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Modi va-t-il inaugurer le Metro Express ?

7 avril 2019, 08:06

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Une autre tête d’affiche, après le Pape ? Narendra Modi est annoncé, dans les rangs du MSM, comme celui qui pourrait lancer le Metro Express et inaugurer le nouveau siège de la Cour suprême. Normalement cela devrait avoir lieu en septembre prochain quand les travaux du Metro seront complétés par Larsen & Toubro – ce qui techniquement n’est pas faisable, selon le leader de l’opposition qui a analysé la vitesse d’exécution de la première phase des travaux alors que Nando Bodha donne, lui, l’impression de vouloir déserter ce chantier de plus d’un sagrin. Mais, à bien voir, ce n’est pas tant un problème de calendrier(finseptembre ou findécembre) du Metro Express qui pose problème, mais le fait que l’Hôtel du gouvernement devra attendre le 23 mai prochain pour savoir si l’invitation devrait être faite au nom de Narendra Modi ou de son jeune challenger, Rahul Gandhi, issu de la dynastie Nehru-Gandhi (qui n’est pas apparentée au, mais proche de l’idéologie rassembleuse du, Mahatma Gandhi).

En attendant le BJP fait feu de tout bois afin que Modi obtienne un second mandat malgré les promesses économiques, faites en 2014, qui ne se sont pas matérialisées. Notamment en ce qui concerne le chômage. Outre les problèmes de sécurité intérieure et ceux sur la frontière avec le Pakistan qui génèrent des tensions ethniques, c’est sur cette toile de fond d’une économie en difficulté que, du 11 avril au 19 mai 2019, 900 millions d’électeurs (un nombre record !) seront appelés aux urnes afin de renouveler la Lok Sabha.

Face à son destin, Modi fait tout pour rester au pouvoir – et, partant, (pourrait-on dire si on était la MBC), honorer l’invitation de Jugnauth, avec qui il avait pris un mystérieux bain purificateur dans les eaux du Gange, à l’abri des caméras. Mais Modi ne pourra plus compter sur Bollywood pour flatter la fibre des nationalistes hindous. La sortie du film PM Narendra Modi,avec Vivek Oberoi, qui devait être dans les salles ce week-end, a été repoussée après une protestation massive de l’opposition, selon laquelle ce film aurait été conçu à des fins de propagande politique – un peu comme si la MFDC et Azaghen Runghen faisaient un film sur Pravind Jugnauth en route pour le Grand-Bassin avec Kobita Jugnauth en blanc et Stephan Toussaint en orange à ses côtés; en passant ce serait, peut-être, mieux que l’épisode raté d’un PM dans undrôle d’accoutrement s’essayant gauchement à la tyrolienne à Rodrigues.

Contrairement à la version mauricienne, qui ressemble à un gentil caniche sans dents, la commission électorale indienne arrive, elle, à faire respecter le code de conduite qui encadre la campagne électorale indienne. C’est pour cela qu’après plusieurs jours de bombardement médiatique, les publicités et reportages à la gloire de Modi ont disparu des médias indiens; le code de conduite étant entré en vigueurimmédiatement aprèsl’annonce du calendrier des législatives. La commission électorale vient aussi d’annoncer de nouvelles règles pour limiter les agitations excessives des partis politiques sur Internet, en particulièrement sur Facebook, afin de freiner l’ampleur de la désinformation. Chez nous, l’annoyance vise surtout les citoyens-internautes, qui peuvent casquer des milliers de roupies s’ils insultent le prince ou sa famille…

