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Élections: Changement avec les mêmes ? WWOOF !

25 août 2019, 07:38

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Lors de ces prochaines élections, les quatre principaux protagonistes connus jusqu’ici, seront bien mal lotis pour proposer du «changement» pour le pays. Nous aurons en effet à choisir entre Paul Bérenger, Navin Ramgoolam, Pravind Jugnauth et Xavier-Luc Duval dans une quelconque combinaison ou individuellement. L’ironie veut qu’en tant que leader de parti, le plus «nouveau» de la bande, soit Pravind Jugnauth. Il n’était, en effet, pas «leader» en 2014, juste un piti. Il est aussi le plus jeune, même si c’est relatif, mais, malheureusement pour lui, il a aussi été le plus visible des quatre depuis janvier 2017, alourdi qu’il était par ses multiples responsabilités ministérielles, le fait d’être toujours au moins un peu dans l’ombre du père et de la famille étendue et libéralement plombé par un long catalogue de scandales les uns plus épicés que les autres. Népotisme en tête ! Dans son escarcelle, comme Premier ministre en exercice, Pravind Jugnauth va évidemment vanter son bilan qui va inclure l’amélioration de la pension de vieillesse, le Metro Express, Safe City, le salaire minimum, le «bijou» de Côte-d’Or, les Jeux des îles, le dossier des Chagos… S’il faut y inclure la bénédiction du pape, une visite du père Modi, le chiffre 13 ou la pension portable, ce sera fait, soyez en sûr ! Cependant des pièces majeures de son bilan souffrent quand même de controverse. Pensez, par exemple, au Safe City qui coûtera Rs 18 milliards au Trésor public sur les 20 prochaines années et qui ne se justifiera que s’il peut annuellement démontrer une criminalité dûment réduite de manière «rentable», sans la tentation d’un voyeurisme d’un autre type… La fiabilité du Metro Express, qui sera certes, un beau fleuron visuel et peut-être même au niveau du transport public, reste à être établie. Peut-on se permettre le «bijou» de Côte-d’Or de Rs 4,8 milliards quand on ne peut même pas encore entretenir (et utiliser) le stade GeorgeV à satisfaction ? De l’eau 24/7 ou la Freedom of Information Act promis restent dans le domaine du rêve… 

Paul Bérenger, contrairement aux autres, n’a pas hérité du travail de son père, et est le seul dont le parcours a été façonné de ses propres mains. Avec le concours d’amis, bien sûr, même si les amitiés sont souvent précaires en politique. On lui doit l’émergence de la taxe sur la consommation et la modification constitutionnelle garantissant la tenue régulière des élections. Seulement, s’il a été PM pendant deux, ans c’est grâce au bon vouloir et à la parole de SAJ dans une coalition ! Pendant longtemps la principale force politique du pays, le MMM semble avoir été éviscéré en 2014 lors d’un mariage style «carpe et lapin» qui lui fit avaler quelques grosses couleuvres, dont les incartades de Ramgoolam, son partenaire du jour. Après la défection d’Ivan Collendavelloo, de nombreux autres lieutenants s’éclipsèrent dans autant de schismes que de frustrations personnelles (Obeegadoo, Ganoo, Labelle, Jeeha…). Le courant d’espoir et de renouveau longtemps incarné par Bérenger paraît aujourd’hui bien effiloché après bien des compromis, même si quelques principes de base restent inviolés. 

