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#J-12 Sur une fournaise

26 octobre 2019, 07:21

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De passage à La Réunion, Emmanuel Macron, en l’espace de deux jours, a surtout rallumé le feu des émeutiers. Malgré toute la com qui caractérise son mouvement, la visite présidentielle n’a pas convaincu grand monde sur la question de la vie chère, encore moins sur celle de l’emploi (140 000 demandeurs d’emploi recensés cette année à l’île soeur). Les mesurettes et annonces réchauffées n’ont pas eu l’effet escompté parmi la communauté des affaires non plus, comme nous l’a confié plus d’un homme d’affaires, qu’on a rencontrés, ici, hier.

Si l’accueil a été explosif dès l’aéroport malgré l’impressionnant dispositif de sécurité, cela n’a pas entamé l’ardeur de Macron. Comme à Mayotte, en début de semaine, le président français est venu à La Réunion délivrer un même message simple en apparence : «Loin des yeux, mais tout proche du coeur ; la République ne vous oublie pas.»

«Sauf qu’ici, le chômage, la cherté de la vie, les inégalités sociales, la crise du logement, les violences intra-familiales et conjugales, l’insécurité économique ont de quoi plomber sérieusement l’ambiance, et le moral des acteurs locaux, en même temps que celui du peuple réunionnais», relève Patrick Planchenaut, Directeur de rédaction du Quotidien de La Réunion et de l’océan Indien. Les photos de David Chane qu’il a bien voulu partager (voir en page 5) avec nos lecteurs démontrent la colère sourde des Réunionnais face au symbole français ; la concession Peugeot, fleuron de l’industrie française, a été incendiée et une vingtaine de voitures brûlées par des jeunes chômeurs qui ont voulu profiter du passage de Macron et des médias internationaux afin de crier leur révolte, et de se faire voir et entendre.

La situation sociale devient catastrophique, avançaient les forces vives citoyennes bien avant l’arrivée dans l’île de Macron. Il y a manifestement un décalage entre les attentes de la population et les actions du gouvernement. Contrairement aux politiciens mauriciens qui promettent le ciel uniquement pour se faire élire, Macron a tenté un discours responsable, réalisant qu’il est sur la corde raide sur plusieurs dossiers économiques. Face au chômage endémique par exemple, les 12 000 emplois qui doivent être créés jusqu’en 2022, des «emplois francs», des exonérations de charges, des primes d’incitation à l’embauche sont des tentatives de désamorcer la bombe. Mais cela vient trop tard. Les Réunionnais veulent des réponses rapides et efficaces et ne se contentent plus des promesses.

À La Réunion comme à Maurice, le peuple, dans sa majorité, ne croit plus vraiment aux dirigeants politiques. C’est du reste ce qui avait donné lieu au mouvement des gilets jaunes. Nos confrères réunionnais notent aussi «une méfiance concernant tout ce qui ressemble à de la communication. Un peu à l’image de ce bain de foule d’Emmanuel Macron (faussement) improvisé, hors agenda présidentiel, jeudi matin, dans le quartier populaire des Camélias, à Saint-Denis».

 

À Maurice, l’équipe de com de Pravind Jugnauth, qui s’inspire beaucoup de Macron, gagnerait à ne pas tout scénariser, surtout en cette campagne électorale. Pravind Jugnauth à la tyrolienne n’a pas convaincu grand monde que le fils de SAJ est devenu Tarzan. Pravind Jugnauth en peintre du dimanche, gauchement ganté, est aussi une farce. Le peuple est devenu critique et ne prend plus des vessies pour des lanternes. Ceci s’applique aussi à Ramgoolam et à Bérenger. Il est temps qu’ils nous disent franchement qu’ils sont les seuls qui profitent vraiment du système électoral inique – c’est pour cela qu’ils imposent qui ils veulent sur leur liste. Le jour où Maurice s’embrasera comme La Réunion n’est peut-être plus aussi loin que cela… À force de jouer avec le feu, comme Macron à La Réunion, on finit par se brûler !