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Après cinq ans, le peuple de la Grande péninsule pourrait donc mettre fin au régime populiste nationaliste prôné par Modi – qui, comme le fils Jugnauth, se démène pour s’accrocher au pouvoir et rester en tête des sondages, avec l’aide de tous les prêtres, astrologues, rites, associations socioculturelles hindoues, etc. Cependant, des économistes indépendants notent que le bilan économique de Modi est, au mieux, en demi-teinte. Les similitudes, ici aussi, avec ce que l’on fait chez nous, sont frappantes. Dès son accession au pouvoir, Modi avait fait modifier le mode de calcul du PIB, dans une tentative de gonfler les chiffres de la croissance, et de faire baisser le niveau de la dette publique. Mais contrairement à Maurice qui stagne sous les 4 % du PIB, la Grande péninsule bénéficie, elle, d’une assez forte croissance annuelle, de l’ordre de 6-7 %. Mais le drame pour Modi, qui avait promis, surtout aux classes défavorisées, le ciel et la terre en 2014, c’est que cela s’estavéré insuffisant pour absorber les 12 millions de travailleurs qui arrivent sur le marché de l’emploi chaque année. Cette croissance sans emploi demeure un problème structurel de l’Inde.Lors de sa campagne en 2014, il avait promis de créer des millions d’emplois et de doubler les revenus des 120 millions de paysans. Ces promesses n’ont jamais été réalisées et dès 2015, les paysans ont mené des manifestations massives.

Mais ce qui a corsé les choses en Inde, principalement dans les milieux ruraux, c’est quand Modi a annoncé du jour au lendemain, le 16 novembre 2016, la démonétisation de 87 % des billets en circulation, officiellement pour lutter contre la corruption et l’évasion fiscale. Cette mesure, qui n’aurait pas été suffisammentréfléchie, a compliqué les difficultésfinancières. Dans un pays où la majorité de la population rurale ne commerce qu’en billets papiers, cela a vite fait de paralyser l’économie indienne durant des semaines.Résultat : moins 2 points de PIB. À cela s’est greffé un drame humain qui a été ultra-mediatisé : alors que la population s’amassait devant les banques pour changer sa monnaie, plus d’une centaine de personnes sont mortes étouffées dans des files d’attente de plusieurs kilomètres…

Alors Modi se taille un autre costume, en essayant de redorer sonblason nationaliste à la faveur de la crise la plus grave entre l’Inde et le Pakistan, déclenchée le 14 février par une attaque suicide qui a tué quelque 40 paramilitaires indiens au Cachemire indien. Ses conseillers lui ont demandé d’adopter une rhétorique martiale, clamant que sa «nouvelle Inde» donnerait «une réponse fulgurante» au voisin musulman. «L’opposition a un problème avec des actions aussi décisives. Mais je vais aller de l’avant et je suis résolu à déraciner le terrorisme.»

Comme Pravind Jugnauth qui a eu à faire face à une série de scandales politiques (affaires Dayal-YerrigadooSoodhun-Ameenah-Gurib-Fakim, plus les démissions du PMSD, de Roshi Bhadain et, dernièrement, de Vishnu Lutchmeenaraidoo), ces deux dernières années ont été jalonnées d’une série d’épreuves pour Modi. En décembre 2018, son parti, le Bharatiya Janata Party, a perdu les élections dans trois États clés, où l’on constate déjà un effritement de certaines sections de son électorat, notamment parmi les hors castes/ Intouchables et les paysans, qui ne sont pas du tout contents que Modi n’ait pas tenu ses promesses de campagne. En face, le parti du Congrès s’est musclé après sa défaite de 2014, un peu comme le Parti travailliste chez nous (si l’on se base sur sa victoire haut la main au numéro 18, à la partielle boudée par le MSM). Mais comme Ramgoolam chez nous, le fils de Rajiv Gandhi, 48 ans, nous donne l’impression qu’il peine à fédérer autour de son nom.

«Le festival de la démocratie. Voilà les élections», a tweeté, dans la semaine, Modi, 68 ans. Ces élections seront surtout le moment d’évaluation de son gouvernement, mais aussi un référendum sur lui, Modi et le fait qu’il a tenu ses promesses, ou pas…Après Modi, Jugnauth Jr passera ce même test. Mais, avant cela, aura-t-il la bénédiction de Modi afin de galvaniser la ‘Hindu Belt’ ?