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Transition verte

3 avril 2019, 08:47

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«Après avoir été lésée par le changement climatique, l’Afrique ne doit pas être lésée dans le financement de la lutte contre le changement climatique».

Après ces propos cinglants tenus à la COP24, Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, a annoncé, le mois dernier, que l’institution va consacrer $25 milliards à la lutte contre le dérèglement climatique. L’engagement financier s’étendra sur la période 2020-2025.

Cette décision mérite d’être saluée d’autant plus qu’elle va dans le sens du fameux proverbe : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Car plus de trois ans après la finalisation de l’Accord de Paris, il est aujourd’hui une évidence que les pays en développement – et de surcroît les plus affectés par le changement climatique – ne sont pas près d’accéder aux $ 100 milliards promis par les grandes puissances mondiales.

Il y a plusieurs conséquences à ce non-respect de leurs engagements moraux par les pays dits développés. L’une d’entre elles porte sur le fait que les institutions multilatérales qui sont aussi sous la tutelle des pays riches n’ont pas jugé nécessaire voire urgent d’aligner leurs objectifs sur l’Accord de Paris. Du coup, l’implication des investisseurs internationaux dans le financement de la transition verte dans nombre de pays en développement s’est avérée faible lorsqu’elle n’est pas sporadique ou, dans certains cas, arbitraire.

Cette situation offre, à notre sens, une belle carte à jouer au centre financier mauricien dans sa stratégie visant à étendre son empreinte africaine. Le lancement de l’Alliance financière africaine pour le changement climatique (AFAC), dont la vocation est de regrouper les bourses de valeurs mobilières, des fonds de pension et souverains, des banques centrales et autres institutions financières africaines, ne fera que faciliter le positionnement de Maurice comme une alternative en matière de financement. Toutefois, pour être en mesure d’offrir à l’Afrique les produits nécessaires à la construction de sa résilience climatique, il faut s’y mettre maintenant.

Certes, le secteur public a un rôle majeur à jouer lorsqu’il s’agit de financer les infrastructures dans le cadre des programmes d’adaptation au changement climatique, mais il est un fait que les activités privées sont tout aussi vulnérables. La menace climatique ouvre donc une fenêtre d’opportunités car elle ne fera qu’accroître la pression sur les intérêts privés à rechercher des ressources financières pour pérenniser leurs opérations.

Alors que les entreprises à l’échelle africaine intègrent de plus en plus le risque climat dans leurs processus de décision, il deviendra plus facile de les convaincre de se tourner vers le centre financier mauricien. À condition toutefois que l’on se donne les moyens pour assurer le financement de la transition verte sur le continent africain. Ces moyens consisteront, entre autres, à offrir l’expertise et une plateforme appropriée et attrayante à des levées d’obligations vertes ou encore à la création de fonds verts.

Nous n’y sommes pas encore, mais pour y arriver nous devons commencer à voir l’avenir dans la perspective du changement climatique. C’est aussi un moyen de refaire notre image de centre financier aux yeux des organisations non gouvernementales africaines.