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Électeurs tournés en bourriques: réveillez-vous !

1 septembre 2019, 07:27

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La République démocratique du Congo vient, enfin, de finaliser la liste des ministres de son nouveau gouvernement, après… sept mois d’études et de conciliabules ! Il est difficile à ce stade de dire si le gouvernement, une fois en place, va pouvoir, au moins, s’assurer que le pays marche mieux que durant les sept derniers mois «sans», mais ce qui est sûr, c’est que cela coûtera désormais plus cher ! Il faudra, en effet, maintenant que le pays couvre d’abord ses nouveaux frais sous forme de salaires, de sécurité, de repas, de per diem, de billets d’avion pour son cabinet ministériel… Valery Mandiaga, de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), cité par RFI, souligne qu’il y aura cinq vice- Premiers ministres. S’y ajouteront 10 ministres d’État, 34 ministres «aux fonctions» et 17 vice-ministres «aux fonctions», pour une note totale estimée à 700 millions de dollars par an, SOIT LE QUART DU BUDGET NATIONAL. La priorité est claire : il fallait caser un maximum de monde. De quoi inspirer tout nouveau gouvernement ici qui souhaiterait, des fois, faire des alliances diverses ou carrément débaucher du personnel chez l’adversaire ? Soulignons qu’au Congo (ce n’est plus le Congo de Léopold II ou de Tintin), il y a désormais un ministre du Budget, un ministre du Plan, un ministre des Finances, un ministre de l’Économie nationale, un ministre du Portefeuille (Eh oui ! Alors que le peuple a plutôt besoin de porte monnaies, pour le moment…), en sus de ministres du Commerce, de l’Industrie, des PME, des Mines, des Hydrocarbures, etc.…Gageons que cela prendra quelque temps pour délimiter les platebandes de manière adéquate et que les services de M. Déogratias (!) Nkusu Kunzi Bikawa, ministre des Relations avec le Parlement, seront en grande demande auprès des 434 parlementaires restants qui ne se retrouvent pas, eux-mêmes, parmi les 66 privilégiés.

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Quand un parti politique encourage des opposants à se joindre à lui cela ne suggère pas, généralement, que ce parti se sent particulièrement solidement ancré. Quand ceux qui font le saut sont, en plus, des seconds ou des troisièmes couteaux, on peut, sans trop de risque, suggérer que les conséquences peuvent être quelque peu problématiques. En effet, moins qu’un véritable «leader» n’apporte que peu de votes – qui ne sont pas des ‘dépôts fixes’, de toute manière – et, de plus, tout nouvel arrivant qui n’arriverait pas gratuitement implique que ceux qui étaient déjà installés devront faire de la place ! À moins que l’on augmente le nombre de places de ministres, d’ambassadeurs, de Chairman de compagnies d’État diverses…

Par ailleurs, rappelons que l’alliance Lepep avait, entre autres promesses électorales, annoncé une législation antitransfuges (page 6 du manifeste !), mais qu’il a vite ravalé cette idée quand ça ne lui était plus utile (Wong, Monty, Lesjongard, Joomaye, Sorefan…). À Rodrigues, ce sont deux postes de commissaires apparemment promis par Serge Clair qui pourraient faire basculer la décision claire des électeurs de février 2017.

L’attrait du «pouvoir» semble décidément irrésistible, peu importe ce que les électeurs avaient décidé…

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Ah, les électeurs ! Ils semblent de plus en plus être les principaux cocus de la circonstance et pas seulement à Maurice ou à Rodrigues !

Prenez l’Italie. Les électeurs élisent en mars 2018 une coalition de Di Maio (5 Star) et Salvini (Lega), rejetant les partis traditionnels. Un peu plus d’un an plus tard, Salvini ayant joué un maximum sur la fibre nationaliste/anti-immigrants et obnubilé par des sondages qui le font désormais rêver, casse sa coalition et veut forcer aux élections. Résultat ? Le parti démocratique de Renzi, botté hors du pouvoir en 2018, retourne triomphant… au pouvoir !

En Grande-Bretagne, ils en sont au point où un vote référendaire de 2016, gagné par les Brexiteers avec 52 % face à 48 % lors d’une campagne à la fois mensongère et émotionnelle, est présenté comme un mandat «absolu», alors que ce mandat était au mieux défectueux, les termes du Brexit n’étant alors précisés d’aucune manière. Pire ! Une sortie sans accord n’était même pas envisagée ! Aujourd’hui, toute la question semble tourner autour du «pouvoir» une fois encore. Depuis l’arrivée de Boris Johnson (BOJO) comme PM, le parti conservateur semble avoir retrouvé la grande majorité des voix qui avaient émigré vers le Brexit Party de Nigel Farage pour les récentes élections européennes. Or, ce retour d’électeurs lui donnerait 12 % d’avance sur les travaillistes, selon les sondages, serait mis à mal si jamais il obtenait un accord de sortie avec l’UE qui voudrait, of course, dire… des «compromis». Conséquence ? Pour rester au pouvoir (ou gagner des élections à court terme) BOJO a intérêt à sortir de l’UE sans accord. Ainsi, la dernière manoeuvre du renvoi du Parlement au 14 octobre, soit 16 jours avant la sortie automatique le 30 octobre prochain ! Une fois encore, le bien du pays passerait après le bénéfice des partis et l’opinion de leurs dirigeants, l’opinion publique ayant, depuis le référendum, basculé en faveur de rester européen, même si les derniers événements ont anormalement gonflé ceux qui «ne savent… plus» à presque 30 % !

L’attrait du pouvoir menait aussi, après la récente victoire nationale du BJP en Inde, à ce que, par exemple, 16 élus de l’opposition au BJP dans l’État du Karnataka désertent leur camp, en démissionnant, causant la chute du gouvernement régional Congres/Kumaraswamy.

Aux États-Unis, Trump gagnait son élection sans un mandat populaire, grâce au système biscornu du collège électoral, monté à l’époque pour rassurer les petits États qui avaient peur d’être écrasés au niveau fédéral. Parmi ses promesses non tenues, citons la construction d’un mur avec le Mexique que cette dernière paierait, la révocation d’Obamacare pour le remplacer par un système qui coûterait «bien moins cher», une baisse substantielle de la taxe pour tous (on sait maintenant que «tous» s’ajoutent à 1% ou moins) et la non-réduction de la sécurité sociale de Medicaid et de Medicare. Gageons aussi que la guerre commerciale avec la Chine ne fait pas rire les États fermiers, ni les consommateurs qui paient, de fait, les taxes encaissées dont Trump se vante tant. Voilà, ainsi, un ego de narcissiste qui prend bien trop souvent préséance sur le bien du pays ! Résultat ? Des 11 derniers présidents des États-Unis ayant dirigé plus de 929 jours, soit au 7 août 2019, il est le moins populaire sauf pour Jimmy Carter. Le taux de désapprobation sur sa présidence a, comme cela, systématiquement été au-dessus de 50 % et est couramment à 54,1 %, ayant débuté à 44 %.

Conclusion ? Bien trop souvent en démocratie, la volonté des urnes n’est pas respectée une fois le vote terminé. Pour le politicien motivé par l’intérêt du parti ou l’intérêt personnel, tous les coups fourrés semblent permis, toutes les permutations envisagées, même si c’est explicitement mandaté différemment aux urnes. Dans cette situation, l’électorat n’a alors qu’un seul recours, qu’un seul devoir de dignité à la prochaine consultation populaire : solidement punir ceux qui se foutent de sa gueule !