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#J-14 Nos jeunes placent le climat sur l’agenda

24 octobre 2019, 07:42

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«I have long understood that climate change is not only an environmental issue – it is a humanitarian, economic, health, and justice issue as well». Dixit Frances Beinecke, activiste environnementale des States. Sa citation orne la banderole de la conférence Climate Justice qui se tient actuellement à l’université de Maurice, où des jeunes débattent l’urgence climatique, loin des discours des politiciens, qui ont les yeux rivés sur le (très) court terme, soit leur élection ou défaite, dans deux semaines. Cette conférence, sur laquelle nous reviendrons en long et en large, met l’accent sur la nécessité d’une action pluridisciplinaire.

C’est dans cette optique du reste que les universitaires Jacques Colom et Stéphanie Rohlfing-Dijoux, co-auteurs avec Gotz Schulze, du remarquable ouvrage constitutionnel The 50th Anniversary of Mauritius, sont actuellement à Maurice. Les deux experts, sans vouloir nous donner des leçons, préconisent l’inscription de la protection de la nature dans le préambule de notre Constitution. Pour l’heure, notre pays s’est contenté d’une simple reconnaissance législative de la protection de l’environnement, alors que celle-ci, directement liée au déréglement climatique, s’est constitutionnalisée dans plus d’une centaine d’États, dont pas moins de 26 États africains.

Si le développement économique a été une priorité pour les décideurs mauriciens pendant ces dernières décennies, le développement ne pourrait être durable que s’il satisfait équitablement les besoins des générations présentes et futures en matière de développement et d’environnement, comme le rappelle Odile Lim Tung dans un chapitre de l’ouvrage qui vient de sortir. «Si tant d’autres États ont inclus des droits et libertés fondamentaux ou des droits socio-économiques, ne serait-il pas temps pour Maurice d’en faire autant conformément à la charte de Banjul (...) Cela ne signifierait pas que du jour au lendemain, Maurice aura un environnement idéal mais c’est une évolution nécessaire.»

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Plusieurs vendredis de suite, nos jeunes Greta Thunberg ont déambulé dans la rue pour dénoncer, d’une voix collective, «la politique des adultes» qui détruit le monde, sans penser aux lendemains et aux générations futures. Et dire qu’ils ont à 15, 16, 17 ans une conscience écologique qui fait défaut à nos élus. Cest, sans doute, grâce à eux que l’Alliance Morisien et le MMM préconisent, dans leur manifeste respectif, quelques mesures «écolo», dont un Youth Environment Council, même si aucune échéance n’est précisée, comme le souligne notre (jeune) collègue Shanedy Wong Tong en page 2, qui redoute que ces mesures demeurent des promesses en…l’air.

Ici ou ailleurs, quand l’on évoque le changement climatique, l’on parle surtout de sécurité humaine, de catastrophes naturelles, de dégâts matériels, mais pas suffisamment des animaux et de la biodiversité. Or, en Europe comme aux États-Unis, de plus en plus de citoyens font pression pour les considérer sur le plan juridique. «Ils souffrent de la même manière que les gens et dépendent de nous pour leur protection lorsque survient une catastrophe naturelle», font valoir ceux qui ont lancé le hashtag #DontForgetThem.

En protégeant les animaux et les arbres par rapport aux catastrophes, nous protégeons non seulement la biodiversité de la planète pour les générations futures, mais aussi et surtout les moyens d’existence des populations actuelles. Et, partant, ces militants des droits de la flore et de la faune aident, à leur façon, à accroître la résilience de l’économie des pays touchés, tout en contribuant à améliorer le bien-être des animaux et aussi des personnes, des entreprises et des industries.

Si le débat pour préserver la biodiversité avait été initié à l’occasion du Sommet de l’environnement de Rio de Janeiro, en 1992, le débat a quelque peu déraillé avec la remise en question – entre autres par Donald Trump – du rôle que joue l’être humain dans le système climatique. Aujourd’hui, ce débat est derrière nous : la responsabilité criminelle de l’humain est bel et bien prouvée – mais combien d’animaux ont entre-temps subi les effets du changement climatique, sans qu’on n’ait eu le temps et l’empathie de les considérer dans la terrible équation…

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Comme déjà souligné ici même, le dernier rapport du Global Assessment Report (GAR 2019) maintient que nous ne pouvons plus nous permettre de procrastiner. Le monde fait face à des phénomènes qui vont s’amplifier avec le changement climatique. «Extreme changes in planetary and socioecological systems are happening now. If we continue living in this way, engaging with each other and the planet in the way we do, then our very survival is in doubt», avait déclaré à l’express le sous-secrétaire de l’ONU pour la reduction des risques liés aux catastrophes naturelles. «The human race has never before faced such large and complex threats. The doubling of extreme weather events over the last twenty years is further evidence that we need a new approach to managing disaster risk if we are to limit disaster losses. Economic losses are making it an uphill battle to hold on to development gains in low and middle income countries…»