogo Rodriguez a dû être un homme extrêmement talentueux et compétent dans le domaine de la navigation.
Mais presque 500 ans plus tard, un Diogo Rodriguez moderne et indien de surcroît, en la personne de Peush Pawsey, commandant du navire indien Sarvekshak, fait parler de lui. Il a lui aussi exploré les mers mauriciennes et a apparemment fait de grandes découvertes. Ce qui l’a amené à se rendre à Rodrigues et à Maurice pour remettre à de grands dirigeants politiques des cartes hydrographiques apparemment de très grande importance.
En effet, exactement 491 ans après Diogo Rodriguez, le capitaine Pawsey navigue lui aussi vers Rodrigues et le jour même où le Portugais avait découvert cette île, c’est-à-dire un 4 février, l’Indien remet au chef commissaire Serge Clair des cartes hydrographiques sur les eaux autour de cette île. L’événement est tellement important que le ministre des Terres, Mahen Jhugroo, se dérange de Port-Louis pour aller assister à la cérémonie de Rodrigues.
Ce choix du 4 février 2019 fut-il le fait d’une simple coïncidence ? Ou les Indiens connaissaient-ils déjà la portée historique du 4 février et le rôle de Diogo Rodriguez dans l’histoire de la seconde île en importance de la république de Maurice ?
En principe, ces cartes auraient dû être remises en premier au ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, aussi ministre pour Rodrigues. Tort réparé le vendredi 8 février, quatre jours après le coup de Rodrigues. Pourquoi les Indiens ontils choisi d’honorer Serge Clair avant Anerood Jugnauth ? Il y va d’une question de spinning diplomatique de très grande portée. En effet, les Indiens ont voulu prouver qu’ils sont des amis et des bienfaiteurs des îles et qu’on aurait tort de les accuser d’entretenir de sombres desseins à Agalega.
Qu’y a-t-il de révolutionnaire dans les cartes du capitaine Pawsey ? Quel élément a-t-il échappé à l’expertise de Diogo Rodriguez il y a 500 ans et tant d’autres navigateurs civils comme militaires qui ont exploré la région depuis plusieurs siècles ? On sait que les îles de l’océan Indien avaient déjà été explorées par des Arabes avant même l’arrivée des Européens dans cette région du monde. Les Arabes avaient d’ailleurs donné le nom de Dina Arobi à Maurice.
Mieux que les Arabes et les Européens, les Indiens ont-ils décelé des profondeurs inconnues dans les eaux territoriales mauriciennes qui, une fois explorées, pouvaient permettre à des scientifiques de découvrir des espèces qu’on croit disparues ? En 1938, par exemple, on découvrait un premier coelacanthe vivant en Afrique de l’Est. Alors qu’on croyait le fossile disparu depuis 70 millions d’années, le coelacanthe était bien alive and kicking dans l’océan Indien.
Les Indiens ont-ils rencontré des fossiles vivants ? Un tel événement ne pourrait que rehausser la réputation mondiale de Maurice chez les scientifiques et faire courir vers nous des millions de touristes. Ce qui pourrait intéresser davantage Mauriciens comme Rodriguais, c’est la présence de gisements de pétrole, de gaz et de minerais dans nos eaux territoriales. Les Indiens ont-ils réussi à cerner les immenses richesses économiques que recèleraient les eaux territoriales de la république de Maurice ? Depuis l’époque de sir Seewoosagur Ramgoolam, on a toujours évoqué l’existence théorique de telles richesses. Les Indiens ontils réussi à percer des secrets connus des Européens et des Américains qui auraient été réticents à nous confier des données sensibles, contrairement aux frères qui , eux, portent en affection la Chota Bharat, la petite Inde ?
Indépendamment de nos convictions partisanes, au-delà de la simple tentation d’India-bashing, les Mauriciens patriotes ne pourraient que bien accueillir les nouvelles données que le Diogo Rodriguez de 2019 a confiées à Serge Clair, à Mahen Jhugroo et au ministre mentor. Ces données pourraient bien changer les destinées des Mauriciens des îles comme ceux de la diaspora. Puisque le pays condamne, à l’unanimité presque, les actes répréhensibles que commettent certains employeurs envers nos frères et soeurs du Bangladesh, pourquoi ne pas partager nos nouvelles richesses avec ces gentils étrangers si enthousiastes à aider au développement de cette grande nation ?
(1) Antoine Chelin, Maurice: une Ile et son Passé, Editions du CRI, 1989.
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