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#J-20 : Le jour où l’on n’aura plus à choisir
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#J-20 : Le jour où l’on n’aura plus à choisir
La (re)conquête ou la conservation du pouvoir sont les deux principaux problèmes qui animent Maurice depuis quelque temps. Gouvernement et oppositions partagent, en effet, cette unique obsession qui devient, devant nos yeux écarquillés, prétexte à surenchère, corruption des consciences, favoritisme et démagogie. Bref, tout ce qui va durablement hypothéquer notre avenir le temps de cette courte et intense campagne électorale.
Renverser ou soutenir les Jugnauth (et les Ramdanee) ? Changer l’opposition et le gouvernement de place ? Rallier Ramgoolam et Duval ? Soutenir Bérenger ? Qu’allez-vous faire ? Et en quoi cela va changer votre vie...
Sans doute que cela ne va rien changer. Et vos problèmes resteront les mêmes, intacts. La surenchère, la démagogie, la politique des petits copains et des petites copines reprendront de plus belle, qui sait ?
En 1966, sous la plume du Dr Philippe Forget, l’éditorial de l’express mettait déjà en avant le fait majeur qu’il nous «faut vouloir la fin et se garder des moyens qui l’éloignent. Devant le dilemme que posent les micmacs des partis – ces frères d’autant plus ennemis qu’ils sont jumeaux –on peut dire à l’électorat comme en 1959 : ne votez pas pour les partis, votez pour les hommes. Mais où cela a-t-il conduit ? Nulle part. Les partis sont restés maîtres. La masse les suit. Les hommes se tiennent loin».
Lui-même candidat (travailliste) battu, le 21 octobre 1963, au n° 39 (il y avait alors 40 circonscriptions et un élu par circonscription) face à Jules Koenig (PMSD), le Dr Forgetnous disait souvent qu’un pays a la politique qu’il mérite, le gouvernement qu’il mérite et que le seul garant de la qualité des deux, c’est la qualité de l’opinion. «C’est sur elle, avec elle, qu’il nous faut agir. Il n’y a pas d’autre problème.»
C’est fort de cet enseignement que nous faisons, au jour le jour, notre journal et on va aux élections générales chaque matin – avec notre lot quotidien de supporters et de détracteurs. De manière imperturbable, nous continu(er)ons à disséquer les faits d’actualité, montrer les erreurs où qu’elles se trouvent et tentons d’entreprendre l’exercice salutaire d’une éventuelle dépolarisation politique. C’est un travail à long terme, que de petits crétins, qui veulent brûler notre journal ou entacher sur une caisse de savon notre crédibilité, ne pourront jamais comprendre. Eux qui vivent ou existent uniquement le temps d’un mandat de cinq ans.
Le salut viendra, on l’espère, le jour où au sein des deux ou trois camps politiques, l’opinion aura installé, comme le souhaitait le Dr Forget, cette majorité d’hommes et de femmes publics ne transigeant pas avec l’intérêt général, la recherche du progrès, l’effort et l’honnêteté. Ce jour-là, on n’aura plus à choisir. Car on aura gagné...
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Retour historique, surtout pour nos jeunes électeurs, en page 10, sur les élections de 1976 – quand il y a eu la fameuse lutte à trois opposant le PTr, le MMM et le PMSD. Quarante-trois ans plus tard, le MSM a remplacé le PMSD qui a, lui, intégré, en amont des élections, le PTr. Le premier enseignement de cette joute est qu’il n’y a pas eu de majorité nette : avec 38,66 % des voix et 30 sièges sur 62 (soit deux de moins que la majorité requise), c’est le MMM qui est sorti en tête. Mais entre-temps, les Rouges (38,06 % et 25 sièges) et les Bleus (16,48 % et sept députés, dont deux à Rodrigues) se sont alliés, neuf jours après les élections, afin de barrer la route, vers le pouvoir, aux Mauves, encore inexpérimentés, et, partant, constituer un gouvernement de coalition.
Autre enseignement utile, alors que l’on n’arrive pas à abolir la déclaration ethnique, malgré la résistance des uns et des autres : en 1976, les huit sièges de Best Losers ont été répartis comme suit : quatre au MMM, trois au PTr et un au PMSD. Ce qui a résulté en un décompte final : MMM (34 députés), PTr (28), PMSD (8).
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En 2019, il est triste de constater que nous sommes toujours en pleine observance du quota communal, officiel, même pas camouflé, et ce, en se fondant toujours sur le recensement ethnique de 1972 (même le MMM qui a aboli, en 1982, le recensement ethnique utilise ces chiffres de la honte pour sa liste «scientifique» de candidats). La carte communale demeure malheureusement cruciale dans la distribution de tickets, des portefeuilles et des ambassades. Le corset communal nous étouffe mais on ne s’en plaint pas. Au fond de nous, nous avons, hélas, intériorisé le fait que la méritocratie, dans une large mesure à Maurice, est un terme pour rehausser le niveau des discours, c’est tout !
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