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Inquiétante régression du secteur touristique
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Inquiétante régression du secteur touristique
Le facteur économique le plus inquiétant vu sur le long terme, c’est bien la régression du secteur touristique à Maurice.
Lancé par Gaëtan Duval à la fin des années soixante, le tourisme a connu une croissance exponentielle jusqu’à l’arrivée d’Anil Gayan au ministère. La promotion touristique fut lancée très modestement mais avec beaucoup d’efficacité par le gouvernement de coalition PTr-PMSD de 1969-73. Le haut fonctionnaire participant activement à cette promotion – Cyril Vadamootoo – préparait de ses propres mains le curry de poulet et des plats créoles à être servis aux célébrités européennes visées par Maurice. C’était bien avant que les Européens ne découvrent les délices de la cuisine exotique, dont indienne.
Les efforts du tandem Duval-Vadamootoo allaient rapporter des dividendes. C’est ainsi que Brigitte Bardot, alors une vedette mondiale, visita Maurice. D’autres célébrités françaises, dont Carlos, allaient suivre ses pas et aider à placer Maurice sur la carte du tourisme mondial.
Les Français allaient constituer l’épine dorsale du tourisme mauricien. Ne sait-on pas que le président Jacques Chirac préférait passer un mois à Maurice plutôt qu’un jour à La Réunion ? De même, Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international, et Ségolène Royal étaient combien heureuses de passer de moments agréables à Maurice sans même regarder dans la direction de La Réunion, pourtant département français.
Croissance soutenue, d’année en année, et c’est sous la tutelle de Michaël Sik Yuen que Maurice devait traverser la barre magique et historique d’un million de visiteurs. Avec XavierLuc Duval comme responsable du tourisme, Maurice n’a cessé de progresser dans ce secteur.
Le tourisme n’a pas été qu’un créateur d’emplois et fournisseur de devises à l’économie mauricienne. Le tourisme a été un véritable moteur de mobilité sociale, surtout dans les villages du nord de l’île, où l’agriculture n’a cessé de régresser comme source de revenus. Grâce à la formation acquise, de jeunes Mauriciens sont même partis travailler dans des hôtels et sur des paquebots dans d’autres pays, assurant à leurs proches d’ici une certaine source de revenus.
On fait maintenant face à l’impensable : le recul du tourisme. On visite Maurice de moins en moins. Qui aurait cru que les Réunionnais bouderaient Maurice un jour ? Que de moments de joie qu’ils passaient à Maurice, ces Réunionnais physiquement si proches de nous. Ils cachaient mal leur excitation dans nos foires et auprès des marchands ambulants. Ils repartaient avec des valises pleines après leur shopping effréné. Nos marchands de dholl-puree, de samoussa et de badia en faisaient un bon business.
Les opérateurs touristiques et le gouvernement se contentent d’attribuer à des facteurs externes la chute des arrivées touristiques. On trouve des problèmes en Chine. Pourtant, les Chinois voyagent de plus en plus, maintenant ils vont même faire du tourisme en Corée du Nord. On avance le facteur Brexit. Les Britanniques sont pourtant de plus en plus présents aux Maldives, au Sri Lanka et aux Seychelles. Thomas Cook en recevership? Les Sri-Lankais, les Seychellois et les Maldiviens n’en sont pas affectés outre mesure, c’est seulement Missié Maurice qui en souffre ?
Air Mauritius sert aussi d’exutoire par excellence pour les hôteliers. Les touristes boudent le pays et Air Mauritius devient le whipping boy. Il est vrai que de toute son histoire, Air Mauritius connaît en ce moment sa plus mauvaise gestion car on a confié la compagnie à des mignons de la fameuse Kwizinn. Pour masquer leur incompétence, ils se cachent derrière les Chagossiens. Mais si le produit Maurice était irrésistible, les touristes ne se retrouveraient-ils pas devant plusieurs possibilités de voyage, l’île étant amplement desservie par plusieurs compagnies aériennes étrangères ?
On a aussi avancé comme raison le manque de formation du personnel. Qu’attend l’industrie touristique pour former son propre personnel ? Que les contribuables mauriciens, à travers les agences du gouvernement, financent la formation pour que les opérateurs puissent faire de plus en plus de profits ?
La perte de l’attrait Maurice pourrait être expliquée par deux facteurs principaux, l’un d’ordre infrastructurel, l’autre relevant des réalités culturelles et sociologiques. Le nouveau mantra du gouvernement, c’est la modernisation de l’infrastructure. Mais réalise-t-on que le bétonnage systématique du pays se produisant en même temps que l’abandon de champs par les petits planteurs donne à Maurice une toute nouvelle image et certainement pas celle d’une île exotique et verte, avec des plages immaculées ? Avec le béton omniprésent et le lagon et le récif corallien de plus en plus dégradés, on devient de plus en plus Miami Beach.
Sur le plan culturel, le touriste étranger ne rencontre plus ce Mauricien gentil et affable qui faisait de son mieux pour l’aider à retrouver son chemin. Suivant une interaction avec les locaux, le touriste risque de se retrouver dépouillé de son portable et de son argent. Car la probabilité de tomber sur un malfrat ou même un pervers est maintenant plus grande que jamais. Le nouveau Mauricien bruyant, agressif, sans complexe, possiblement un amateur de synthé, voit en l’étranger, surtout la femme, une proie potentielle. Si on continue sur cette lancée, Maurice deviendrait bien vite la nouvelle Jamaïque.
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