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VAR, destructeur d’émotions

19 avril 2019, 07:30

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VAR, destructeur d’émotions

«Fuck VAR.» Le milieu de terrain brésilien de Manchester City, Fernandinho, n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer sa colère en zone mixte après la qualification rocambolesque de Tottenham, selon Simon Mullock, rédacteur en chef du football au «Sunday Mirror» qui l’a croisé après le match, à l’«Etihad Stadium».

Menant 4-3 dans les arrêts de jeu de ce quart de finale au suspense insoutenable, City avait besoin d’un cinquième but pour se qualifier. Et il est arrivé, à la 93e minute, sur une réalisation inespérée de Raheem Sterling.

À cet instant, le stade explose. City réussit l’impensable. Pep Guardiola fait des sauts de cabri, Sterling court jusqu’au poteau de corner enlacé par ses coé-quipiers et harangue la foule d’un «Etihad Stadium» en délire. Mais quelques secondes de délire collectif plus tard, retour à la réalité. Brutale. L’attaquant anglais était hors-jeu sur l’action ! L’arbitre refuse le but, non validé par l’assistance vidéo à l’arbitrage pour un hors-jeu de Sergio Agüero, passeur décisif sur l’action.

Guardiola est abasourdi. Le ciel vient de tomber sur la tête de l’entraîneur mancunien, genoux à terre, tête entre les mains. En une fraction de seconde, il a vécu le pire côté du VAR : l’ascenseur émotionnel qui vous fait passer d’une euphorie de 10 à 0 en une décision. «Coupe li perna di sang», dirait-on chez nous ! Devant notre télé, on a mal pour lui. L’inventeur du beau jeu «Made in City», qui a fait tant progresser ce championnat en trois ans, est sanction-né par un coup du sort, lui qui a toujours soutenu le fameux VAR.

Quelques instants plus tard, c’est fini. Le champion d’Angleterre est éliminé en quart pour la troisième fois de suite. City n’a pas eu sa «remontada» façon Manchester United au Parc des Princes (penalty transformé à la 94e minute) – les «Red Devils», eux, avaient d’ailleurs été sauvé par le VAR justement ce soir-là après une main de Presnel Kimpembe qui n’aurait jamais été signalé avant l’intervention de l’arbitrage vidéo.

Le VAR corrige des injustices, certes, mais il est trop abrupt. Va falloir s’y habituer… «C’est dur», reconnaît Pep après coup. «On n’est pas loin de passer. C’est cruel, mais il faut l’accepter. C’était un beau match pour tout le monde. On a tout fait en seconde période. Il faut féliciter Tottenham, la meilleure équipe est passée. (…) Je soutiens le VAR. Je suis pour un football juste, pour des décisions justes. S’il (Agüero) est hors-jeu, il est hors-jeu.» Réaction, très classe. Comme celle de Bernardo Silva du reste. Fernandinho, lui, n’a pas pu contenir sa rage. Ce n’est pas un robot. Comme Neymar après l’élimination parisienne en mars dernier tiens : «C’est une honte. On met quatre mecs qui ne comprennent rien au foot pour regarder un tir au ralenti devant la télé… (…) Allez-vous faire foutre…»

Le VAR est un destructeur d’émotions qui change à jamais les émotions pures du football. C’est le revers de la médaille de cette formidable avancée technologique. À force, les gars vont peut-être attendre une ou deux minutes après chaque but pour être sûr qu’il est bien validé… L’arbitrage vidéo sera en tout cas une réalité la saison prochaine en Angleterre aussi. On n’a pas fini d’en débattre tous les week-ends, croyez-moi. Mais c’est un mal nécessaire qui va réduire les injustices. Nettement perfectible, mais sans pitié avec la triche. Ainsi soit-il.