Publicité
#J-1 L’un a rugi, l’autre a rougi. Le troisième a «twit» ?
Par
Partager cet article
#J-1 L’un a rugi, l’autre a rougi. Le troisième a «twit» ?
Navin Ramgoolam aura été le seul leader à prendre un risque, calculé ?, hier, J-2, en prenant place sur le ring de l’express pour répondre à nos questions sans concession. Le moindre faux pas, face à Axcel Chenney, aurait pu lui nuire. Paul Bérenger, lui, a préféré se la jouer cool et safe. «Par pure stratégie», ajoute-t-il, comme pour s’excuser. Ce n’est plus le Bérenger qui vous raccroche au nez car ne nous appréciant pas. Il se souvient, sans doute, que son parti, à la veille du scrutin de 1987, s’était grandement planté avec une interview de Prem Nababsing à l’express, le 29 août de cette année électorale.
Nababsing, Premier ministre désigné du MMM, parlant d’une éventuelle réforme constitutionnelle, assura que Paul Bérenger sera le président de la République. Mais surtout, que le président pourrait contester les décisions du Premier ministre et assister aux délibérations du Cabinet. Cela provoqua une réaction de sir Anerood Jugnauth, PM sortant, qui souligna vivement que le MMM remettait le modèle westminstérien en question. SAJ fila à la MBC, fit une déclaration à la nation sur ce point et plongea le MMM dans une controverse dont il se serait bien passé. Cela a peut-être coûté la victoire au MMM lors des élections générales de 1987.
Aujourd’hui, Paul Bérenger préfère, sans doute, que l’on retienne les images de sa bonne foule réunie à Port-Louis, dimanche. Quant à Pravind Jugnauth, il n’a pas répondu favorablement à notre invitation (pour ne pas changer), optant pour des plateaux plus complaisants et moins rentre-dedans.
Le temps file, comme certains prennent l’avion, et une législature a déjà pris fin. Certains vont partir, d’autres vont revenir. En 2014, Ramgoolam ne nous aimait pas. Son partenaire d’alors, Paul Bérenger, non plus. En revanche, les Jugnauth saluaient notre courage journalistique face au pouvoir d’alors. Cela a bien changé depuis. Et Ramgoolam, privé de la MBC et de titres complaisants, réalise l’importance d’un contre-pouvoir de poids, crédible et indépendant. D’ailleurs, il a pulvérisé, hier, le record d’audience sur Facebook live.
Posé, calme, serein, souriant, le leader travailliste n’a montré aucun signe d’angoisse et s’est dit confiant d’une large victoire ce vendredi – ce qui le mettrait à l’abri d’une coalition post-gouvernementale. Il a dévoilé le nom du futur président de la République (en cas de victoire) : sir Hamid Moollan, QC. Un nom qui vient se mesurer au choix du MMM (Prof. Swalay Kasenally).
***
Il n’est pas venu y répondre, mais ses questions sont là. M. Pravind Jugnauth, on entend souvent parler du terme «mafia» dans les attaques contre le gouvernement sortant. On voulait précisément vous demander votre appréciation du terme. La mafia s’applique-t-elle à une histoire de grosses commissions, comme dans le cas de ces trois ministres qui auraient séquestré, un soir du 16 février 2015, deux représentants d’une firme étrangère (Dufry) au domicile de l’ex-Attorney General – avec l’aide de Rakesh Gooljaury ? Au sein du gouvernement Lepep, y avait-il un membre du KGB qui essayait de descendre son rival qui tentait de contracter un emprunt de la banque du gouvernement pour spéculer sur l’or (le fameux épisode Euroloan, en date de mars 2015) ? Au pouvoir depuis fin 2014, Lepep a-t-il trahi la confiance de tous ceux qui pensaient qu’il y aurait une Freedom of Information Act et une MBC indépendante ? Et un gouvernement qui accumule des rapports à cacher – par exemple ceux sur Sumputh et Choomka – commet-il un acte mafieux ?
La police et l’ICAC devraient-elles être aux mains du gouvernement ? Pourquoi ceux perçus comme les adversaires du pouvoir, dont nous journalistes, sont harcelés par des officiers zélés alors que des proches du pouvoir (comme Yerrigadoo, Hanoomanjee, Lutchmeenaraidoo, Choomka, Sumputh, etc...) sont, eux, sans tracas. Mafia d’État ?
Et quid du fait que des proches du pouvoir se soient rapprochés de l’Angolais Álvaro Sobrinho, qui avait des cartes de crédit et des Jaguar à distribuer, et des milliards d’origines assez douteuses ? Outre Sobrinho, y aurait-il pas mal de secrets entre les deals faits avec des Chinois et des Indiens, autour des terres et de gros projets d’infrastructure ?
Quand un Showkutally Soodhun, après avoir été condamné pour le saccage des locaux de La Sentinelle, à Port-Louis, menace d’utiliser le revolver de son garde du corps contre le leader de l’opposition, est-il digne d’être un ambassadeur ?
Quand, en 2015 toujours, Pravind Jugnauth envoie son émissaire, Sattar Hajee Abdoula, pour négocier à Paris avec Dawood Rawat (le bailleur de fonds de Navin Ramgoolam/PTr, MMM et MSM, entre autres), n’est-ce pas un jeu d’influence, une forme de chantage ? Quand ce même Sattar Hajee Abdoula, qui appelle Pravind Jugnauth «boss», fait partie de la commission d’enquête Britam pour écouter l’ancien allié Roshi Bhadain, n’est-ce pas planifié comme on le fait dans la mafia ? L’aide de l’État à Maradiva, ou le coup de pouce, à travers le Film Rebate Scheme à Serenity, c’est de l’entraide patriotique ?
Rappel; selon l’article 416 du code pénal italien, l’association de type mafieux concerne «ceux qui se servent de la force d’intimidation résultant du lien associatif ou filial et de l’état d’assujettissement et d’omerta qui en découlent, pour commettre des délits, acquérir de manière directe ou indirecte la gestion ou le contrôle des activités économiques, des concessions, des autorisations, des marchés et des services publics, pour obtenir des profits ou des avantages injustifiés en leur faveur ou en faveur d’autrui, ou encore pour empêcher ou entraver le libre exercice du vote...»
Publicité
Les plus récents