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Gabegie électorale

5 octobre 2019, 07:46

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Gabegie électorale

Nous nageons en plein suspense électoral. Il ne se passe pas un jour, surtout depuis que Mauricio a été lancé, sans que l’on spécule sur la dissolution imminente du Parlement. Mais jusqu’ici toujours rien. Les coupures de ruban et les débauchages ne sont apparemment pas encore finis. Seuls les Jugnauth et leurs astres savent quand le signal sera donné. À leur avantage, cela va sans dire.

Face au gouvernement sortant, Ramgoolam cache tout aussi bien son jeu. Il ne veut pas être pris de court mais évite de révéler sa stratégie – d’où le retard pour officialiser l’arrangement du PTr avec le PMSD et le MP. Cette situation sur l’échiquier complique ou retarde la gestion des dossiers – car tout devient politisé à outrance, tout est fait à l’aune des prochaines législatives.

Prenons le sort des petits planteurs. Après la fin des quotas et du prix garantis du sucre (qui avaient sonné le glas que des sourds n’ont pas voulu entendre), l’aspect qui bloque l’engrenage demeure cet impératif électoral ; soit la protection desdits petits planteurs dont la définition fiscale élastique montre bien que l’intérêt n’est pas industriel mais davantage sectoriel.

Dès lors, au lieu de comprendre que la conversion des terres à d’autres productions (dont celle du cannabis qui est à considérer sérieusement) s’imposait, tous les efforts actuels s’avèrent des tentatives de sauver le moribond. Ici, on dépierre les terres rocheuses et pentues. On consolide la petite propriété. On multiplie les subsides et l’encadrement. On irrigue gratis. Pour faire quoi ? Pour sauver un malade condamné...

Pourtant, Maurice comme producteur sucrier n’a pratiquement plus aucune chance. L’express l’a souvent écrit : notre pays n’a ni la technologie de pointe, ni les grandes étendues plates qui permettent les économies d’échelle, ni les moyens financiers pour acquérir une technologie coûteuse au-delà de nos moyens. L’échec est garanti. Même l’utilisation de la bagasse, certes une notion utile, restera restreinte (d’où le recours condamnable au charbon !), car on sait déjà qu’il n’y en aura jamais assez. Bye-bye électricité, bye-bye éthanol.

Les décisions prises aujourd’hui dans un contexte préélectoral peuvent être des boulets dont on paiera le prix plus tard. Il y va de l’aide aux petits planteurs comme l’inflation démagogique de la pension universelle ou de la gratuité d’un système de métro ou plutôt de tram dont la fiabilité ne nous a jamais été démontrée, hormis quelques chiffres jetés sans conviction et qui ne reposent que sur des spéculations.

Il y va aussi de tous ces projets qu’on inaugure, ou ces rubans qu’on coupe, de manière prématurée car le calendrier est serré. À l’image du stade de Côte-d’Or, chantier qui a englouti des milliards et qui a vu la mort de quatre ouvriers, inauguré à la va-vite pour les besoins de com, sans qu’on ait pu vraiment l’utiliser pour les JIOI – un éléphant blanc en puissance. À l’image de la gare routière de Pointe-aux-Sables, dont l’inauguration il y a plusieurs semaines a été pleinement exploitée par la MBC, sauf qu’elle demeure impraticable à ce jour... faute de route d’accès. Le manque d’idées, d’audace et de motivation se renforce ces temps-ci par une gabegie purement électorale qui nous fait dépenser des milliards, qu’on jette pour créer une impression de développement.