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#J-13 L’ombre hait la lumière

25 octobre 2019, 07:33

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#J-13 L’ombre hait la lumière

Acteurs, pas toujours dignes, d’une série qui gagne chaque jour en intensité, nos dirigeants politiques sont au coeur d’un triste reality show ou telenovela qui, comme Dynasty, ne veut pas prendre fin. Chaque apparition ou déclaration de leur part prend une dimension presque cinématographique et alimente des débats dans chaque village ou ville, où les affiches sont placardées à la faveur de la nuit.

Comme ils ont réussi à couper le pays en tranches, ils se prennent pour des divinités et promettent des miracles. Vous, là-bas, les vieux, plus d’argent sera déposé sur votre compte. Pour les ménages, le gaz et l’électricité vont coûter moins cher. Pour les jeunes, on va développer du jour au lendemain cette tant nécessaire conscience écologique afin de sauver Maurice et la planète. Pour vous investisseurs, nous avons un certificat de compétence du FMI, ou un Rama Sithanen ou un Reza Uteem pour défendre bec et ongles le secteur offshore face à ces pays africains si jaloux de nous.

Le Divali devient le prétexte pour parler d’ombre et de lumière et sa gamme de contrastes. Le consensus selon lequel les fêtes religieuses ne doivent pas servir de caisses de savon a volé depuis longtemps en éclats. L’an dernier, à pareille époque, le ministre mentor, affirmait qu’il «pissait» sur des journalistes, avant de lancer à nos frères et soeurs rodriguais : «Ki mo finn vinn la pou bengn zot mwa ?!» Cette année, réalisant de plus en plus qu’une défaite n’est plus à écarter, il a repris ses esprits et est devenu moins insultant. SVP, ne ‘coupez-tranchez’ pas, plaide-t-il. L’électorat, selon lui, doit faire confiance à son fils et voter bloc – quel que soit le candidat choisi ! Ce discours condescendant à un peuple de plus en plus éclairé (grâce à Internet et non pas la MBC) passe moins bien qu’auparavant...

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La non-réédition du Constitution (Declaration of Community) (Temporary Provisions) Bill de 2014 illustre toute la complexité d’une lutte noble dans un État qui continue sa sinueuse route de décolonisation et de décommunalisation, 51 ans après son indépendance.

Pourtant, en 1982, quand le MMM avait mis fin à la pratique de recensement communal, dont l’objectif était d’enfermer les Mauriciens dans quatre cases communautaires, on nourrissait un espoir de voir s’émanciper ce fameux «enn sel lepep, enn sel nasion». À l’époque, dynamisés par un retentissant 60-0, nombre de jeunes poussaient pour l’élimination pure et simple du «Best Loser System» (BLS). Mais, pragmatique, et ayant lui-même trouvé refuge derrière le paravent d’Anerood Jugnauth, Paul Bérenger a freiné cet élan populaire, en expliquant aux militants que le MMM n’avait pas le mandat pour amender la Constitution afin de nous débarrasser du BLS.

Placé au coeur de notre système électoral dans un autre temps, à un autre contexte, où il fallait surtout garantir la représentativité de toutes les composantes de la communauté, le BLS a joué son jeu communal, au fil des décennies. Certes, certains ont profité de ce système perverti mais, bon gré mal gré, il a accompli sa mission. Aujourd’hui, avec le métissage de nos enfants et l’ouverture des esprits, il a perdu sa raison d’être. D’ailleurs, les calculs pour préserver les huit sièges additionnels divisent profondément. Et s’il semble y avoir une majorité qui s’accorde à dire que le BLS est dépassé, on constate aussi l’immortalité de réflexes passéistes, au sein de pratiquement tous les partis politiques présents au Parlement. D’aucuns s’y accrochent encore, comme agrippés à une nostalgie dynastique, à une consanguinité d’un autre âge.

Le récent décret présidentiel - le GN 185/2019 sous l’article 20 de l’Interpretation and General Clauses Act - a fait que certains Blok 104 n’affichent aujourd’hui aucune honte à déclarer leur communauté ou à se muer en population générale. Cela s’apparente à se ranger des deux côtés de l’histoire en même temps ou, comme dirait l’autre, à «manz banan dan de bout».

Sur le plan historique toujours, comment ne pas revenir en 2005, quand Rezistans ek Alternativ, un groupe de citoyens – en dehors du mainstream politique mais connecté aux réalités changeantes de notre nation – a commencé son combat juridique pour décommunaliser le jeu électoral local. La justice mauricienne a été saisie. Le Privy Council aussi. Mais il a fallu un ruling des Nations unies, en juillet 2012, pour que le gouvernement réagisse, pour qu’on essaie, enfin, ce toilettage obligé de notre Constitution, comme un compromis face à un destin forcé. Tous ces efforts dépensés pour déboucher sur une solution temporaire, provisoire, interlocutoire, transitoire en 2014 - et puis ce recul en 2019 ! La fameuse «fully fledged» réforme électorale demeurera dans les calendes grecques tant que les mêmes vont peupler le Parlement avec leurs visières et leurs intérêts personnels.