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Le showman de la SBM
Le Chairman de SBM Holdings Ltd, Kee Chong Li Kwong Wing, a voulu se dédouaner des récents déboires financiers de l’institution qu’il dirige à grands frais, en imputant au seul pôle bancaire et à ses dirigeants la responsabilité des Rs 3,5 milliards provisionnées pour des créances douteuses dans les comptes audités au 31 décembre 2018. Mais il a lamentablement échoué. Car pas une personne sur dix n’aura cru, vendredi dernier, à ses explications face à la presse.
Plus qu’un exercice de gestion de l’opinion publique, le showman aura en revanche rendu plus perplexes les 17 000 actionnaires et les 400 000 clients de la SBM. Alors même que la décision de laisser une chaise vide, qui aurait été occupée par le Chairman de l’institution bancaire, le chef du cabinet Nayen Kumar Ballah, l’aura définitivement ridiculisé. Quand on préside aux destinées du deuxième groupe bancaire du pays, on ne se livre pas à de telles gesticulations, dignes seulement de formations politiques de bas étage.
S’il s’est dit déçu de ces résultats financiers, l’ancien porte-parole économique du MMM, qui a grimpé sur le camion de l’alliance Lepep à Vacoas, à la veille des élections de 2014, aura beau clamer sur tous les toits que les prêts non performants – accordés aux clients transfrontaliers de la banque, plus spécifiquement au kenyan Pabari Investment et à un intermédiaire dubaïote qui aurait finalement disparu dans la nature – sont l’affaire de la banque et de ses directeurs, la réalité, on le sait, est tout autre !
Au contraire, le Chairman de la holding ne peut plaider l’ignorance et doit, dans une certaine mesure, engager sa propre responsabilité et celle des autres directeurs du groupe. Car on imagine mal la banque débourser des milliards sans que la holding ne soit mise au courant de son exposition aux risques. Cela, tout en sachant qu’en cas de défaut de paiement, sa profitabilité prendrait un sérieux coup. Comme l’ont d’ailleurs démontré les derniers résultats. Il y a anguille sous roche.
Dès lors, on ne comprend pas trop la démarche de nommer éventuellement le Group CEO, Andrew Bainbridge, au poste de directeur au conseil d’administration de la SBM. Même si la Banque deMaurice y donne son feu vert, il n’est pas exclu que celui-ci dispose déjà d’une bonne marge de manœuvre pour agir et éviter à la SBM toute accumulation de scandales liés à la négligence des préposés responsables. Au final, ces milliards de roupies n’auraient pas dû quitter SBM Tower pour s’évaporer dans d’obscurs projets transfrontaliers.
Encore que l’éventuel nominé de la holding au board de la banque ne peut avoir accès aux profils des clients VIP et autres, tant à Maurice qu’à l’étranger, les principes de bonne gouvernance exigeant que seule l’équipe dirigeante du pôle bancaire a ce droit.
Du coup, c’est un exercice de communication raté pour le Chairman du groupe car visiblement il laisse trop de questions sans réponse. À l’instar des conditions pour le moins troublantes de l’exit du précédent CEO, Raj Dussoye, en août de l’année dernière. À cet effet, il est pour le moins révoltant que le CEO par intérim, P.V. Rao, présent à cet exercice de com, qui a pris ses fonctions en août 2018 après le passage à témoin, soit devenu tellement amnésique pour ne pas se rappeler si son prédécesseur aurait obtenu un ‘golden handshake’ ou pas. Mais il y a mieux... comment, en l’espace d’une année financière, les dépenses globales (personnelles et autres) du groupe ont augmenté de Rs 1 milliard ou encore le milliard de roupies de revenus opérationnels comptabilisé dans les résultats de la holding. Les actionnaires de la compagnie, institutionnels et individuels, ont certainement besoin d’être éclairés..
Si Kee Chong Li Kwong Wing et son CEO ont la volonté de mettre de l’ordre dans le portefeuille des clients du segment 2, soit ceux opérant hors de Maurice, ils ont intérêt à s’y engager à fond pour redonner à la SBM son prestige d’antan et la fierté d’une banque bien gérée. Ce n’est pas en cherchant systématiquement des boucs émissaires qu’on avancera dans cette voie. Hier, c’était Muni Krishna Reddy et Jairaj Sonoo, considéré comme le «blue-eyed boy» de ce dernier; aujourd’hui c’est Nayen Kumar Ballah ... et demain ?
La SBM ou Air Mauritius ne sont pas des institutions qu’on gère comme la tabagie du coin. Si leurs dirigeants n’ont pas compris cela, c’est qu’ils n’ont rien compris. Il faudrait alors tirer l’échelle !
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