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He had never had enough…

23 mars 2019, 08:15

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Il a créé une perception de réussite dans ce qu’il entreprend généralement. Seulement, il parvient difficilement à terminer ses grandes missions, il finit par rencontrer des difficultés qui le désarçonnent. Vishnu Lutchmeenaraidoo (VL) a démissionné car pour lui «enough is enough». Mais comme dirait l’anglais, il n’est jamais arrivé au bout de ses initiatives, he had never had enough… 

Le seul moment où VL connaît une réussite incontestable, c’est quand il agit, alors haut cadre du ministère du Commerce, comme commissaire de Maurice dans des foires internationales, en Europe surtout. Il a joué un rôle déterminant dans la promotion du Made in Mauritius en Europe dans les années 70. Il fut contesté par l’élite travailliste mais obtient le soutien de son ministre, feu Dayanandlall Basant Rai, suivant l‘intervention d’un ami nouvellement devenu proche du ministre travailliste suivant un mariage. 

Un autre ami facilita par la suite son adhésion au MMM. Et aux élections de 1982, il se présenta aux élections générales comme candidat du MMM dans le n°13. Suivant les conseils d’un ami qui lui suggéra de jouer la carte fédératrice hindoue plutôt que celle divisionniste télugu, VL se fit accepter par un important segment de l’électorat. 

Quand des divisions apparurent au sein de l’alliance MMM-PSM en 1982-83, VL proposa la ligne dure contre le PSM de Harish Boodhoo, réclamant même l’expulsion de ce parti du gouvernement. Ce fut un premier grand coup de maître politique de ce technocrate car quelle ne fut pas la surprise des militants quand, suivant l’éclatement du MMM et le maintien au gouvernement du PSM, on apprit que VL avait été désigné ministre des Finances à la place de Paul Bérenger. VL amorça alors le premier miracle économique avec l’ouverture d’usines et la création d’emplois et l’accès de la population à l’électroménager, au magnétoscope duty free, à la cuisinière à gaz. VL orchestra même la révolution de la «rue La Corderie», c’est-à-dire l’accès des Mauriciennes à une large gamme de vêtements à des prix abordables. 

Jouant la carte hindoue, VL mobilisa des associations socioculturelles à travers Dhundeo Bahadoor et Bijaye Madhou et cela devait lui coûter son poste en 1990. Mais le succès lui monta à la tête et il devint arrogant. Recevant une délégation d’importateurs de voitures neuves à son bureau, il ne les invita même pas à s’asseoir. C’est debout qu’ils firent leurs représentations. Il s’aliéna Boodhoo jadis son allié et l’homme de Belle-Terre sortit l’artillerie lourde contre lui et lui donna le nom de «rasoir», une arme fine et élégante mais au potentiel létal comme pour symboliser le caractère de l’homme. 

VL était au sommet de sa gloire quand, soutenu par les socioculturels, il chercha querelle avec Anerood Jugnauth car ce dernier avait pris Paul Bérenger comme allié. Écoutant ses conseillers hindous, VL crut que Jugnauth était politiquement mort. Il fut révoqué par SAJ en 1990, se fit candidat travailliste malheureux en 1991 et ne retrouva le chemin du Parlement qu’en 2014, porté sur les épaules des… Jugnauth.
 
De 1990 à 2014, VL connut des aventures ainsi qu’une longue traversée du désert. Il fut repêché par Navin Ramgoolam qui le nomma Chairman de la State Bank en 1998. En 2000, le nouveau gouvernement MSM-MMM le maintint dans ses fonctions, ce qui amena Ramgoolam à réaliser que l’homme ne lui avait pas été sincère et qu’il était resté proche des dirigeants de cette alliance. Ramgoolam lui avait à un certain moment confié les responsabilités d’Executive Chairman de Net Mauritius, une compagnie nouvellement créée de réseau informatique regroupant Mauritius Telecom, Air Mauritius et la State Bank. Atteint de folie de grandeurs après cette nomination, VL se mit à dos plusieurs fat cats du système et il dut s’en aller. 

VL fit un retour au MMM en 2008. Il se retrouva dans sa «dream team» économique mauve qui comprenait aussi les «sorciers» Kee Cheong Li Kwong Wing et Ramesh Basant Roi. Aux élections générales de 2010, VL et Kee Cheong furent candidats. Si VL fut battu dans le n°13, Kee Cheong se fit élire dans le n°20. En 2014, comme VL, Kee Cheong prit place dans le train de la victoire. Mais contrairement à VL, Kee Cheong reste à la tête de la SBM, milliards perdus dans la nature au Kenya et en Inde ou pas. 

Après l’échec électoral de 2010, VL resta dans le giron bérengiste, ce qui coûta au leader du MMM une somme énorme en bills dans les restaurants les plus huppés du pays. En 2014, VL fut le seul membre du bureau politique à voter contre une alliance avec les travaillistes. Il annonça son retrait de la politique et rencontra Ramgoolam et Bérenger pour leur annoncer sa décision. Mais quelle ne fut pas leur surprise d’apprendre quelques jours après qu’au lieu d’une longue période de méditation transcendantale s’étalant sur plusieurs années, VL s’était joint à l’alliance Lepep qui le présenta comme un futur faiseur de miracle économique. 

Miracle il n’y a eu point. Même son miracle à lui, le fameux euro-loan, s’est révélé un désastre politique. Bilan : zéro réussite comme ministre des Finances, rôle effacé comme ministre des Affaires étrangères et jamais un mandat mené à terme VL a connu un parcours politique qui rencontre des embûches à chaque tournant. VL, qui est un grand croyant, a été inlassablement désavoué et jeté à terre par la loi du karma. Il y a eu plus rasoir que lui.