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It is their time to eat : Part IV (The case of Etienne)

24 août 2019, 07:42

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Miracle avant l’arrivée du Pape. L’honorable Marie Joseph Noël-Etienne Ghislain Sinatambou nous réclame 50 millions de nos roupies, comme si on les flambait, ou les investissait en biens fonciers, comme lui. Ce chiffre faramineux se niche dans une plainte qui nous est parvenue hier... après notre déjeuner frugal auprès de notre marchand préféré de dholl puris, un digne père de deux enfants en fin de cycle secondaire, et n’ayant pas de parents ministres. Rs 50 millions qu’il nous réclame non pas pour régler ses notes de frais – dont les contribuables et un haut fonctionnaire assermenté se chargent, en bonne partie, de toute façon. Mais Rs 50 millions pour laver son honneur. N’est-ce pas trop cher payé, très cher… (con)tribuable ?

Le ministre Marie Joseph Noël-Etienne Ghislain Sinatambou pointe du doigt l’express et estime que le billet d’humeur en date du 16 août, Etienne : «Pa vinn gat makaroni», signé Anju Ramgulam, et l’article Nouvelles factures révélées : Sinatambou mange, vous payez, d’Axcel Chenney, publié le 21 août, n’avaient pas, comme nous le pensions modestement, pour but d’informer et d’éclairer nos compatriotes, c.-à-d. les lecteurs ou électeurs, mais, selon lui, de «purely» «cause harm to the Plaintiff and/ or to lower him in the eyes of the newspaper readers, followers and the public in general both nationally and internationally.»

Flanqué de son fidèle serviteur Dharamraj Deenoo, haut fonctionnaire qui le suit partout, indépendamment si c’est Ramgoolam ou Jugnauth qui agit comme Premier ministre, Sinatambou, à bien y réfléchir, avait-il vraiment besoin de nous, comme acteurs médiatiques, pour se ternir la réputation politique ? Ou tente-t-il, comme il avait essayé de le faire dans le sillage du #Yerrigadoogate, tel un risible show man sur le plateau de Réunion 1ère, d’essayer de discréditer la presse indépendante de Maurice afin de tenter de connaître ses sources d’information (celles-là même qui osent remettre en perspective les promesses de transparence jadis faites en 2014) ?

Un gouvernement soit disant progressiste mais qui utilise un procédé du code pénal qui n’existe plus dans les démocraties modernes, elles qui ont compris le rôle capitale de la presse libre et indépendante. La diffamation criminelle doit être abolie ! Une honte pour celles qui non seulement ne veulent pas l’abolir mais qui s’en servent pour punir ceux, comme nous, qui se battent, au quotidien ou quand ils le peuvent, pour le libre accès à l’information publique. Un pilier pour toute démocratie.

Du reste, hier, je voulais accompagner ma collègue et camarade Anju Ramgulam, au CCID où elle s’est retrouvée, à cause d’un Sinatambou trop zélé pourtant pour un dimanche, sans du Sex on the Beach dans le sang, face aux enquêteurs chargés, malgré eux, de séparer l’humour naturel d’Anju, une forme artistique (soit on aime, soit on n’aime pas), de sa liberté journalistique, droit constitutionnel pour tous ses collègues et elle. Mais on m’a empêché de grimper, une fois de plus, ces marches menant aux officines du CCID. Raison évoquée par l’inspecteur en poste aux Casernes : je pourrais moi-aussi être appelé dans le cadre de cette zistwar de «gat makaroni». Me faire ravaler mes mines bouillis.

Voilà ce qu’un ministre de la République oblige à des policiers de faire : convoquer illico presto la presse dès qu’il y a un article qui ne plaît pas aux princes qui nous gouvernent…

***

Fin avril 2016. Apres deux ans de feu Lepep, je demandais aux lecteurs de demander, autour d’eux, ce que l’on pensait alors du gouvernement toujours en poste, taquinant, à tâtons, la fin de sa présente législature. Plus de trois ans de cela, on entendait déjà : «Zot pir ki lékip Ramgoolam sa !». Ce n’était, peut-être, pas scientifiquement prouvé, mais c’était le sentiment général qui se dégageait, du moins en surface, parmi ceux qui osent / peuvent encore penser de manière critique.

En 2016, la liste était déjà longue : nomination du fils de Raj Dayal à la tête du Conciliation Service; nomination controversée à la tête du Trust Fund for Specialised Medical Care ; présence en force des proches du pouvoir sur la liste des 60 médecins recrutés temporairement par la Santé (dont 18 seront par la suite retenus sur une base permanente) ; SAJ poursuivi par un client de la Bramer Bank pour avoir retiré son argent juste avant que le permis de cette banque ne soit révoqué ; recrutement de la fille de la speaker comme CEO de la SLDC ; démission de Pravind Jugnauth après avoir été reconnu coupable dans l’affaire MedPoint ; confusion des rôles des ministres dans l’enquête sur DufryFrydu ; factures impayées de Showkutally Soodhun ; implication du ministre Gungah dans l’affaire NTA ; bras de fer entre le DPP et le gouvernement ; comparution de Prakash Maunthrooa, Senior Adviser au PMO, dans le cadre de l’affaire Boskalis ; enquête de l’ICAC sur le projet de Yihai au Domaine Les Pailles ; emprunt en euros du ministre des Finances auprès de la State Bank pour spéculer sur l’or ; commande de Raj Dayal pour des «bal kouler» dans le cadre de la fête Holi...

Après 15 mois seulement, ce gouvernement qui nous dirige avait, assez rapidement, atteint un niveau d’insatisfaction en raison des promesses de nettoyage qui avaient été faites en novembre 2014.

Du reste, les premières phrases du manifeste électoral de Lepep se lisent ainsi : «Notre pays doit CHANGER, c’est notre conviction profonde et c’est aussi le vœu légitime du peuple. Nous pourrons bâtir ensemble cette île Maurice que vous êtes en droit d’attendre. Une île Maurice débarrassée de la FRAUDE, de la CORRUPTION et du COPINAGE; (...) un pays où primera l’ÉGALITÉ DES CHANCES...». (Nous avons cru utile de mettre les mots-clés en lettres capitales.)