Navin Ramgoolam avait, à ses débuts, une chance en or aussi de changer la donne. Isolé à Londres, à l’abri des miasmes locaux, on le croyait capable de mener le pays vers des horizons franchement neufs, sans cynisme, sans tribalisme et de manière progressiste. Il a beaucoup déçu. Ayant déclenché une vague d’espoir pour la méritocratie et l’égalité des chances, sa version de démocratisation de l’économie, s’est finalement étripé sur les brisants usuels des favoritismes particularisés. Si le cadeau de son père à la nation furent l’Indépendance et l’éducation gratuite, lui laissera, entre autres, le transport gratuit. Son fond «démocratique» est sans doute mieux aiguisé que celui de son adversaire direct qui aura, lui, à traîner le Prosecution Commission Bill, son traitement abject du pilote Hofman et du CEO Megh Pillay et son interférence à l’Electoral Supervisory Commission derrière lui pour l’éternité; mais il a quand même insolemment boycotté des journaux jusqu’à mener à des licenciements, zigouillé Sithanen à l’autel des Jugnauth, ridiculisé le Parlement pendant qu’il «koz-kozait», approuvé les contrats Neotown et Dufry, et intronisé Callikhan à la MBC pour «faire un travail» ! Se méfiant de tout et souvent de tous, Ramgoolam s’est aussi largement retrouvé accusé d’indécision et d’atermoiements, accumulant des dossiers où il ne tranchait pas. Plus que dans les cas Bérenger, Jugnauth ou Duval, il y aura un futur certain au PTr, même s’il n’est plus là. Mais il se croit toujours incontournable en nous disant qu’il a changé et en promettant la «rupture» ! Qui reste évidemment à définir de manière concrète… 

Xavier-Luc Duval avait, jusqu’à tout récemment, un blason plutôt redoré, grâce à sa démission de principe devant les dangers totalitaires évoqués par le Prosecution Commission Bill appelé à mater le DPP et un passage plutôt réussi comme leader de l’opposition, qui faisait quelque peu oublier son fonds de commerce trop familial. Mais, les élections approchant et la leçon de la partielle de Quatre-Bornes ayant à jamais éteint ses ambitions premier-ministériels, il s’agissait, semble-t-il, de reprendre la posture la plus payante : celle d’une «zoli mamzelle» souvent déflorée, mais toujours disposée. Cette image troublante, en société encore très «macho», n’est pas du signataire de cette chronique… 

Si quelque électeur veut vraiment du neuf et souhaite ardemment du changement, qu’il aille au moins jeter un coup d’oeil et écouter les propos de 100 % Citoyens, de Yuvan Beejadhur (#EnForceMaurice), de Nou Repiblik, de… (Qui ont d’ailleurs tout intérêt, là où c’est possible, à faire des compromis et à se regrouper rapidement). Et si l’électeur se contente alors toujours de ce qu’il connaît déjà, qu’il ne se réclame plus jamais d’être du parti de et de réclamer du «sanzma» ! À moins que les leaders politiques ci-dessus ne nous surprennent et s’entourent d’hommes et de femmes de valeur qui nous fassent moins honte. Et que, pour nous stupéfier totalement, ils ne se fassent tout bonnement remplacer par meilleurs qu’eux-mêmes… avant les élections ! 

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À l’ère où un président des États-Unis croit encore pouvoir acheter le Groenland, comme à l’époque, «goods, chattels and all», y compris 56 000 résidents Inuits, suppose-t-on (ou est-ce que l’intention était d’affréter quelques bateaux pour les déplacer ailleurs, comme les Chagossiens ?); il est bon de signaler le mouvement WWOOF. 

Si j’avais 50 ans de moins, je m’y serais lancé ! Il s’agit d’un réseau international qui regroupe des petits fermiers, très largement en mode organique, qui offrent le repas et le gîte à toute personne désirant travailler à la ferme en volontaire. Fondé dans les années ’70, l’idée était de permettre à des jeunes de voir du pays sans trop de frais, mais surtout de permettre à des citadins de se reconnecter avec la nature. L’initiatrice du projet, Sue Goddard, le dit si bien : «Se connecter avec la nature est l’équivalent psychologique de la vitamine C» ! Dans ce monde de plus en plus urbanisé, matérialiste et cynique, menacé par le changement climatique et fragilisé par l’agriculture industrielle – elle-même dépendante du chimique parce qu’invariablement monoculturale – il sera peut-être salutaire de se trouver de nouveaux moyens de bien se nourrir, à juste prix ? Et si la solution se trouvait dans un nouveau regard englobant la permaculture, la technologie (AI, Big Data, robotique et autres) et de nouvelles habitudes alimentaires; peut-être pourrions-nous, à la fois, guérir la planète, mieux nourrir 10 milliards d’humains et faire reculer le diabète et le cholestérol ?